Après deux épisodes de qualité basés sur une formule éprouvée, Ubisoft s’est sans doute senti obligé de briser un tantinet sa routine pour trouver un souffle nouveau à sa série Far Cry. Du coup, il a décidé d’expédier le joueur quelques 20.000 ans en arrière en pleine Préhistoire. Une proposition audacieuse qui a de quoi séduire sur le papier. Mais qu’en est-il manette en main ? Voici notre test qui vous dit tout.

Vous voilà propulsé en -10.000 avant J.C. dans les bottes en peau de mammouth de Takkar. Alors qu’il était parti chasser de quoi manger avec ses potos, sa petite sortie vire au drame lorsqu’un tigre à dents de sabre décide de transformer toute son équipe en casse-croute. Seul rescapé de ce massacre, notre héros reçoit l’illumination et pense être habité par une mission divine : réunir à nouveau le clan des Wenja (parce que l’union fait la force, tout ça, tout ça). C’est ainsi qu’il se rend, avec son pagne et son gourdin, dans la contrée d’Oros pour retrouver son futur équipage disséminé aux quatre coins de la map. Mais évidemment, d’autres clans ne l’entendent pas de cette oreille et vont tenter de vous carrer un os dans la roue. Résumée comme ça, la trame parait simpliste, ce qui reflète plutôt bien la vérité en fait. Il faut l’avouer, l’histoire, sans être mauvaise, ne passionne pas plus que ça et aucun twist scénaristique de folie ne relance la machine pendant le jeu. Bref, point de pitch prompt à vous filer des frissons. Mais la petite routine ronronnante et les enjeux simples qu’installent les missions principales sont suffisamment bien huilés pour donner envie d’avancer.

Far Cry Primal Image du jeu

Un skin préhistorique

In-game, c’est surtout le cadre de jeu qui happe. La cohérence et l’aspect de l’univers est clairement l’un des plus grands atouts du titre avec des environnements allant des forêts denses aux terres glaciales enneigées, en passant par des zones rocheuses. Cet immense open world peut par ailleurs compter sur une assise technique très solide. Le rendu visuel est soigné, ça affiche loin et net, tandis que la faune abondante (cerfs, ours, tigres, chèvres, petits papillons, etc.) donne l’impression d’être dans un monde grouillant de vie. C’est souvent somptueux, plein de végétations et toujours très fluide. Bon, les tatillons auront tôt fait de souligner qu’il y a de l’aliasing, de l’eau pas très bien faite, du pop tardif, des animations un brin datées et des textures crado par endroit. Mais dans l’ensemble, ça fait très bien le taf. Niveau sonore, là aussi l’immersion est au rendez-vous : hurlements lointains et grognements peu rassurants ponctuent la balade. Mieux encore, les développeurs (avec l’aide de linguistes) ont poussé le vice jusqu’à créer un nouveau dialecte rien que pour le jeu. L’immersion est clairement de la partie.

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Autre conséquence de l’ancrage temporel du jeu : l’arsenal. Je ne vais sans doute rien vous apprendre mais à l’âge de pierre, on ne chassait pas le mammouth à l’AK-47 ou au shotgun. Exit donc les armes à feu et bonjour arc, fronde, sagaie (sorte de petite lance) et autres bombes aux abeilles (oui, oui). Tout ce petit stuff de PGM préhistorique, vous devrez le concocter avec vos grosses paluches velues. Oh, rien de bien compliqué, soyez rassurés. On ramasse des bouts de bois et deux pressions de boutons plus loin, on a un joli gourdin. C’est tellement permissif qu’on peut même se crafter des flèches en plein combat. Pour le réalisme, on repassera, mais pour les gamers en vacances, c’est plutôt sympa. Ce nouvel armement estampillé âge de pierre a pour corrélation directe des combats plus nerveux et brutaux portés davantage sur le corps-à-corps ou les attaques à mi-distance. Mais c’est surtout sur l’infiltration que le gameplay met le plus l’accent. Pour ne pas terminer en brochette, il est vivement conseillé d’opter pour une approche discrète-accroupi en mode fu-fu. Là, votre arc et ses headshot seront votre meilleur atout. A moins que vous préfériez un petit coup de silex dans la carotide après vous être faufilé derrière les mécréants vous bloquant le passage. Du coup, on s’éloigne par moment des codes du FPS classique de papa.

Le bel et les bêtes

Tout au long du périple de Tarak, il sera possible de faire ami-ami avec toutes sortes de bêtes sauvages (puma, ours, etc.) pour s’en servir comme d’allié ou comme de montures (cavalerie des ours FTW). Vous aurez même une chouette capable de faire du repérage ou d’exécuter un garde d’un bon coup de griffe dans la caboche (l’ancêtre des jumelles et du fusil sniper en somme). Une feature animalière plutôt sympa renforcée par une collectionnite façon Pokémon. Sinon, entre deux missions, vous pourrez aussi retourner dans votre village et contribuer à le faire prospérer. Que ce soit en améliorant les huttes de vos copains (avec tout le matos ramassé pendant l’aventure) ou en leur filant un coup de paluche sur une mission. L’occasion de constater que certaines quêtes secondaires arrivent à sortir du lot et à être tantôt drôles tantôt touchantes. Malheureusement, le reste des quêtes secondaires, soit l’immense majorité, est plutôt relou et donc totalement dispensable, si ce n’est pour choper un peu d’xp ou de stuff.

Far Cry Primal Image du jeu

Pour le surplus, le titre reprend peu ou prou l’essence de la série. Une map pleine d’activité, de l’xp à grinder pour débloquer des compétences, de la chasse, de la cueillette (facilitée par votre vision-de-chasseur/sorceleur-qui-fait-briller-les-trucs-importants-sur-le-sol), de la conquête, etc. En bref, on sent que les mécaniques de gameplay portent derrière elles le poids d’un héritage dont le jeu ne s’est pas totalement défait – à tort ou à raison, à vous de juger. Quoiqu’il en soit et malgré son skin préhistorique, Far Cry Primal reste donc dans son ADN un FPS biclassé action/infiltration dans lequel on nettoie toujours autant de camps ennemis entre deux feux de camp à débloquer. En trois épisodes, la structure du jeu est restée la même. Mais il faut reconnaitre que ce type de gameplay carré fonctionne plutôt bien dans un monde préhistorique. Si on peut légitimement critiquer les similitudes entre ce nouveau jeu et les anciens, il convient également de souligner que la critique peut – à juste titre – s’opérer dans l’autre sens. Parce qu’à plusieurs reprises, je me suis étonné de la justesse avec laquelle les développeurs ont réussi à transposer ce qui fait le sel d’un Far Cry à l’ère préhistorique. C’est assez fascinant de voir comment un titre se déroulant en -10.000 arrive à s’intégrer dans la charpente des Far Cry qui avaient jusqu’alors un background contemporain.

Pour terminer ce petit tour du proprio, il y a lieu de souligner qu’un mode multi aurait vraiment pu être chouette. Oui je sais, vous aller dire que les gamers ne savent pas ce qu’ils veulent. Mais, même si on concède volontiers que le multijoueur de Far Cry 4 était totalement dispensable, avouons qu’un mode multi aurait parfaitement sié à Far Cry Primal. De la chasse/traque de gros gibiers en groupe, c’était potentiellement cool. Mais, Ubisoft ayant sans doute préféré se concentrer sur le solo (à raison), pas de multi sur la galette.

Conclusion

Far Cry Primal propose une intéressante variation préhistorique de la formule développée dans les épisodes précédents. Si la série ne s’en trouve pas pour autant révolutionnée, quelques chouettes trouvailles singularisent l’expérience de jeu et permettent ainsi au dernier né de la portée des Far Cry d’éviter le déjà-vu, tout en conservant l’ADN de la série. Le résultat est efficace, dépaysant, beau et riche en contenus. Si vous n’êtes pas allergiques à la formule des Far Cry, vous découvrirez donc un épisode archi solide sur bien des points. Une sorte de bon élève à qui l’on ne peut pas reprocher grand-chose, mais qui manque un peu de génie.

Far Cry Primal Image du jeu

Far Cry Primal

  • Développeurs : Ubisoft
  • Type : FPS Cro-Magnon
  • Supports:  PS4/ Xbox One / PC
  • Sortie : 23 février 2016

Y’a bon!

  • Cadre de jeu original et maîtrisé
  • Monde ouvert gigantesque
  • Techniquement au poil
  • Gameplay solide et efficace
  • Grande liberté
  • Dresser des animaux

Beuargh!

  • Scénario en retrait
  • Rien d’hyper novateur dans le gameplay
  • Pas de multi
  • Quêtes secondes redondantes et rarement passionnantes
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Mr Scintillant

Actuellement, je tape la carte sur MTG Arena et Legends of Runeterra, tout en continuant mon marathon Kingdom Hearts

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