Nobunaga’s Ambition Taishi est le 15ème opus de la série de simulation historique féodale nippone Nobunaga’s Ambition éditée par Koei Tecmo. Votre humble serviteur Papayou n’ayant malheureusement jamais joué à un épisode de la série s’attaque au test de ce dernier opus sur PC. N’étant pas un habitué des jeux de stratégie ou de cette licence, ne vous attendez pas à une critique très technique mais plutôt à un test réalisé sous l’angle de la découverte. Que vaut cet épisode ? En ressors-je plus instruit sur l’histoire du monde ? Réponse en fin d’article.
Guerre et pets
Commençons ce test par le célèbre haiku japonais suivant datant de l’ère sengoku illustrant de la plus belle des façons le contexte de Nobunaga’s Ambition Taishi
コルテックスさま は今夜何をしたいですか?
ミナスくん。毎晩同じこと。世界を征服しようとする
Guguru-Toran Soreto, 1538
Ce haiku du poète Guguru-Toran Soreto peut se traduire comme suit :
Cortex-sama, que fait-on ce soir ?
La même chose que tous les soirs, Minus-kun : Tenter de conquérir le monde
Google translate, 1538
Le contexte de Nobunaga’s Ambition Taishi se résume aussi simplement que ça. Le jeu est de type stratégie/simulation historique et se situe dans la période Sengoku Jidai (1467 à 1567-1603). Le but du jeu est d’entamer la conquête du Japon depuis le point de vue d’un des clans existant à une période définie. En début de partie, vous avez la liberté de choisir la période historique à laquelle vous débutez ainsi que le clan que vous voulez incarner. Ensuite, vous êtes mis face à face avec une carte du Japon montrant les différentes régions et qui les contrôle. Votre but sera d’arriver à conquérir la moitié des territoires pour sortir victorieux.
Les intérêts principaux du jeu sont multiples :
- Vous pouvez choisir parmi la multitude de clans disponibles avec lesquels vous débuterez votre conquête. Chaque clan dispose d’un territoire et de ressources de départ fidèles historiquement. Il sera donc particulièrement gratifiant de partir à la conquête du Japon avec un tout petit clan et gravir les échelons progressivement (ce qui sera pratiquement impossible si vous choisissez un clan minuscule).
- Chaque clan a ses ambitions propres. En effet, un petit clan aura peut-être pour objectif de se stabiliser économiquement alors qu’un gros clan voudra plutôt unifier le Japon. On peut donc mener campagne avec différents objectifs.
- Le jeu est divisé en une série de campagnes « narrant » un événement important de l’ère Sengoku Jidai. En début de partie, on peut choisir à partir de quelle campagne commencer. Après un certain nombre de tours représentant chacun un mois, nous arrivons à la date fatidique de l’événement historique mis en scène sous forme de « visual novel » avec des scènes sur plans fixes en 2D.
Bref, si le style de jeu vous plaît, vous en aurez pour une durée de vie quasiment infinie étant donné que vous pourrez recommencer encore et encore votre conquête du point de vue de tous les clans disponibles.
Il me reste un peu de contexte, je vous le mets ?
Un des gros problèmes de Nobunaga’s Ambition Taishi est qu’on ne va pas dire où il vous met le reste de contexte qu’on aimerait avoir par souci de politesse. En effet, après avoir choisi votre clan, on vous débarque sur la carte du monde sans aucune information additionnelle hormis le tutoriel de gameplay.
Il est particulièrement frustrant pour un joueur qui attaque ce jeu en espérant apprendre le contexte historique qu’il ne nous expliquera rien du tout sur « qui est qui ?« , « qu’est ce qu’on fait là ? » , « par où devrait-on historiquement progresser ? » , « qui a volé l’orange ? » , « pourquoi AKB48 a survécu ? » , etc … Les seuls moments où on apprend un petit quelque chose historique sont les scènes « visual novel » en 2D débarquant de nulle part une fois arrivé à une date importante. Mais encore une fois, on ne vous présente pas pour un pet les personnages ou le contexte. Du coup, on assiste à des événements dont on ne comprend quasiment rien si on ne connaît pas déjà un peu l’histoire. Comme dirait un des amis de PxlBBQ : « meh »…
Conquérir le monde ? Piece of (rice) cake !
Le gameplay de Nobunaga’s Ambition Taishi est relativement simple, ce qui va un peu à l’encontre des standards du genre « jeu de stratégie », le complexifiant et l’enrichissant toujours un peu plus.
Pas de révolution ici, on reste dans du tour par tour avec 2 phases. D’une part une phase de planification où vous donnez tous vos ordres pour le mois en cours. D’autre part, une phase où les autres factions agissent pendant laquelle vous avez tout de même la possibilité d’effectuer quelques actions.
Les possibilités d’actions et les ressources sont assez limitées, ce qui simplifie grandement le tout. A chaque tour, vous pouvez faire du commerce, de la diplomatie, des constructions ou entrer en guerre. Une fois par trimestre, vous pouvez effectuer des actions d’agriculture. Toutes ces actions impactent les quelques ressources principales du jeu : l’argent, les provisions, la population (militaire ou civile) et les « équipements » (bâtiments, armement, cavalerie).
Le commerce et la diplomatie sont probablement les actions les plus simplifiées du jeu. D’une part, le commerce vous propose à chaque tour d’effectuer une action visant à vous étendre dans une nouvelle région pour augmenter vos revenus ou d’établir un monopole dans une région afin d’éjecter les clans adverses et accaparer les ressources. D’autre part, la diplomatie vous propose à chaque tour d’envoyer un émissaire dans une province afin d’augmenter son estime envers vous contre de la monnaie sonnante et trébuchante. Chaque mois passé par un émissaire augmente votre réputation dans une province. Une fois un seuil atteint, vous pouvez entamer un accord tel un mariage, obtenir du soutien en cas d’agression ou faire une demande de ressources.
Il n’y a pas grand chose à dire sur les actions de construction. Vous pouvez construire différents bâtiments attribuant des propriétés spécifiques aux régions, telles que la production de cavalerie ou d’avoir une réserve d’eau en cas de sécheresse. Les actions d’agriculture sont par contre un peu plus complexes. Chaque trimestre, des actions bien spécifiques devront être effectuées telles que l’irrigation du sol, le choix de défricher, de planter, etc. On reçoit quelques indices sur quoi faire, mais les menus assez austères ne nous aident pas beaucoup. On a par exemple un bouton « irriguer tout » qui ne sélectionne qu’une seule province pour irrigation… Ne pas maîtriser l’agriculture est un gros risque car c’est la seule façon d’obtenir à coût raisonnable des provisions, et ce une seule fois par an. A quoi bon me direz-vous ? Et bien sans provision, votre population meurt de faim et vous n’aurez plus de soldats pour partir en guerre ! En plus, la guerre, ça creuse. Étrangement, en temps de paix, vos citoyens ont l’air de manger un grain de riz par jour alors qu’une fois en guerre, votre stock de provision diminue de plusieurs milliers d’unités par jour…
Cette version du jeu voit tout de même un ajout sympathique, un conseil où vous avez la possibilité de mettre en pratique les politiques suggérées par vos conseillers. Ceci aura pour effet de vous donner différents bonus tels qu’une meilleure résistance à la sécheresse et vous attribuera des points de compétences à utiliser pour débloquer des capacités passives utiles.
Austérité : la guerre c’est moche m’voyez
À côté de tous ces éléments de gameplay aussi interactifs que remplir votre déclaration d’impôts, on a tout de même des phases de combats « en temps réel » où vous pouvez mener fièrement vos armées (i.e. du tour par tour, mais vous contrôlez le déplacement de vos unités).
Ces phases de combats stratégiques sont plutôt réussies et relativement simples. Vous pouvez adopter différentes tactiques telles que par exemple la formation de leurre, visant à attirer les forces ennemies sur une unité en apparence isolée, mais qui sera soutenue sur les flancs par d’autres unités venant prendre l’adversaire en tenailles. Il est « relativement » simple de contrôler les unités excepté parfois pour les orienter manuellement hors d’une formation pré-définie.
Toutefois, on peut à nouveau dire que Nobunaga’s Ambition Taishi n’a pas l’ambition de rendre tout cela attrayant. On reste dans un style graphique hyper austère qui apparemment serait même encore en dessous des versions précédentes d’un point de vue technologique. En effet, il n’y aucun effort dans la modélisation des régions où l’on ne combat pas dans la représentation des unités. De plus, il n’y a pas non plus de choix stratégiques dans la production d’unités spéciales : on a droit uniquement à de la milice populaire, des soldats, montés et/ou armés de mousquets.
Conclusion
Malheureusement, Nobunaga’s Ambition Taishi n’a pas réussi à me séduire. Nous avons droit à une simulation historique, certes fidèle, mais particulièrement austère dans ses graphismes, sa mise en scène et simpliste dans ses aspects de gestion.
Les amateurs de jeux de stratégie seront certainement déçus de la simplification des mécanismes de gestion du territoire. Les curieux ou les amateurs d’histoire le seront également par le fait que le jeu n’introduit aucunement le contexte et ne narre l’histoire qu’à des moments clés via des petites scènes sur plans fixes en 2D mal introduites. Le seul intérêt à mon sens est de pouvoir vivre l’histoire du Japon depuis le point de vue d’une multitude de clans et de tenter de contrôler le territoire avec une faction qui n’avait en théorie aucune chance de succès. Comme disait Rival Duncan : Ganbatte J-Music !
Nobunaga’s Ambition Taishi
- Développeurs Koei Tecmo
- Type stratégie et simulation historique
- Support PS4, PC
- Sortie 8 juin 2018