Pour ceux qui ne le sauraient pas, Eiyuu Senki est à la base un jeu PC pour adulte de type “Harem” dans lequel un unique protagoniste masculin tombé du ciel se tape tous les grands conquérants de l’Histoire, transformés en femmes pour l’occasion dans une improbable conquête du monde.
Et nous ne sommes pas ici dans un VNovel gentillet pleins de bisous-bisous et de frôlements de main pudiques, mais bien dans PEGI+18 à éloigner des regards enfantins (une rapide recherche Google pourra vous éclairer). De quoi limiter l’audience hors de l’archipel vous en conviendrez.
Et bien qu’à cela ne tienne, Fruitbat Factory vient de localiser ce titre sur PS3 (oui-oui), l’épurant de tout visuels tendancieux pour n’en conserver que l’aspect VNovel tout juste coquin, mettant en valeur autant les atours des grandes figures de l’Histoire que l’aspect stratégique des combats.
Et vous savez quoi ? Ça fonctionne.
Princesse Himiko
Pour déterminer qu’un jeu “pour adulte” est valable, on essaye de faire abstraction de sa composante adulte et de voir si le reste tient toujours autant sans cette dose de fan-service facile. Souvent, pour les jeux japonais, ça ne fonctionne pas trop mal (à l’image de Monster Monpiece ou plus récemment Dungeon Travelers 2). Comme les ¾ du travail en ce sens a déjà été fait par Fruitbat Factoy, il est plus facile de déterminer si Eiyuu Senki reste un bon jeu ou non.
Que ceux que la lecture en anglais répugne quittent cette critique, car il s’agit ici d’avaler des quantité incroyable de textes narrant l’arrivée du Serviteur des Cieux dans le monde d’Eiyuu Senki, un humain comme vous et moi arrivé on ne sait comment pile au bon moment pour sauver la princesse Himiko d’une mort certaine, tandis que cette dernière tentait d’échaper à une ambuscade tendue par sa rivale Nobunaga… Il faut dire qu’Himiko est une bien piètre dirigeante, fonçant tête baissée dans les pièges les plus gros au grand dam de son armée. Elle a pourtant eu la vision d’une catastrophe imminente susceptible de plonger le monde dans le plus grand chaos et n’a de cesse depuis d’essayer d’unifier le monde sous sa bannière. C’est bien mal parti, puisqu’elle est incapable de conquérir une seule ville… Votre protagoniste (que vous pouvez nommer à votre convenance) va donc tenter de l’aider dans sa quête d’unification, en commençant par le royaume de Zipang…
Après une très – très – longue introduction vous menant à la tête de l’armée de Zipang, dirigeant les héros de l’île, vous serez enfin libre de déclarer (poliment) la guerre à la Mongolie, l’Inde ou la Chine (évitez les 3 à la fois, hein… ) et de partir à la conquête de chaque ville avant de rallier les héros de cette nation sous votre bannière. Et des héros, il y en a à la pelle, dans un foutoir aussi anachronique que jouissif, citant en vrac la Reine Arthur et ses Chevaliers, Napoleon, Marco Polo, Merlin, Kublai Khan, Jeanne d’Arc, Hannibal, Geronimo, César ou Billy The Kid pour un total de 70 recrues divisées en 120 villes et différentes classes comprenant guerriers, mages, tireurs… chacun étant avantagé face à une classe et désavantagé contre une autre. Les combats se décide donc souvent grâce au nombre de de protagonistes engagés, mais rapidement, il faut apprendre à gérer ses classes au mieux afin d’obtenir un maximum d’avantages en combats et économiser des forces. Car il n’est pas dit que vos ennemis vont vous attendre…
Tour par tour
Car une fois la guerre déclarée, vous aurez au départ 2 actions possibles par tour pour conquérir les villes et vous défendre. A votre tour, vous pourrez utiliser vos personnages pour accomplir des quêtes visant à augmenter vos ressources (utiles pour remplacer les soldats des vos armées à chaque tour, qui sont l’équivalent de vos points de vie), votre affinité avec l’une ou l’autre héroïne en vue de leur apprendre de nouvelles compétences, ou de partir conquérir une ville. Chacune de ces actions “consomme” un ou plusieurs héros de votre armée (en tenant compte de leurs compétences respectives), et ces héros ne redeviendront disponibles qu’au tour suivant. Si au départ, la gestion des héros ne représente aucun casse-tête, il faut bien vite apprendre à ne pas être trop gourmand et n’envoyer à la conquête des villes que le moins de héros possibles, en les sélectionnant intelligemment. Car à la fin de vos deux actions, la nation ennemie pourra tenter de reprendre le contrôle d’une ville capturée, et si il n’y a plus personne de disponible sous votre bannière pour les contrer, il vous faudra repartir à la conquête de cette ville, avec des ennemis cependant un peu moins puissants. Et si par malheur, la ville visée par vos ennemis est contiguë à deux autres cités ennemies, ce sont souvent deux attaques consécutives qu’il faut essuyer. Car à son tour, l’ennemi ne peut très bien ne rien faire également.
Le système de sauvegarde est alors des plus important, la possibilité étant donnée de sauvegarder sa partie à n’importe quel moment, tant que vous ne vous trouvez pas en combat.
Il faut très vite donc apprendre à gérer son équipe, prévoir les éventuels coups adverse et garder en réserve quelques protagonistes équilibrés aptes à défendre vos territoires.
VNovel de la paix
Mais tout ceci est sans compter les très – très – nombreuses cut-scenes fixes qui jalonnent l’aventure, vous montrant les plaisirs gustatifs de Lancelot, les nouveaux achats de Nobunaga “via un service par correspondance très efficace” nommé Amasson (véridique), les interventions ennemies vous permettant de mieux les connaître ou les attaques inopinées de bandits et pirates. Et pour être honnête, une bien grosse partie de ces dialogues ne sont pas utiles au jeu, si ce n’est pour vous faire connaître les différentes personnalités de vos comparses, qui n’ont de cesse de vous admirer et de vous désirer, acceptant toutes vos décisions à coup de “Grand Frère” ou de “Serviteur des Cieux”. Pourtant, à force, on apprend à apprécier certaines protagonistes, à rire de certaines répliques et de vouloir en apprendre encore plus. On arrive vite à repérer les dialogues importants de ceux purement “cosmétiques”, gagnant donc pas mal de temps, même si tous sont intégralement doublés en japonais. Visuellement, ça ne casse pas 42 pixels à un écran, mais c’est coloré et quelques effets spéciaux viennent relever les phases de combat.
Ces dernières se déroulent sur un damier, avec votre équipe de 6 maximum sur la gauche, les ennemis sur la droite. Le placement est fondamental, car chaque protagoniste possède sa zone de frappe, et les déplacements coûte un tour d’action. Les dégâts atteignant très rapidement des nombres impressionnants en raison des faiblesses/résistance de chaque classe et des coups critiques, perdre un tour est un choix qui peut s’avérer décisif sur les combats les plus complexes. Un tour d’action peut être alloué également pour faire avancer toute l’équipe d’une case vers l’avant afin de se rapprocher de l’ennemi. A chaque fois qu’un personnage a réalisé une action, une jauge se remplit dans chaque camp, et chaque jauge remplie alloue une étoile, indispensable pour utiliser les coups spéciaux des protagonistes, comme soigner un allié ou frapper plusieurs cases à la fois, voire baisser les statistiques ennemies ou augmenter les siennes. Cette jauge étant commune à toute l’équipe, des choix doivent être faits entre soigner un héros mal en point ou tenter d’abréger le combat à coup de technique dévastatrice, sous réserve de perdre l’un de vos héros (et de payer assez cher la reconstitution complète de son armée). En cas de défaite, il vous sera proposé de revenir à la période précédente, d’abandonner la ville ou de recharger une sauvegarde. Donc la défaite est plutôt peu frustrante et permet de se relancer rapidement dans la bataille en affinant vos stratégies. Si la gestion de l’équipement est absente, vous pourrez toutefois récupérer quelques artefacts à équiper, augmentant les dommages, la vitesse ou les coups critiques, les objets obtenus après avoir conquis un pays entier étant plus intéressants, mais leur acquisition a aussi pour effet d’augmenter la puissance des autres nations.
Conclusion.
Bien que trop long à montrer son potentiel, Eiyuu Senki The World Conquest s’avère être un titre plutôt plaisant à parcourir, avec énormément d’humour et de dialogues tournant sous la ceinture, mais – censure aidant – le tout étant plutôt bon enfant. On s’est étonné de la plateforme de sortie, ce style de jeu étant plus efficace sur une console nomade, et même si techniquement, le titre pourrait tourner sur 16bits, il propose un système de jeu accrocheur, même si il met un peu de temps à se dévoiler entièrement. Jeu de niche par excellence, Eiyuu Senki The World Conquest ne plaira qu’à ceux déjà conquis par les VNovel et les jeux de stratégie barrés. Autant dire pas grand monde à part nous – et c’est bien dommage !
Eiyuu Senki The World Conquest
- Développeurs Tenco
- Type VNovel stratégique
- Support PS3
- Sortie 12 Novembre 2015
Y’a bon!
- C’est joli
- La censure est justifiée et bien faite
- Système de combat simple mais complet
- Le WTF complet du pitch de base
Beuargh!
- Ça cause beaucoup pour pas dire grand chose
- Une introduction beaucoup trop longue
- Techniquement trop simple pour son support ?
- Pas de version Vita ?
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