Le Roi des Monstres est à l’honneur cette fois encore, puisqu’il s’agira du second livre qui lui est consacré chez PXLBBQ. Après le roman fondateur de Shigeru Kayama, voici une rétrospective complète de Godzilla parue chez Third Editions et écrite par Nicolas Deneschau et Thomas Giorgetti.
Le premier est un passionné de Kaiju-Eiga qui a notamment contribué au site Cinegenre.net avant de traîner sa plume sur le site Merlanfrit, tandis que le second décortique les adaptations cinématographiques de comics sur Geekzone.fr et le podcast Les Clairvoyants, tout en vouant un culte au Roi des Monstres.
Deux passionnés donc – comme toujours chez Third Editions – qui vont retracer non seulement l’histoire du grand lézard (enfin, des grands lézards) mais aussi des personnes qui lui ont donné vie sous tous les aspects. Réalisateurs, scénaristes, mais aussi ces personnes de l’ombre que l’on devine frustrée par la destruction de leurs maquettes et celles qui risquent littéralement leur vie en endossant le costume du monstre.
Pour ma part, le premier contact réel avec un film de Godzilla s’est fait en pleine nuit, alors que Frédéric Mitterrand présentait une émission nocturne dédiée au cinéma, et qu’il mettait cette nuit-là à l’honneur “Godzilla contre Mothra” ou “Mothra, en bonne mite errante – excusez du jeu de mot – se réveillait pour faire face à la menace Battra venue de l’espace”. Une introduction plutôt simpliste qui occultait totalement le pourquoi du choix de Mothra pour ce long métrage, l’image de la femme revue et même l’influence d’un certain archéologue beau gosse de l’époque adepte du fouet. La petite chanson des Shobijin trotte d’ailleurs encore régulièrement dans mon crâne depuis.
Dans ce livre, Godzilla est décrit comme un témoin de son temps à travers les 3 ères japonaises qui englobent 50 années de films, jusqu’à un Final Wars en totale roue libre mais ô combien réjouissant, en passant par les errements de Minilla, les quelques pas de danse de Godzilla et l‘adaptation américaine déroutante de Roland Emmerich.
Attention cependant, il ne faut pas occulter que Godzilla est un genre de catharsis du traumatisme nucléaire subi par le Japon lors de la seconde guerre mondiale. Un état de fait que l’introduction du livre mettra un point d’honneur à rappeler d’une manière on ne peut plus directe.
Si l’on a exploré brièvement la naissance du film dans notre précédente fiche de lecture (l’idée de nos fiches n’est pas de vous résumer le livre tout de même, sinon, à quoi bon le lire ?), les deux auteurs reviennent ici sur chaque film et chaque défi rencontrés pour faire perdurer la franchise à travers les époques. Des défis techniques d’abord, puisqu’il faut dès les années 50, créer un monstre gigantesque qui doit terrifier des populations et détruire des villes entières.
A grand renfort de maquettes, de bassins et de costumes impressionnants (qui mettaient en danger la vie des acteurs, à tel point qu’un code gestuel resté en vigueur pendant 50 ans permettait de savoir si l’acteur avait besoin d’aide ou même s’ il était en danger de mort !), le Japon a tour à tour accueilli le plus terrifiant et indestructible des monstres, mais aussi parfois son sauveur providentiel. Né des essais nucléaires, Godzilla n’a été que le premier et le plus terrible des monstres de la franchise.
Le livre revient non seulement sur chaque film, mais aussi sur sa signification à l’époque de sa sortie, les messages de chaque métrage, les envies de chacun de ses réalisateur, leur place et les thèmes qu’ils ont voulu mettre en avant, ses thématiques plus profondes (et non, il n’y en a pas dans Final Wars, qui a sonné le glas de la production après sa sortie), notamment la place qu’occupe le film Godzilla, Mothra & King Ghidorah dans la reconnaissance du Japon de ses actes lors de la seconde guerre mondiale en faisant du lézard une créature animée par les victimes de la guerre. Un film plus profond et politique qu’il n’y paraît au premier abord.
Je suis à peu près certain que la lecture de cet ouvrage va vous donner envie de replonger dans la plupart des œuvres mettant en scène Godzilla (pas le film américain de 1998, faut pas pousser non plus) pour y voir un peu plus qu’un gars dans un costume qui détruit des maquettes.
Remise dans le contexte de leur époque respective, chaque apparition de Godzilla a du sens, qui jusqu’ici n’était révélé qu’aux plus dévoués des fans. Cet ouvrage est un travail de passionnés qui montrent du plaisir à partager ces connaissances et cette passion. A l’heure où Godzilla revient au-devant de la scène à travers le Monsterverse (notamment avec King Kong à qui il doit une partie de ses origines), difficile de bouder son plaisir et de mettre du sens à ce qui ne semble être que du grand spectacle.
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