L’odeur du coca, le gras des chips et le dos courbaturé, tels sont les éléments indissociables du jeu de rôle entre potes, les nuits de semaine, visitant des donjons peuplés d’hommes rats, à un jet critique de l’échec. C’est presque un passage obligé dans la vie, un rite amusant et fondateur pour les joueurs que nous sommes. Mais il arrive que les choses tournent mal dans une soirée de jeu de rôle. Pour la plupart d’entre nous, il peut s’agir d’une résurrection dans un corps non-désiré ou la perte d’un artefact précieux par les caprices d’un MJ un peu jouette. Dans le cas de Daniel, les ennuis ne commencent pas autour de la table, mais quelque mètres plus loin, dans les toilettes.
Bienvenue à Harnakon
Parce que bon, voilà quoi… à force de boire, il y a bien un moment où une vessie normalement constituée à besoin de se vider un peu. Ce qui est peu commun, c’est que la lumière s’éteigne subitement et que vous vous retrouvez dans les couloirs lugubres d’un sombre château…
Daniel se retrouve donc dans un lieu inconnu, persuadé que son esprit lui joue des tours et qu’il contrôle ce monde étrange constitué de pas moins de 200 pièces. Bon, il y a tous ces monstres à dégommer et ces boss immenses mais Daniel ne panique pas. Il faut dire que quelques instants après son arrivée dans me château, un esprit noir a tenté de prendre possession de son corps, sans succès, se retrouvant alors piégé jusqu’à la mort de Daniel. Cet esprit maléfique a tout intérêt à ce que Daniel meure le plus rapidement possible, donc il est probable qu’il tente assez souvent de le pousser dans un piège mortel mais Daniel n’est pas né de la dernière pluie. Il mettra la main sur de nombreuses armes et sortilèges, conversera avec des divinités captives et autres PNJ-à-quêtes-annexes pour évoluer dans cet autre monde.
On ne va pas tortiller deux ans : UnEpic n’est certainement pas un jeu qui va faire frétiller vos rétines (cette expression est étrange…), mais il ressuscite très efficacement le style MetroidVania en offrant un immense château (et une montagne) à parcourir tout en profitant de son humour décapant et de ses clins d’oeil geeks à souhait. En effet, le jeu est blindé de références, que cela soit dans ses dialogues, dans l’apparence des PNJ rencontrés voire dans les noms des marchands. Comment ne pas sourire quand le vendeur d’arme Ubuntu et la vendeuse de sort Fedora refusent de vous faire crédit parce que rien n’est gratuit… Les dialogues entre l’esprit noir et Daniel valent aussi leur pesant d’or, le premier ayant tout intérêt à ce que le second meure rapidement. Et Daniel va mourir, assez souvent même. Il peut heureusement compter sur une divinité captive pour enregistrer sa progression au centre du dédale et sur un réseau de raccourci très utile pour explorer toutes les zones du château. Un des buts de l’aventure est aussi de rallumer toutes les torches d’Harnakon, et révéler ainsi chaque pièce sur la carte, et il est possible de zoomer/dézoomer sur chaque tableau pour avoir un aperçu de la salle et de sa disposition en une seule touche.
En terme de gameplay, Daniel va pouvoir attribuer des touches de raccourci (jusque 12 !) pour pouvoir rapidement changer d’arme, se téléporter au centre du labyrinthe ou avaler prestement une potion. Ces raccourcis sont vitaux, le temps ne s’arrêtant pas quand on entre dans l’inventaire et changer d’arme (il y en a quand même une centaine) à la volée peut s’avérer salvateur, car chaque nouvelle salle propose ses ennemis sensibles à certaines armes et plus résistants à d’autres. Les pièges sournois sont également de la partie, assez peu visibles à l’oeil nu, ils déclenchent souvent des pics sortant du plafond, des boules de feu ou des flèches empoisonnées qui vont grappiller rapidement votre jauge de vie. Le titre va pousser le vice jusqu’à placer des sangsues dans votre inventaire quand Daniel évolue dans l’eau, sangsue qu’il faut manuellement enlever sous peine de voir sa barre de vie fondre inexplicablement. Que dire aussi de ces voleurs qui apparaissent quand vous laissez traîner du loot et qu’il est possible de piéger en les appâtant avec vos objets avant de les tuer rapidement – sous peine de voir votre appât disparaître dans leur poche.
Le château recèle bon nombre de secrets et il n’est pas rare de croiser un élément dont on ignore la nature avant de comprendre quelques heures plus tard son utilité dans une quête principale ou annexe.
En terme d’évolution, Daniel glane des niveaux au fil des monstres occis, et gagne ainsi 5 points d’aptitude à répartir dans différentes compétences : épée, masse, arc à flèche, baguette magique, vie… mais avec une sérieuse limite : impossible d’attribuer plus de point dans une compétence qu’on ne compte de niveau. En somme, on ne peut pas attribuer 3 points en épée si Daniel n’est que niveau 2. Et comme les équipements – armes comme armures – dépendent de ces statistiques pour être portés, on se trouve rapidement limité dans notre build, d’autant que tout se monnaie chez les marchands.
Conclusion
Drôle, bien construit, bourré de références, ne se prenant jamais au sérieux mais doté de mécaniques très efficaces, UnEpic ne peut que ravir les amateurs de MetroidVania et de jeu de rôle. Difficile mais jamais frustrant, le jeu s’offre ici le luxe d’une version Crossbuy/CrossSave sur PS4 et PSVita, adaptant son interface aux deux supports. Le jeu n’est certes pas bien beau, mais compense efficacement par son système de jeu, ses dialogues et sa foule de références bien placées. En somme, ne passez pas à côté.
UnEpic
- Développeurs Francisco Téllez de Meneses
- Type MetroïdVania
- Support PS4, PSVita, PC, WiiU
- Sortie 30 Mars 2016
Y’a bon!
- Très bien construit et ouvert
- Des dialogues drôles et en français
- Bardé de références
- Un système de jeu bien pensé et complet
- Les voleurs
- 200 salles à visiter et des boss énormes
Beuargh!
- Graphiquement un peu décevant
- Le système d’évolution qui bride un peu le build
- Quelques fautes d’orthographe
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