Peut-être ne connaissez-vous pas Kotaro Uchikoshi. Il s’agit du papa de l’excellente série Zero Escape, ce qui vous donne peut-être une meilleure idée de ce dans quoi vous allez plonger avec AI The Somnium Files. Sauf que cette fois, il s’agit de mener des enquêtes dans le subconscient torturé de personnes en lien avec un tueur en série ayant une fascination pour les yeux. Ouais, c’est parti assez loin dans le délire.
AI The Somnium Files
Supports : PS4, Switch, PC
Genre : Visual Novel / Puzzles
Date de sortie : 17 septembre 2019
Editeur : Spike Chunsoft
Développeur : Spike Chunsoft
Multijoueurs : Non
Difficile de lâcher une enquête aussi passionnante dans les subconscients des suspects
- Une histoire très prenante
- Un character desgn très réussi (Iris <3)
- Techniquement très propre
- Les puzzles parfois absurdes mais intriguants
- Une rejouabilité énorme
- Les dialogues entre AiBa et Date
- Un peu lent au démarrage
- Les puzzles qui ne peuvent pas être résolus de manière « logique »
- Des dialogues qui s’étirent parfois inutilement
Oeil pour oeil
Vous le remarquerez assez vite, la thématique principale du jeu tourne autour des yeux. “AI” (Artificial Intelligence) étant un homophone du mot “Eye”, tout sera prétexte à jouer avec cette confusion, allant de l’obsession pour l’oeil gauche, l’énucléation, votre partenaire d’enquête prénommée AiBa (Eyeball – globe oculaire) logé dans votre cavité oculaire gauche, et même Iris, cette starlette des réseaux sociaux… Couplé à la technologie PSYNC capable de vous envoyer pendant 6 minutes dans l’inconscient d’un suspect pour débloquer des indices, AI The Somnium Files se présente comme un Visual Novel couplé à des phases de gameplay en temps limité des plus prenantes. Vous incarnez Kaname Date, un enquêteur spécial dont l’oeil gauche a été remplacé par une IA qui lui servira de conseiller, d’ordinateur portable, voire même de rayon X et un zoom, qui va se retrouver à enquêter sur un meurtre étrange impliquant des proches.
Envoyé sur les lieux d’une mise en scène macabre, Date découvre le cadavre de l’une de ses connaissances sur un manège désaffecté, AI: The Somnium Files démarre lentement, et nous présente ses protagonistes qui semblent tous liés de près ou de loin. Ce microcosme va heureusement s’étendre au fil du jeu, impliquant des mafieux et des politiciens, portant le récit vers quelque chose de bien plus grand – et parfois un peu déjanté. On retrouve ici la patte d’Uchikose, qui nous lance dans un jeu du chat et de la souris avec un assassin insaisissable et des visions tourmentées où se mêlent la psyché des protagonistes à celle perturbée de l’enquêteur.
Ce qui nous amène dans des subconscients torturés présentés sous la forme de puzzle où le temps s’écoule à chaque action ou déplacement.
Là où la série Zero Escape privilégiait le roman visuel, avec des salles à résoudre tout en influant sur l’histoire, AI: The Somnium Files permet bien plus d’interactions dans les séquences de gameplay et pendant les interrogatoires. Lors de l’enquête, la vue est à la première personne, soit avec AiBa bien logée à sa place dans la cavité oculaire de Date, soit posée sur un bureau ou sur le siège du véhicule, donnant alors une vue sur le protagoniste principal dans une petite fenêtre. Date ne manquant pas d’humour, il ne se privera pas pour faire des blagues à ce sujet et faire preuve d’un peu de grivoiserie pendant les conversations. Le jeu est d’ailleurs souvent très drôle grâce aux interactions entre Date et AiBa, d’autant que l’enquêteur sait aussi faire monter la pression et donner de vrais moments de tension dramatique. Globalement chaque nouvelle séquence peut se révéler amusante ou au contraire, très sérieuse, voire effrayante.
Vous pouvez également, quand la possibilité est offerte, faire un choix entre différents lieux à visiter, une carte apparaissant avec une liste des lieux où vous rendre. C’est une illusion de liberté puisque tous les dialogues doivent être utilisés – même ceux dont vous savez à l’avance qu’ils ne seront pas utiles – et chaque lieu doit être fouillé pour progresser – même si pour certains lieux, cela se révèle assez compliqué visuellement de trouver les objets interactifs – mais on reste actif bien plus souvent que dans un Visual Novel traditionnel.
Le jeu nous permet de vraies phases de gameplay quand il s’agit de plonger dans la psyché des protagonistes pour débloquer la vérité. Ici, il s’agira de contrôler AiBa, qui prend forme humaine (et sexy) pour interagir dans le Somnium. Au cours de ces séquences Somnium, vous avez le contrôle total d’AiBa et êtes libre de vous promener dans les environnements. Cependant, il y a des limites à cette liberté, et c’est ici que réside l’intérêt du titre.
Au cours d’une séquence Somnium, où vous plongez dans le subconscient d’un personnage, vous disposez d’un délai de six minutes pour résoudre un certain nombre d’énigmes, qui déverrouillent des cadenas mémoriels afin de découvrir la vérité. Le déplacement d’AiBa dans l’environnement entraînera un décompte rapide du temps, alors que rester immobile le ralentit, ce qui signifie que vous devez considérer vos options et réfléchir avant de vous lancer n’importe où.
Lorsque vous vous déplacez et approchez des objets “clés”, vous aurez la possibilité d’agir avec eux en sélectionnant une options parmi plusieurs. Selon l’option que vous choisissez, vous utiliserez une quantité de “temps”, mais vous aurez également la possibilité de gagner un bonus ou un malus que vous pouvez stocker. Ce bonus peut être utilisé pour réduire le temps nécessaire à l’exécution d’une action. Ainsi, par exemple, si vous considérez que l’action d’activer un mécanisme va dépenser trop de temps, vous pouvez utiliser l’un de vos bonus en stock (jusqu’à 3) pour aider à diminuer le temps nécessaires… ou le doubler. Si vous venez à manquer de temps avant d’avoir traité tous les verrous, vous devrez relancer l’énigme à partir d’un verrou que vous avez déjà ouvert ou depuis le début de la séquence.
Ces environnements psychiques sont toujours déroutants, parfois drôles, parfois anxiogènes, et il n’est pas rare d’être confronté à des possibilités de résolution n’ayant aucun sens. Il faut donc tester les possibilités, parfois échouer pour revenir avec les bonnes solutions en main. Et il va sans dire que plusieurs parties seront nécessaires pour débloquer toutes les intrigues.
C’est dans les séquences Somnium que vous avez vraiment la possibilité d’influer sur la trame narrative. Il y a des chemins cachés et des verrous optionnels à découvrir qui ramènent l’intrigue principale sur des chemins complètement différents et, une fois que vous avez terminé une première partie, vous aurez accès à un organigramme des événements pour repartir dans n’importe quelle séquence Somnium pour tenter différentes approches afin de mener le récit dans une nouvelle direction. Vous pouvez vérifier à tout moment où vous en êtes dans l’organigramme et rejouer n’importe quelle séquence Somnium autant de fois que vous le voulez. L’encyclopédie disponible en jeu et très complète vous aidera à vous y retrouver en cours de route.
AI The Somnium Files : Conclusion
AI The Somnium Files sait prendre son temps, mais plus on avance, plus on devient captif de son intrigue, de sa narration et des ses puzzles. Si il ne faut qu’une petite dizaine d’heures pour voir le bout une première fois, on double facilement cette durée en repartant dans les différentes séquences de Somnium pour débloquer d’autres chemins. Difficile de lâcher !
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