480 pages. C’est ce qu’il faut à Jérémie Kermarrec (déjà auteur du livre consacré à Final Fantasy XV – l’homme aime se faire du mal) pour nous conter deux épopées très différentes mais toutes aussi liées au chaos dans cet ouvrage « La Légende Final Fantasy XIII » chez Third Editions.
En quelques mots, Jérémie Kermarrec est traducteur dans l’industrie du jeu vidéo mais c’est surtout un passionné de Final Fantasy. Vous devez même connaître une bonne partie de son travail, puisqu’il est aujourd’hui l’unique rédacteur du site Final Fantasy World, grosse référence francophone sur la licence de Square-Enix. Bref, qui de mieux pour nous conter ces histoires ?
D’abord,en préambule, le livre revient sur l’histoire assez complexe des trois épisodes de Final Fantasy XIII. Comme toujours chez l’éditeur, le scénario nous est raconté de manière aussi claire que chronologique, débutant bien avant les aventures de Claire Farron, à l’aube des temps. En somme, tout vous sera révélé de la sombre machination de Bunivelze, de ses craintes du monde invisible jusqu’à sa défaite et son impossibilité à rejoindre le nouveau monde qu’il a créé pour ses élus. Je ne vais bien entendu pas vous raconter cette histoire (je l’ai déjà en partie fait pour la sortie de Lightning’s Return), mais sachez que ce qui nous est raconté ici est d’une aide précieuse pour se remémorer ce bazar cosmogonique qu’est Final Fantasy XIII et le projet Fabula Nova Crystallis.
Ce qui nous amène à la seconde partie toute aussi passionnante à lire de la création de cet opus si particulier. Et comme vous le savez déjà certainement, à l’origine, il devait y avoir 3 jeux connectés par le même mythe (Final Fantasy XIII, Versus XIII et Haeresis XIII), un peu comme tous les titres estampillés « Ivalices » liés à Final Fantasy XII. Mais vous êtes-vous déjà demandé pourquoi une telle rupture entre les Final Fantasy précédents cet FFXIII ? Saviez-vous par exemple que vous ceci était dû à Sakaguchi – le père de la série – mais de manière totalement détournée ? En effet, cette manière de se recentrer presque exclusivement sur Final Fantasy était une stratégie de repli de la part de Square-Enix après l’échec du film « Les Créatures de l’Esprit », et une façon de capitaliser sur un nom vendeur en plein essor. Les comptes étaient dans le rouges et il fallait jouer le filet de sécurité.
Oui mais…
Entre l’annulation ou le report de tout autre projet moins important, l’arrivée de la PS3 et sa structure des plus complexe qui a obligé les développeurs à tout recommencer et la manière même de travailler des équipes ont été autant de challenges à relever – souvent dans la douleur. A l’aube de cette nouvelle génération de console, désireux de garder son lustre de technicien hors-pairs, on peut dire que Square s’est raté. Trop peu de développeurs, bien trop d’artistes, des outils à recréer intégralement, aucun partage entre les équipes… autant de soucis à relever pour une société habituée à littéralement « fabriquer » ses jeux avec ses propres talents.
A bien des égards, Final Fantasy XIII a été un « reboot » pour Square-Enix tant cet titre a cristallisé – sans jeu de mot – tous les maux de la société mère de la licence et a mené à une véritable renaissance douloureuse de l’éditeur en transfigurant intégralement sa manière de travailler, mais aussi de réfléchir !
L’auteur continue son périple en nous parlant de la musique, un passage bourré d’anecdotes sur le travail de Masashi Hamauzu, Naoshi Mizuta et Mitsuto Suzuki sur les trois épisodes, avant d’enchainer sur deux grosses parties consacrées au décryptage de l’œuvre, à la place du JRPG à cette époque – particulièrement mal loti aux pendant l’époque de la PS360- mais aussi de l’identité même de Final Fantasy. Entre le désir d’un nouveau départ à bien des niveaux et l’héritage de la saga, FFXIII a marqué un tournant encore visible aujourd’hui.
Enfin, une partie importante a été consacrée à deux thématiques mises en avant par l’auteur, à savoir le thème de la lutte des mortels contre les divinités. FFXIII n’a pas été le premier JRPG à opposer l’Humanité aux Dieux, mais sans doute l’un des plus complet et jusqu’au-boutiste dans sa démarche. L’autre thématique concerne la création même d’un mythe propre pour cette nouvelle saga.
Au final, l’auteur Jérémie Kermarrec brosse un tableau presque salvateur pour nous autres qui avons traversé cette Fabula Nova Crystallis au moment de sa sortie, et il faut bien l’avouer, nous étions perdus. Aujourd’hui, sans doute sommes-nous mieux préparés à accueillir la trilogie d’un œil plus bienveillant qu’à l’époque. Le livre contient en tout cas toutes les clés pour répondre à cette question.
Comments