En terme d’adaptation de super héros en jeu vidéo Marvel, on peut admettre sans se tromper que la version de Marvel’s Spider-Man 2 proposée par Insomniac trône dans le haut du panier. Tout est réuni dans cette suite pour confronter le sympathique duo formé de Peter Parker et Miles Morales à deux de leur plus grands ennemis.
Marvel’s Spider-Man 2
Supports : PS5
Genre : Aventure / Action
Date de sortie : 20 octobre 2023
Editeur : Sony
Développeur : Insomniac
Multijoueurs : Non
Même si il ne révolutionne pas la formule, Marvel’s Spider-Man 2 améliore tout ce qui pouvait l’être, offrant un blockbuster super-héroïque à la fois drôle, épique et très généreux.
- Le sentiment de liberté totale lors de l’exploration
- Quelques sous-quêtes intriguante
- Visuellement superbe
- Une certaine évolution des personnages
- Peter influencé par Venom… effrayant
- Un rythme hyper soutenu
- Une dernière partie franchement explosive
- Une structure qui évolue trop peu par rapport à Marvel’s Spider-Man et Miles Morales
- Des mini-jeux partout, pour tout
- Le triangle Peter / Harry / Miles aurait mérité un peu plus de traitement
Un chasseur sachant chasser sans symbiote et un bon chasseur
On va faire court : Si vous avez aimé le premier Marvel’s Spider-Man, vous allez adorer Marvel’s Spider-Man 2. Voilà, fin de la critique.
Ah, il faut étendre un peu ? Bien. Je ne vais certainement pas crier au génie non plus, car tout est calibré chez Insomniac pour faire un carton. Ne venez pas chercher ici quelque chose d’original, mais on se situe ici dans une belle maîtrise de ce qui fonctionnait le mieux dans l’épisode précédent : un jeu très beau, un terrain de voltige plus grand, un scénario sans réelle surprise pour les fans du Tisseur mais très bien mis en scène, des petits moments intimistes entre les personnages, des évolutions de ceux-ci, un système de déplacement encore plus grisant (oui c’est possible) et beaucoup de petits à-côtés qui s’intègrent bien au tout.
C’est la même recette, mais mieux maîtrisée, avec un peu de simplification dans la gestion des compétences et des tenues, des combats en tag-team occasionnels, une histoire qui fait intervenir plusieurs super-vilains avec de nouveaux enjeux et quelques affrontements titanesques. Globalement, donc, c’est une suite qui marche dans les traces du premier et de Miles Morales.
Décevant ou fantastique ? C’est une super production, bien fichue, mais si vus avez été hermétique au premier, vous le serez ici aussi, soyons clairs. Ce qui reste indubitable par contre, c’est que tout s’est amélioré, à commencer par la voltige. Déjà un argument de poids des premiers Spidey, le système de déplacement dans Marvel’s Spider-Man 2 ajoute une dimension supplémentaire avec la Wing-Suit – enfin, avec les petites ailettes placées sous les bras du costume. Vous pouvez alors prendre de la hauteur en vous balançant, puis déployer les ailettes pour planer à toute vitesse à travers la ville.
Libre à vous alors de piquer pour prendre de la vitesse et vous redresser au raz du sol en esquivant les voitures, ou de profiter de courant d’air pour vous propulser à travers les gratte-ciel. Le voyage rapide entre quartiers étant maintenant conditionnés au degré de complétion des quêtes annexes dans ceux-ci, on prend un sacré plaisir à voyager à toute vitesse à travers New-York, d’autant que des activités variées – allant de photos à prendre, crimes à déjouer, nid de Symbiotes à vider en passant par les jeux de rythme en VR de Mysterio, les courses-poursuites dans les airs ou les caches à découvrir – sont toujours là pour vous faire faire un petit détour ludique.
C’est certes parfois inséré aux forceps, mais une fois l’intrigue principale terminée, ça nous laisse pas mal d’à-côtés pour prolonger l’aventure. On aura aussi droit à des petites enquêtes façon araignée sympa du quartier, et à l’utilisation des spider-bots pour infiltrer des bâtiments sans se faire repérer. D’autres quêtes au long cours – comme les cristaux de l’homme-sable, la Flamme ou les spider-bots étranges – ont un certains intérêt narratif, et proposent de belles récompenses. Vraiment, la proposition est complète et toujours accompagnée d’élément scénaristiques intéressants.
On n’échappe pas non plus au teaser final qui nous annonce la couleur d’un Spider-Man 3 ou d’un DLC narratif comme pour le premier, introduisant rapidement quelques noms intéressants, mais je ne spoilerai rien ici pour vous laisser le plaisir de la découverte.
Ça ne vous aura pas échappé, j’ai parlé de Nids de Symbiotes plus haut, et ce n’est pas un spoil que de vous annoncer que oui, Venom sera de la partie dans ce Marvel’s Spider-Man 2. Mais bien avant lui – qui est issu en fait d’une intrigue en fil rouge pour la seconde moitié du jeu – c’est principalement à Kraven et à sa horde de chasseur que vous aurez affaire. Venu pour une raison mystérieuse « traquer le plus gros prédateur qui soit », Kraven débarque à New York pour chasser tous les détenteurs de super-pouvoirs.
Alors, qu’après bien des péripéties qui impliquent notamment l’enlèvement de Mr Negative, de Scorpion, une dissension philosophique entre Miles et Peter et la réapparition d’Harry Osborne après une longue convalescence, le tisseur revêt le costume noir et voit ses pouvoirs croître, les chasseur ne tient plus en place.
Toute l’évolution de Peter avec le Symbiote est d’ailleurs assez bien représentée. Plus puissant, se considérant comme un meilleur Spider-Man, mais aussi plus agressif et paranoïaque, Peter ne se prive plus pour dire ce qu’il pense à son entourage, sans filtre et de la façon la plus blessante possible. Sa violence explose et plus le temps passe, plus il devient bestial. N’ayant plus aucun filtre, il faudra l’intervention musclée de Miles pour détacher le symbiote de son ami. Mais comme vous le savez, Il suffit au symbiote de se lier à quelqu’un possédant une rancœur envers Peter pour voir émerger Venom…
Ces moments de colère et sans filtre de Peter possédé par le symbiote, et d’autres personnages infectés, sont assez violent verbalement et cela amène sans doute aux meilleurs moments du jeu, car cela met à mal les relations entre les personnages. Le boy-scout Peter Parker devient brutal, voire effrayant et n’hésite pas à blesser des proches moralement. Un « Superior Spider-Man » (*wink-wink*) plus puissant, plus efficace mais aussi bien moins humain et concerné. On apprécie cependant l’utilisation de sa jauge de rage, qui donne une véritable impression de sauvagerie. J’aurais aimé pouvoir conserver ce Peter dans un mode alternatif !
Un doute que l’on ressent aussi pendant un moment à propos de Miles, obsédé par la fuite de Mr Negative, au point de négliger la sécurité des civils. Un Miles qui va de plus devoir trouver sa place entre un Peter Parker devenu plus responsable et son ami de toujours Harry Osborne, qui entraîne Pete dans le monde de l’entrepreneuriat à coup de grandes idées humanitaires (« j’ai dépensé sans compter »). Un aspect qui – malheureusement – est un peu sous-traité et finalement un peu évacué au profit de l’intrigue principale.
L’humour est également omniprésent (les punchline de l’araignée vous réserveront quelques vraies sourires – notamment celle concernant un pot de miel), ainsi que la réelle alchimie entre les personnages de MJ, Peter et Harry, dans laquelle un Miles se retrouve un peu perdu. J’ai trouvé qu’il y avait quelque chose de manqué à ce niveau, et que les quelques moments plus intimistes auraient pu combler ce trou narratif, mais bon, entre les chasseurs, les gangs et les symbiotes, difficiles de s’ennuyer.
Une intrigue rondement menée, avec moins de temps de battement que dans le premier épisode, qui nous emmène de plus dans des quartiers résidentiels. On pourra voltiger dans de nombreux costumes – uniquement cosmétiques cette fois, et avec des variantes colorées – à confectionner tant pour Peter que pour Miles grâces aux éléments découverts dans les quêtes annexes. On pourra même revêtir des costumes tiré des films d’animation récents, avec la qualité graphique et les « saccades » fidèlement reproduites. Couplé aux graphismes magnifiques, au ray-tracing et aux effets de lumière ou de météo, le mode photo a de quoi chauffer !
On notera aussi le petit clin d’œil d’Insomniac à Ratchet & Clank Rift Apart au travers d’une course poursuite explosive avec la Chatte Noire qui fera plaisir aux fans (et qui donne une furieuse envie de voir ça en DLC plus tard). Le SSD de la console est encore bien utilisé que ça soit pour passer de Miles à Peter dans deux coins de la villes différents ou pour voltiger à toute vitesse dans les rues bondées de la ville.
En plus de Miles et Peter – que nous pourrons intervertir à loisirs pour parcourir New York – quelques séquences voient MJ mise en avant dans des séquences d’infiltration plus réussies qu’auparavant (même si l’IA ennemie n’est pas bien maline). De son côté, Miles dispose aussi d’un camouflage optique bien pratique pour infiltrer et vider les zones ennemies.
A ce niveau aussi, les amateurs du monte-en-l’air pourront s’amuser à tisser des réseaux de toiles au-dessus des ennemis pour les attraper et les pendre un par un dans des cocons de soie, sans forcément devoir se limiter à l’architecture des lieux. C’est assez satisfaisant de lever les yeux et voir une dizaine de cocons accrochés à nos fils de soie qui quadrillent le plafond ! Puis nous aurons droit aussi à une séquence assez musclée aux commande d’un Venom déchaîné, de quoi donner libre court à notre sauvagerie manette en main. Vraiment, Marvel’s Spider-Man 2 fait montre d’une belle générosité.
Notez que grâce à une astuce scénaristique déjà utilisée dans les comics – Anti-Venom – Peter conservera quoi qu’il arrive les capacités liées au symbiote, ce qui étend encore sa palette de mouvement. Le gameplay général n’a pas été simplifié, mais sa gestion dans les menus est maintenant plus claire et moins contraignante. On aura accès à des arbres de compétences simplifiés par héros, mais aussi à un arbre commun et à des améliorations générales semblables aux RPG. Cela fait beaucoup, mais c’est présenté de manière plus simple et fluide que par le passé dans Marvel’s Spider-Man 2.
Si Peter et Miles profiteront chacun de 4 aptitudes spéciales propres cachées sous la touche L1 (symbiotiques pour Peter et électriques pour Miles), la touche R1 permettra d’utiliser les 4 gadgets à débloquer, permettant de combiner pouvoir et technologie pour s’amuser encore plus dans les affrontements. Avec les parades, esquives et surtout les combos aériens (contre lesquels les ennemis ont quelques tours à vous opposer aussi), on a de quoi s’amuser pendant une bonne vingtaine d’heures, sans compter l’intégralité des quêtes annexes.
Marvel’s Spider-Man 2
En bref
Marvel’s Spider-Man 2 est-il un bon jeu ? Oui sans conteste. Une bonne suite ? Oui aussi. Est-il aussi grisant à parcourir ? Effectivement, encore plus que dans le premier épisode. L’histoire est-elle intéressante ? Oui, avec les moments plus intimes, plus épiques et plus dramatiques que l’on aime retrouver pour nos héros. Mais que lui manque-t-il alors ? Sans doute le fait de se reposer trop sur les acquis des précédents.
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