Troisième et dernier segment des chroniques, Assassin’s Creed Chronicles Russia projette le joueur au début du XXème siècle, en juillet 1918 à Ekaterinbourg en Russie dans la peau de l’assassin Nikolaï Orelov devant effectuer une dernière mission (toujours celle qui tourne mal). En effet, la fameuse boîte des Précurseurs est une fois de plus à récupérer, tandis que la guerre civile ravage le pays entre les révolutionnaires bolcheviks et les tsaristes de l’armée blanche. Tout un programme…
I’m Outta Love
Set me free,and let me out this misery… pardon je m’égare. Si vous ne ne connaissez pas ce tube planétaire des années 2000, vous devez vous demander pourquoi venir placer cette référence douteuse dans une critique d’Assassin’s Creed. Et bien mon cerveau de trentenaire ne peut s’empêcher de penser à cette chanson à l’évocation du second personnage jouable de ce dernier épisode : la princesse Anastasia Romanov elle-même. Basée sur le mystère de la survie de la princesse Nikolaïvna (les historiens ne sont pas tous d’accord sur le fait qu’elle ait échappé ou non au massacre de sa famille), l’histoire de Russia nous fera incarner tour à tour la princesse et l’assassin. Mais vous vous rendrez vite compte que la demoiselle n’est pas toute seule dans sa tête et que cela est une fois de plus relié aux artefacts des Précurseurs.
Dans les deux précédents opus, Shao Jun et Arbazz disposaient de plusieurs outils, de talents de combats et des bugs Helix. Ici, le gameplay est séparé en deux approches distinctes. D’un côté nous avons Nikolaï armé d’un fusil, d’un grappin permettant d’accrocher des objets et de surcharger des panneaux électriques, ainsi que les sacro-saintes bombes fumigènes.
De l’autre, Anastasia, armée d’une seule dague et des capacités Helix lui permettant de devenir invisible, de détruire les cadavres ennemis ou de sauter rapidement d’une cache à l’autre. Bref, le premier est d’avantage taillé pour l’élimination des ennemis tandis que la seconde excelle en furtivité.
Mais n’espérez pas pouvoir vous débarrasser des ennemis si vous vous faites repérer. Croyez-moi, j’ai essayé de poignarder une quinzaine de fois un garde de face avec la baïonnette de Nikolaï sans parvenir à le mettre à terre, alors qu’il ne lui a fallu qu’un seul coup pour m’achever.
Die and retry and die and retry and…
Globalement, Russia s’impose comme le mode “Hard” de la collection. Chaque erreur sera immédiatement sanctionnée par une mort rapide, sauf à quelques moments où il est possible de jouer avec l’IA un peu idiote qui semble vous perdre de vue quand vous changez de plan, mais ne vous oublie pas pour autant. Si Shao Jun pouvait encore espérer s’en sortir sabre à la main, et Arbazz avec sa lame Helix, Nikolaï doit non seulement tuer ses adversaires en silence, méthodiquement et silencieusement, mais il doit aussi – lors de nombreux passages dédiés – protéger Anastasia de loin en éliminant la menace lors de séquences de Sniper assez éprouvantes.
Ici aussi, rater sa cible une fois ne vous laisse que peu d’espoir de réussir la séquence. Cela vaut aussi pour les passages chronométrés, où vous devez rejoindre un point précis en un temps très limité, quand il ne s’agit pas de réussir à rester sur un train en marche tout en esquivant les obstacles dans un run parfait ou en évitant les spots lumineux des gardes tout en escaladant un pont…
Heureusement, l’arsenal est en conséquence. Comme indiqué plus haut, Nikolaï disposera d’un grappin fort utile pour surcharger les panneaux électriques et plonger certaines salles dans le noir, limitant le champ de vision des nombreux ennemis, voir pour électrifier des surfaces humides (vous savez… la baignoire, Claude François, tout ça…), mais aussi utiliser les conduits d’aération pour éviter les gardes, voire utiliser les téléphones pour créer une diversion. Bref, si l’on passe sans cesse d’un personnage à l’autre, cela a pour effet de diversifier les phases de gameplay, qui – bien qu’elles soient pour la plupart d’une difficulté assez retorse – du coup gagnent en variété et en dynamisme.
Enfin, le personnage de Nikolaï est bien plus intéressant qu’Arbazz. Père et mari, réaliste et protecteur, son coeur balance entre rentrer chez les siens et profiter de la fin de sa vie tranquillement, ou parvenir à mettre la princesse survivante à l’abri, même si cela conduit à de nombreux dangers. On a d’avantage l’impression d’assister à une fuite désespérée – au diable la Boîte – qu’à une véritable quête pétrie de courage et de moments de bravoure. Non, Nikolaï tente simplement de protéger la princesse, d’avantage par conscience que par obligation, Anastasia le renvoyant immanquablement à son rôle de père.
Graphiquement, enfin, nous sommes loin de la chaleur et des aquarelles des précédents opus, le jeu adoptant un style plus industriel extrêmement réussi. Grand bravo à l’équipe artistique qui est parvenue à allier l’esthétique de l’époque et celle assimilée à “la propagande rouge” de cette période troublée. Les extérieurs sont magnifiques, le ciel adopte souvent un design anguleux, alors que les intérieurs témoignent de la richesse passée (et détruite) de l’empire de Russie. Les nombreux changements de plans, permettant de se déplacer en profondeur – merci la 2.5D – proposent les différents décors sous différentes coutures permettant d’apprécier le travail artistique tout en augmentant l’impression de liberté (impression, je dis bien, le jeu étant très linéaire).
Conclusion
Pris séparément, Russia reste un bon titre, difficile, intéressant à suivre à défaut d’être très original et ne se focalise plus réellement sur les artefacts Précurseurs pour simplement raconter l’histoire d’un homme et d’une jeune fille dans une période troublée. D’avantage présenté comme un être humain que comme une machine de guerre, Nikolaï se trouve même parfois dépendant de la princesse, qui – elle – peut également compter sur le soutien d’une ancienne âme bien connue. Pris comme le dernier segment d’une trilogie, Russia fait également sens, peaufinant son gameplay en même temps que sa narration, augmentant à chaque fois sa difficulté pour proposer un challenge qui ne repart jamais de zéro. Russia est clairement le meilleur des trois épisodes, et clôt avec brio l’histoire de ces quelques assassins que l’Histoire de la série a vite oublié.
Assassin’s Creed Chronicles Russia
- Développeurs Ubisoft
- Type Infiltration
- Support PS4, PC, XBox One, PSVita
- Sortie 09 Février 2016
Y’a bon!
- Graphiquement superbe
- Des personnages intéressants
- L’alternance des personnages
- Les bande son
Beuargh!
- Replay Value quasi nulle
- Parfois atrocement difficile
- Le doublage, quelconque
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