Je vais être honnête : je ne suis pas un grand fan des FPS, sans doute le savez-vous déjà. Pourtant, il y a deux ou trois licences que j’apprécie pour leur côté no-brain et excessif à l’image de Doom (les originaux et la version 2016), Duke Nukem et Wolfenstein. Les pionniers du genre, serais-je tenté de dire. Après tout, que vaut un jeu à la première personne militaire réaliste en escouade face au plaisir de dézinguer des nazis ou des démons ? Un côté politiquement incorrect et pas tout à fait lisse qui fait du bien en 2019. Alors bon, quand on nous propose d’incarner les filles de B.J. Blazkowicz 20 ans plus tard dans un Paris des années 80 occupé par des nazis, comment voulez-vous que je résiste à Wolfenstein Youngblood ?

Wolfenstein First Blood, c’est lol

Paristad wird immer Paristad sein

Oui, les années 80, largement revenues à la mode ces dernières années, avec son look néon rose et ses machines improbables proches d’un Kung Fury et son humour décomplexé. Oui sauf qu’ici, il sera question d’un Paris des années 80 anxiogène, gris et terne, tombé aux mains des nazis, comme toute l’Europe, et dans lequel il faudra glaner des indices sur le père Blazkowicz, mystérieusement disparu.

Peu expérimentées, certes, mais elles apprennent vite

Il faut dire que ses filles Jess et Soph n’ont pas réellement été élevées avec les Télétubbies, ou Ma sorcière Bien-Aimée, mais entraînées dès leur plus jeune âge à trucider des adeptes du Führer “juste au cas où” et ce malgré la libération des Etats-Unis une décennie avant. Ce qui en fait deux filles au taquet sur le sujet mais sans réelle expérience de terrain. Expérience qu’elles vont obtenir en partant à la recherche de leur père à Paris et en rejoignant la Résistance dans les catacombes et en trucidant leur premier nazi en totale improvisation à coup de pelle dans le ventre et de balle faisant exploser le crâne. “Génial” s’exclame l’une avant de partir dans un fou-rire nerveux “Arrête de te marrer, j’ai de la cervelle dans la bouche” rétorque sa sœur avant de rigoler de plus belle. Au bout de 10 minutes d’exposition, le ton est donné: les sœurs sont hyper attachantes et Wolfenstein Youngblood ne va pas être une hymne à la subtilité et on l’en remercie.

Côté subtilité, c’est au niveau du level-design qu’il va falloir regarder, car le gros logo Arkane en début de partie accompagnant celui des Machinegames indique que les Français derrière les excellents Dishonored et Prey ont également officié sur le titre et cela se ressent. Les différentes zones de jeu disposent de chemins alternatifs et de différents étages qui constituent autant de manières d’aborder les niveaux, d’autant que le double-saut est accessible de base. Ces derniers sont bourrés de petits détails, comme des affiches de groupes de musique “nazifiés”, ce qui rend leur exploration toujours sympathique, même si totalement facultative.

En coopération avec un pote, Wolfenstein Youngblood est très efficace

Mais cela peut aussi fausser notre jugement quand à la manière concrète de compléter les différentes missions. En effet, si l’on évoque vaguement un côté infiltration grâce au camouflage optique, n’espérez pas vous la jouer discrète pendant votre partie, si ce n’est éventuellement tuer discrètement un commandant pour limiter les renforts. Les ennemis vous détectent rapidement – et parfois par magie – et cela dégénère bien vite en pluie de balles décérébrée – après tout on est là pour ça non ? Sauf quand on vise comme un veau à la béchamel comme moi, je vous l’accorde. Heureusement, vous pouvez compter sur votre binôme pour vous sauver les fesses en cas de danger. Enfin, presque.

En toute honnêteté, foncer dans le tas est encore la meilleure solution

Toi+Moi dégage de là

Car oui, Wolfenstein Youngblood met en scène deux sœurs, et c’est donc à deux que vous partirez à l’assaut de Paristad, en compagnie d’une IA ou d’un autre joueur. On saluera l’initiative de Bethesda de proposer un “BuddyPass” aux éditions spéciales permettant de partager le jeu avec un ami autant de fois que nécessaire pour parcourir la partie à deux, ce dernier n’ayant qu’à télécharger la démo pour vous rejoindre. Belle initiative, certes, mais aussi un moyen de contourner l’IA catastrophique de votre partenaire en solo. Si vous vous souvenez d’Ellie dans The Last of Us qui passait son temps à découvert et à courir partout, sans que cela n’ait d’impact sur la détection, ce n’est pas le cas avec votre sœurette qui se lancera à l’assaut de l’ennemi sans réfléchir, essayera de tirer dans les murs plutôt que de chercher une ligne de vue et vous laissera souvent dans la mouise, seul, étendu dans votre propre sang.

Les missions annexes dans des tunnels sombres sont tendues

Cela peut jouer à notre avantage, pensez-vous, la demeurée pouvant servir de leurre et d’éponge à balles pendant que vous contournez l’affrontement pour prendre l’ennemi à revers. Oui mais non, car une fois sa jauge vidée, elle s’effondrera sur le sol et vous n’avez que quelques secondes pour aller la relever, sous peine de perdre l’une de vos trois vies communes. On pestera alors souvent contre l’IA et on accueillera bien volontiers un joueur en drop-in efficace pour continuer l’aventure (l’occasion de se rendre compte qu’on est toujours le boulet de quelqu’un… hem…). Dommage par contre qu’aucune mécanique particulière inhérente à la coopération n’ait été imaginée, car à part proposer deux fois plus d’ennemis et des ouvertures de portes ou de caisses à deux en même temps, il n’y a que des postures pour renforcer son allié qui justifient la coopération. Les combats se veulent un peu plus tactiques aussi, puisque les ennemis disposent de jauges de vie et d’armures, contre lesquelles il conviendra d’utiliser les bonnes munitions pour en venir à bout. Idée louable en soit, mais j’ai pas envie de réfléchir dans un Wolfenstein moi !

La structure narrative est étonnamment discrète comparativement aux deux autres épisodes et le jeu se structure plutôt autour d’un hub central (les catacombes) à partir duquel vous devrez partir dans des quêtes annexes pour vous renforcer avant d’attaquer l’histoire principale de front. On revisite donc certains environnements, on dézingue des dizaines d’ennemis, le tout avec une certaine monotonie. C’est en partie dû à une recréation du Paris un peu anecdotique, car rares sont les quartiers emblématiques de la ville que l’on peut identifier. C’est gris, sombre, sale et ça vocifère dans tous les sens… ah je n’ai rien dit, c’est fidèle à Paris.

Jouer en coop’ en drop-in réserve des surprises, mais c’est globalement bien mieux qu’en solo

On effectue des missions dans le but d’améliorer son équipement et ses compétences, on revient dans les catacombes, on tente d’autres missions jusqu’à être assez forts pour passer à la suite de l’aventure et ainsi de suite. J’avoue que j’aurais préféré quelque chose de plus expéditif pour un Wolfenstein, d’autant que du coup, ça casse le rythme de la narration et l’ambiance générale en prend un coup.

Conclusion

Difficile de voir Wolfenstein Youngblood autrement que comme un spin-of, de qualité certes, mais éloigné de ce qui faisait la force de la série. On apprécie les environnements travaillés mais un peu génériques de Paris, l’évolution des personnages, les fusillades très jouissives et les personnages charismatiques à la pelle, mais tout cela est dilué dans un hub à missions annexes obligatoires et peu digestes. Néanmoins, si vous désirez vous lancer dans des missions en coopération avec un pote, Wolfenstein Youngblood est très efficace !

Wolfenstein Youngblood

  • Développeurs MachineGames / Arkane Studio
  • Type FPS Coop’
  • Support PS4, PC, Xbox One, Switch
  • Sortie 26 Juillet 2019
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Titiks

Quadra assumé, daron de 3 apprenties gameuses, fan de tout ce qui est capable de raconter une bonne histoire. Touche-à-tout, mais surtout de bonnes aventures qui savent surprendre, et dévoué à l'univers console depuis que Sega était plus fort que tout, vous me verrez bien plus souvent connecté à la nuit tombée #2AMFather.

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