On va jouer franc jeu tout de suite : Lost Dimension fleurait bon le Tactical RPG très générique à la réalisation banale destiné à rester l’un de ces nombreux titre inconnu et dématérialisé. Un peu comme Conception II : Children of The Seven Stars, tiens. Et bonne nouvelle pour les possesseurs de PS3 ou de PSVita, on se situe tout de même un cran au-dessus de cela.
“La Fin” justifie ses moyens
La terre est attaquée et un énorme pilier venu du ciel détruit une bonne partie du globe. A sa tête, un individu nommé “The End” déclare que dans 13 jours, il détruira le monde, à moins qu’on ne vienne l’arrêter, en haut du pilier.
Sho se réveille alors à l’intérieur de l’étrange structure et découvre 10 autres personnes envoyées comme lui détruire leur ennemi. Aucun d’entre eux ne sait ce qu’il est advenu de leurs unités respectives, ils ne se connaissent pas et savent seulement qu’ils doivent faire équipe pour sauver le monde. Chacun possède un talent psychique particulier, comme la lévitation, la téléportation, la combustion, la guérison ou d’autres capacités qui feront d’eux une équipe à même de mener leur mission à bien. Le Pilier étant défendu par des unités robotiques, il leur faudra progresser à travers les 5 niveaux de la structure en faisant équipe et en se faisant confiance.
Jugement
Seulement voilà, The End, qui a visiblement une relation particulière avec Sho, a imaginé une façon plutôt cruelle de progresser dans le Pilier : Ils devront éliminer l’un d’eux lors d’un jugement pour pouvoir accéder à l’étage supérieur. Car au moins un traître se cache parmi eux et il incombe à Sho – grâce à son pouvoir de vision – de déterminer son identité pour éviter de sacrifier des membres dévoués de son équipe. Et je te vois venir, petit lecteur, tu vas essayer de trouver sur Internet une solution indiquant qui éliminer pour éviter les erreurs. Et bien, tu en seras pour tes frais, car les traîtres varient à chaque partie et à chaque étage.
Ainsi, un coéquipier déterminé comme “honnête” à un palier sera peut-être le traître de l’étage suivant et eux-mêmes seront différents de partie en partie. De quoi conserver un certain intérêt et une replay value honnête, d’autant que la “True End” ne s’obtient qu’en relançant une nouvelle partie.
Concrètement, vous devrez sélectionner 5 coéquipiers pour vous accompagner dans les affrontements, et à l’issue de ceux-ci, Sho entendra les voix de ses alliés, déterminant alors si un traître ou plus se trouve dans son groupe. En variant les compositions de groupe, vous pouvez ainsi réduire la marge d’erreur et déduire qui “éliminer” lors du jugement servant à passer à l’étage suivant. En plus de cela, Sho pourra récolter quelques points de “Vision” pour directement plonger dans l’esprit d’un de ses camarade pour déterminer à coup sûr si il est fiable ou non pour cet étage.
A l’issue de chaque combat, certains de vos coéquipiers viendront vous demander votre avis sur l’identité du traître, influençant alors leur jugement en vue du vote final. Évitez d’accuser la personne qui vous pose la question à ce moment sous peine de vous retrouver en tête de vote rapidement ! A vous alors de donner votre sentiment pour rallier les avis des autres au vôtre. Heureusement, ceci se produit après chaque combat, donc libre à vous de relancer plusieurs fois les mêmes missions pour influencer le plus de monde possible avant de passer au jugement.
Chaque nouvel étage est constitué de missions principales liées au scénario et de diverses missions plus ou moins annexes qui vous permettront de gagner des niveaux. Je dis “plus ou moins annexes” car certaines missions principales ne se débloqueront qu’à condition d’avoir réalisé quelques sous-missions. Vous êtes donc libre de repartir dans les étages inférieurs ou de foncer au plus vite au dernier étage de la tour, mais sachez tout de même que certains niveaux vous offriront une terraformation de la tronche tant la difficulté peut subir des pics vertigineux d’une mission à l’autre. Se retrouver par exemple dans un niveau très réduit sans aucun obstacle avec plusieurs tireurs ennemis et un tank donne rapidement des sueurs froides et incite à aller s’entraîner un peu plus, d’autant que même ceux qui ne participent pas au combat gagnent de l’expérience, même si c’est en moindre mesure.
Gifts
En lieu et place des célèbres damiers propres aux Tacticals RPG, Lost Dimension propose plutôt une zone de déplacement (dont le diamètre dépend des statistiques du personnage) dans lequel le protagoniste peut se déplacer avant de réaliser une action, un peu à la Valkyria Chronicles, ou plus précisément, à la Phantom Brave. La stratégie s’invite rapidement dans la partie, car la précision est influencée par la distance (plus vous êtes éloigné de votre cible, plus la précision baisse), mais chaque attaque sur une seule cible (cela ne concerne donc pas les attaques de groupe) est soumise à une contre-attaque potentielle.
Les attaques de dos causant souvent un coup critique, le placement occupera une grande partie de votre stratégie, d’autant que si un ou plusieurs alliés se trouvent dans les environs immédiats de votre cible, ils vous assisteront, démultipliant alors les dégâts sur un seul tour. Prenez garde cependant, ceci est aussi valable pour les ennemis et vos compagnons ne sont pas immunisés à vos attaques.
Chaque héros disposant de ses propres attaques spéciales, un arbre de compétences est disponible pour dépenser les points glanés à chaque montée de niveau. Vous pouvez ainsi débloquer de nouvelles attaques, des capacités passives ou défensives, rendant chaque protagoniste plus ou moins indispensable (surtout le médecin du groupe).
Petit problème : vous devrez sacrifier l’un d’eux entre chaque étage, réduisant alors les possibilités de développement. A chaque sacrifice, un cube de Matéria est récupéré, contenant les capacités apprises par le protagoniste éliminé, et celui-ci peut-être équipé par n’importe quel autre personnage. Certaines Matérias étant même indispensables pour débloquer des capacités spéciales des autres héros. Mais cela implique aussi que les capacités inclues dans les Matéria n’évolueront plus jamais et peuvent juste être utilisées “en l’état”. Sacré dilemme par moment ! Va-t-on choisir de sacrifier un innocent dans le but de garder un personnage coupable mais plus puissant ? Va-t-on s’entraîner un peu avant le Jugement pour débloquer des capacités plus puissantes avant de se débarrasser du traître ? A vous de choisir.
A cela s’ajoute également une gestion de l’équipement, avec des armes spécifiques par personnages, des armures et différents accessoires pour booster telle ou telle capacité. Ces équipements se déverrouillant au fil des niveaux débloqués, un sentiment de montée en puissance est palpable, même si globalement, un niveau sur deux risque fort de vous donner du fil à retordre… Car ici, il va falloir également gérer la santé mentale de chacun !
Sanity’s Requiem
Gérer sa santé, ses déplacements, ses placements par rapport aux alliés et aux ennemis ainsi que les GP (Gift Points) de chacun ne sera en effet pas suffisant. Chaque dégât reçu et chaque attaque spéciale consomme également un certain pourcentage de votre jauge de santé mentale. Il est heureusement possible d’en récupérer grâce à des objets, la capacité de l’un des héros (mais cela dépend si vous l’avez éliminé ou non) ou en se “reposant” après son déplacement. Néanmoins, les attaques les plus intéressantes coûtent un pourcentage assez significatif qui limitera leur utilisation. Car une fois sa jauge vidée, le personnage entrera en mode Berserker. Vous ne pourrez alors plus le contrôler et il attaquera indifféremment alliés et ennemis. Sa défense chutera alors drastiquement, à l’inverse de sa puissance d’attaque, qui sera décuplée ! Heureusement, cet état est réversible grâce à des capacités ou des objets, néanmoins, il vous sera certainement utile à l’un ou l’autre moment pour réussir les missions. Partie intégrante d’une stratégie risque, le Berserker est autant un atout qu’un fléau pour votre équipe, mais ne dure au final que 3 tours, qui seront suivis d’un tour de confusion à ne pas sous-estimer non plus…
Une dernière capacité intéressante coûte également des points de santé mentale : Defer. Après votre phase de déplacement, vous pouvez sacrifier votre action pour permettre à un autre personnage proche de rejouer une fois, en échange de 10 points de santé mentale. Très pratique, cette action est toutefois à doser intelligemment…
Entre chaque mission, vous aurez l’occasion de faire le plein d’équipement et d’items, de vérifier la loyauté de chacun, mais aussi et surtout de parler avec eux. Sachant que ceux à qui vous parlez en priorité profitent d’un bonus de “sympathie”, tandis que ceux que vous délaissez le plus souvent seront automatiquement soupçonnés, à vous de tisser les liens avec les équipiers les plus chers à vos yeux, tout en gardant en tête qu’il faudra peut-être les sacrifier quelques temps après. Au fil des discussions, vous en apprendrez un peu plus sur leurs motivations et leur passé, jusqu’à déclencher une épreuve qui scellera votre amitié, débloquant ainsi des notes secrètes et énigmatiques sur leur enfance.
Car le gros points noir de Lost Dimension est peut-être le traitement de son scénario. Comme je le disais plus haut, une seconde partie est nécessaire pour débloquer la véritable fin, celle qui expliquera les paroles mystérieuses proférées par “The End” lors de votre affrontement final. Si la mise en relation des personnage est intéressante et qu’on a de moins en moins envie de passer les jugements, on est au final assez peu poussé à s’intéresser au scénario qui reste très en retrait. Pourtant il y avait matière à écrire quelque chose de passionnant. Ne vous attendez donc pas à comprendre ce dont il retourne lors de votre première partie, le New Game + vous faisant de surcroît recommencer presque de zéro.
Conclusion.
Je dois avouer qu’il m’a été difficile de lâcher la console. Les missions de Lost Dimension s’enchaînent à un bon rythme, on débloque fréquemment de nouvelles capacités ou de nouveaux équipements, on connaît de plus en plus nos alliés et le système de combat s’avère réellement bien fichu. Les nombreux dialogues sont illustrés avec les portraits 2D des personnages, mais ceux-ci possèdent de nombreuses animations qui aident réellement à créer de l’empathie. Les quelques cinématiques (non sous-titrées) sont de qualité industrielle, tout comme le Charater Design, assez quelconque au final. Voilà un jeu qui saura vous tenir en haleine grâce à ses mécaniques de gameplay davantage que son histoire ou ses personnages. Et c’est déjà pas mal !
Lost Dimension
- Développeurs FuRyu
- Type Tactical RPG
- Support PS3, PSVita, PSTV
- Sortie 28 Août 2015
Y’a bon!
- Un gameplay très complet
- Les animation des dialogues
- Le choix aléatoire des traîtres
- Des niveaux bien pensés
- Le doublage de The End
Beuargh!
- Une histoire en retrait
- Un univers et Chara Design générique
- Un second run obligatoire
- Un bestiaire très peu fourni
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