Slender : The arrival

Seul, à la recherche de votre amie, vous vous aventurez dans un bois par une belle fin d’après-midi automnale. Le vent souffle doucement, l’air est doux, les rayons du soleil vous aveuglent et les feuilles mortes bruissent sous vos pas. Bref, une magnifique journée que rien au monde ne pourrait venir gâcher.

L’Homme Mince

Le mythe du Slenderman, quoiqu’on en pense, ne date que de 2009, où il ne fût qu’un mème d’Internet parmi tant d’autres sur le Forum Something Awful. Un concours de photomontage fut lancé pour le plaisir entre les différents utilisateurs, et les montages d’Eric Knudsen devinrent rapidement populaires. On y voyait des groupes d’enfants sur des photos en noir et blanc, avec en fond une grande silhouette en costume avec des membres disproportionnés. Pour donner plus de cohérence à sa création, Knudsen y ajoute de faux témoignages attestant d’enlèvement d’enfants et l’idée plût énormément aux autres utilisateurs.

Désigné par la BBC comme “premier grand mythe d’Internet”, le Slenderman a depuis échappé à son créateur et a envahi la Toile, qui ne cesse d’améliorer le mythe pour le rendre plus crédible. On a pu voir des références à ce mythe dans de nombreuses productions, allant de “Buffy contre les vampires” à l’excellente interprétation dans la série “Doctor Who” avec les Silences, ces êtres étranges que l’on oublie aussitôt que l’on détourne le regard. Cela a donné à la saison 6 de la série quelques scènes mémorables (notamment quand Amy Pond trace une marque sur son bras pour se souvenir qu’elle a vu un Silence et que le spectateur se rend compte ne même temps qu’elle que ses deux bras son remplis de marques), en passant par la nouvelle série des “My Little Pony”, où le Slenderman fait une fugitive apparition à la toute fin d’un épisode.

Slender - The Arrival_20150406162143 — Demandé si gentillement…

Sur Youtube, on peut aisément trouver une petite websérie (sous-titrée en français) nommée “Marble Hornets”, qui retrace à travers de très courts passages aléatoires VHS l’obsession d’un homme pour une entité qui le poursuit et qu’il s’est accrochée par hasard. Tourné à la manière d’un Found Footage, “Marble Hornets” explore de façon très efficace le mythe du Slenderman, en restant volontairement très obscur, notamment en diffusant des passages vidéos trouvés dans un ordre non-chronologique, laissant le soin au spectateur d’interpréter ce qu’il voit.

Moins drôle, le mythe a déjà réussi à faire une victime aux Etats-Unis en 2014, où deux adolescentes ont lardés l’un de leur amis de 19 coups de couteau au nom du Slenderman, qu’elles comptaient ensuite rejoindre en tant que disciple.

CreepyPasta

Que peut-il arriver de mal en une si belle journée ?

Mais pourquoi vous parler de tout ceci dans une critique d’un jeu ? Nous y reviendrons un peu plus loin.

Slenderman : The Arrival vous plonge très rapidement dans les ténèbres d’une maison saccagée à la recherche de votre amie. Les pièces sont plongées dans la pénombre, d’étranges dessins ornent les murs, des bruits de pas se font parfois entendre quand vous vous immobilisez et une pièce à l’étage est fermée à clé. Vos pérégrinations vous octroient de quoi l’ouvrir et une petite lampe de poche. En moins de 5 minutes, vous voilà pétrifiés de terreur, redoutant chacun de vos pas, vous attendant à voir surgir quelque chose de ces ténèbres. Bientôt, vous allez vous enfoncer dans les bois, récoltant quelques documents sur des disparitions, fouillant une vieille bâtisse sous le regard d’une ombre qui ne cesse de change de place et de vous scruter au loin. La présence se fait pesante et vous remarquez alors… qu’elle s’approche, comme attirée par votre lampe de poche…

Slender - The Arrival_20150406162202 — Les carnets creepy sont au rendez-vous

De nombreux lieux vous attendent dans Slenderman, et paradoxalement, ce sont les premiers chapitres qui s’avèrent les plus efficaces, les plus terrifiants pour qui se prête au jeu. Une fois les mécaniques d’apparition du Grand Monsieur acquises, tout le jeu se veut être principalement une quête de renseignements. On scrute le moindre coin de décor à la recherche de l’un des nombreux documents étoffant l’univers tout en s’attendant à fuir quelques apparitions ou les aveugler grâce au rayon concentré de la lampe de poche.

Si j’ai commencé cette critique par une longue présentation du Slenderman, c’est que les “profanes” auront fort à faire pour comprendre ce qui se passe dans le jeu et à apprécier le contenu des documents découverts, aussi, mieux vaut sans doute être un peu familier avec le mythe avant de se lancer dans Slender : The Arrival.

Coooonclusion. Je dis non! Mais un Avis, je dis OUI!

Doté d’une ambiance terrifiantes lors de sa première heure, Slenderman : The Arrival voit son ambiance décroître au profit de son background, tandis que le challenge va principalement se trouver du côté des Trophées, imposant de réussir certains chapitres en un temps limité (donc en courant, plus vulnérable et exposé) et de la récolte des informations. En bref, il faudra une bonne dose de courage (ou un détachement complet de l’expérience, mais n’est-ce pas un peu idiot ?) au départ pour se lancer dans l’aventure, seul dans le noir, (faites-moi plaisir), avant de trouver ses marques et de “rationaliser” un peu les événements qui perdent en épouvante ce qu’ils gagnent en univers.