Le jeu vidéo a toujours été un loisir qui réunit les joueurs de tous types et de tous horizons : peu importe l’âge, l’origine ou la langue. Mais qu’en est-il des joueurs handicapés ? Est-ce que notre loisir préféré s’adapte à ce public de plus en plus nombreux ?
Qu’on se le dise les joueurs handicapés existent et sont de plus en plus nombreux. Pourtant, le jeu vidéo n’est pas, de prime abord, une activité adapté à tous les handicaps. On ne vous apprendra rien en vous disant que le jeu vidéo est un loisir qui requiert très souvent l’utilisation de nos mains. Que ce soit pour tenir un pad, une Wii-mote ou gérer le duo clavier-souris, nos paluches sont énormément sollicitées.
Un paraplégique pourra aisément jouer comme n’importe qui, ses bras étant toujours fonctionnels. Certes, il ne pourra pas enchainer les parties de Dance Dance Revolution sur borne arcade mais il pourra profiter de la majorité des jeux disponibles sur le marché. Mais qu’en est-il de ceux qui ne peuvent se servir que dune seule main, voire d’aucune ?
Le souci majeur qu’affronte les gens atteints de ce genre handicap est la multiplication des boutons (non, ce n’est pas la faute de Jésus !). Si les jeux old-school n’utilisaient généralement que la croix directionnelle et 2 voire 3 boutons, les jeux actuels en exploitent bien plus (regardez un peu votre manette Playstation ou Xbox pour voir) Et si on balance les claviers dans la mêlée, c’est la fête du slip !
Heureusement on peut compter sur des initiatives de développeurs indépendants pour faciliter l’accès aux jeux vidéo pour tous. On se rappelle le fameux Quadstick, projet de «manette» permettant de jouer avec la bouche, idéal pour les gens atteints de tétraplégie par exemple. Un projet qui s’est d’ailleurs appuyé sur la communauté des gamers via le financement participatif, le projet étant l’un des nombreux succès de la plateforme Kickstarter. Ou encore le GT3D, permettant, grâce à des capteurs situés au niveau des yeux, de jouer sans toucher à une manette. En parlant de ce genre de technologie, on pensera inévitablement à l’Oculus Rift qui ouvrira sans doute des possibilités pour les joueurs, handicapés ou non.
Plus récemment, Ben Heck, célèbre créateur de consoles moddées s’est attelé à la construction dune manette PS4 adaptée pour le jeu à une main. Il avait réussi la même prouesse avec une manette Xbox One, à la demande d’un vétéran de la Guerre d’Irak qui avait perdu un bras. Ben Heck avait reversé les bénéfices à The Ablegamers Society, une association américaine qui met en avant l’adaptation des jeux vidéo aux personnes handicapées.
Mais si l’on parle des handicaps «moteurs», qu’en est-il de ceux qui s’attaquent à 2 de nos sens les plus précieux : l’ouïe et la vue ?
Concernant la surdité, il faut bien avouer quil y a eu quelques progrès. De plus en plus de jeux offrent une option permettant d’activer des sous-titres, facilitant la vie des joueurs sourds ou non. Malheureusement, si ces sous-titres sont très pratiques, ils ne sont pas toujours adaptés à un public atteint de surdité. En effet, il existe des sous-titres pour sourds et malentendants qui retranscrivent non seulement les dialogues mais aussi les bruits et lambiance musicale et ces derniers sont encore trop peu présents dans les jeux actuels.
Pour les non-voyants, le problème est un peu plus complexe. Le jeu vidéo est, par essence, un loisir très visuel et force est de constater qu’il n’est pas simple d’adapter les jeux vidéo au public mal ou non-voyant. Il faut encore une fois regarder du côté des développeurs indépendants qui ont développé plusieurs jeux «audios» pour ce public particulier ( Kaze No Regret, Alien Outback, Shades of Doom,etc.).Car du côté des jeux «mainstream» , il y a très peu d’initiative de prise, voire aucune. Ce qui n’empêche pas certains non-voyants de jouer. C’est le cas de Brice Mellen, un gamer américain aveugle très skillé aux jeux de combats et qui, malgré son handicap, fout des tannées à bon nombres de joueurs (y compris les développeurs de Mortal Kombat !). Comment fait-il ? Et bien en prêtant attention aux sons : ceux des jeux et de la manette adverse. Le tout, associé à une connaissance parfaite des combos du jeu, fait que Brice est capable de foutre la misère à bon nombres de joueurs voyants !
Comme vous le voyez, la route est encore longue pour que les jeux vidéo soient accessibles à tous. Il faut malheureusement reconnaître que, si des initiatives du côté des développeurs indépendants se font nombreuses, les gros éditeurs se révèlent moins bons élèves . Nintendo avait pourtant fait une timide tentative dans les années 80 avec le « Hands-Free » un système permettant de jouer sans les mains aux jeux NES. Dommage que cette volonté de rendre les jeux accessibles aux handicapés n’ait pas pris (chez Nintendo ou les autres grands noms du secteur). L’industrie du jeu vidéo a encore des efforts à fournir dans ce domaine et on croise les doigts pour qu’elle s’inspire des projets indépendants. L’avenir est devant nous…
Mais, handicapés ou non, on peut compter sur les gamers, qui trouveront toujours le moyen de s’amuser peu importe les obstacles!!
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