Dans cette critique, je vais vous parler de Ni No Kuni, le film, sorti en salles au Japon le 23 août dernier et disponible sur Netflix chez nous depuis le 16 janvier 2020.
Il est d’abord important de souligner que ce film Ni No Kuni n’est pas une adaptation des jeux vidéo du même nom. Le titre a été produit par Warner Bros. Japon, Level-5 (les développeurs des jeux Ni No Kuni) ainsi que le studio d’animation OLM. Ce derniers est le studio Japonais derrière certains films Pokémon, Yokai Watch, Berserk ou encore Inazuma Eleven GO.
Attention, il risque d’y avoir des spoilers. Je vous invite donc à regarder le film avant de continuer votre lecture.
L’histoire se déroule tout d’abord dans un univers semblable au nôtre où nous allons suivre Yu, Kotona et Haru. Ces derniers frôleront la mort avant de se retrouver transporté dans l’univers de Ni No Kuni. Yu et Haru devront partir à la recherche de Kotona qui est porté disparue. Nous allons suivre leurs aventures entre les univers, et découvrir leurs rôles dans tout ça.
Niveau scénario ?
Le souci principal du scénario est le côté cliché qui s’en dégage. Les personnages sont classiques, la princesse est un peu rebelle et rêve d’aventure, le méchant s’enfuit dans un éclat de rire diabolique, etc. La forme est vraiment clichée.
Cependant, l’idée de voyage entre les univers est intéressante et l’effet miroir de ceux-ci apporte pas mal de questionnements. Cet aspect aide à rester captivé par le scénario malgré des retournements de situations assez classiques et prévisibles. Le tout reste au final cohérent avec un dénouement qui m’a paru original et logique.
Parlons des personnages
Yu et Haru sont les deux principaux protagonistes du film et sont présentés comme deux meilleurs amis. Toutefois, au fur et à mesure de l’histoire, ils seront tantôt amis et tantôt rivaux pour finir sur une fin bien trouvée.
Yu est le personnage principal et est un peu trop classique. Il est bon et juste dans toutes les décisions qu’il prend. Il n’est presque jamais remis en question par personne dans ses choix, en dehors de Haru évidemment. Il est également un peu trop conscient de comment tourne ce nouvel univers qu’il est sensé découvrir.
Pour ce qui est d’Haru, l’idée de le faire changer de camp est trop bâclée. Le faire douter et prendre un mauvais choix par peur est intéressant mais pas assez développé. On aurait dû avoir plus de moments complice entre Haru et Astrid pour mieux comprendre son choix.
Kotona est l’héroïne du film. C’est la petite amie de Haru et la meilleure amie de Yu. Comme dit plus haut sa relation avec Haru aurait eu besoin de plus de développement. Mais en soi, elle est un personnage attachant dès qu’on l’aperçoit. De plus nous découvrons une sorte de double personnalité au personnage, à partir du moment où on rencontre Astrid, la princesse de l’univers parallèle. Cette dernière étant la réplique sentimentale et comportementale de Kotona, nous découvrons un personnage fort et conscient de l’impact de ses choix. Ceci la pousse à plusieurs reprises à réaliser des actions dans le but d’être la plus juste possible.
Et niveau visuel ?
Niveau univers et design, on est clairement sur du bon travail. Il y a quelques parties en 3D très bien intégrées apportant du réalisme à l’univers. De plus, que ce soit au niveau des couleurs, des environnements, des expressions ou encore de l’animation, ce Ni No Kuni reprend en grande partie la qualité et la variété que l’on pouvait trouver dans les jeux. Tout est propre et clean.
Pour ce qui est du côté sonore, les 2 jeux vidéo ont de magnifique OST, à tel point que le collector de Ni No Kuni 2 possédait un vinyle avec l’OST dessus. Ici on est toujours au même niveau de qualité. Les musiques ont été composée par Joe Hisaishi, un compositeur reconnu sur différents titres des Studio Ghibli mais également compositeur des OST des 2 jeux vidéo Ni No Kuni.
Le souci niveau sonore viendrait plus de la VF qui est peu convaincante. Les expressions des personnages sont en général trop surjouées. Malgré cela, le film est rempli de moments magiques et légers typiques des JRPG. Par exemple le premier envol de Yu en navette volante est vraiment bien réalisé et nous donne envie d’y être.
Un problème de cohérence
Selon moi, le gros problème du film est qu’il y a de trop de raccourcis/facilités scénaristiques qui rendent le tout incohérent.
Par exemple, Yu émet presque instantanément l’hypothèse qu’il est dans un monde parallèle. Il devine aussi rapidement pourquoi ils y sont arrivés et le moyen de voyager entre ce mode et le leur. Il teste assez rapidement ces hypothèses sans trop se poser plus de questions. Tout ce cheminement parait du coup trop rapide.
Yu restera constamment avec cette attitude « je sais tout / j’anticipe tout » alors qu’Haru sera toujours dans une optique d’être dans un rêve.
Il est assez dommage également que tout nous est expliqué au lieu de nous montrer progressivement. À un moment dans le film, ils ont besoin de secours médical, et ils ont avec eux une personne maîtrisant une danse permettant de soigner les gens. Au lieu que la personne se mette à danser et que l’on comprenne par conséquent que la danse est magique et soigne les gens, non il y a un des personnages qui sort une phrase comme « utilise la danse magique de soin ». Cela casse un peu la magie et la poésie.
Conclusion
L’avis de Nicolas Callu
Bien que le titre possède des points forts niveau technique, j’ai eu du mal à rester accroché. La réaction de Yu m’a fait plusieurs fois jurer sur la cohérence. L’histoire trop classique a aussi eu du mal à m’emporter. Cependant niveau technique on est clairement sur un film d’animation plus que correct proposant un univers sympathique et original. Au final, ça m’aura poussé à relancer Ni No Kuni II : L’avènement d’un nouveau royaume. Il est important de dire aussi que le film est totalement compréhensible sans aucune connaissance des jeux Ni No Kuni. L’histoire présentée ici est complète en elle-même.