Final Fantasy Type-0 a connu une drôle de destinée. Dévoilé en 2006, celui que l’on nommait encore Final Fantasy Agito XIII, était à la base réservé au seul marché des téléphones portables. Les smartphones n’étant pas à même d’accueillir les ambitions du jeu, le développement se déporta quelques années plus tard sur PSP. Entre longues périodes de silence et gestation mouvementée, le titre ne sortit finalement qu’en 2011 au Japon. Au grand dam des fans européens, qui n’avaient que leurs yeux et internet pour pleurer, Final Fantasy Type-0 resta désespérément inédit dans nos contrées. Jusqu’à ce beau jour où le titre atteignit sa forme finale, sans crier gare. En effet, lors de l’E3 2014, Square Enix dégaina de son chapeau à annonces une version HDifiée de Final Fantasy Type-0 pour PS4 et Xbox One. Après neuf années de rebondissements en pagaille, le moment est donc enfin venu de goûter à cette galette dans sa version européenne. Espérons qu’elle n’aura pas un arrière-goût de faisandé après tout ce temps.

Final Fantasy Type-0 HD confirme l’orientation action qu’a empruntée la franchise ces dernières années. Qu’on adhère ou pas, force est de constater qu’il nous faut faire une croix sur les séances de tatanes au tour par tour avec les pieds rivés au sol, face à face avec les ennemis. En lieu et place, Type-0 donne dans la baston en temps réel avec des mécaniques action-RPG. La grande force des échauffourées réside dans leur nervosité dopée aux hormones, servies par un visuel supra-dynamique. Une fois la baston enclenchée, vous prenez le contrôle d’un personnage d’une escouade de trois. Libre ensuite à vous de switcher entre ceux-ci à la volée ou de remplacer un membre qui aurait passé l’arme à gauche par du sang neuf. Cette orientation action exige d’être constamment sur ses gardes afin de déclencher ses parades au bon moment, pour ensuite contre-attaquer lorsque l’adversaire laissera transparaître son point faible. Frapper au bon moment permet en effet de one shoter les bad guys ou d’infliger de très lourds dégâts aux boss. Il faudra donc faire preuve d’un minimum de stratégie et d’un sens du timing pour arriver à ses fins. Dans les faits, le système se dompte aisément : un bouton pour l’attaque de base, deux autres pouvant être mapés pour les compétences spéciales, un quatrième pour les soins/parade et l’esquive et un lock bien pratique pour garder un peu de cohérence, surtout quand l’on change de perso. Ça roule bien et son apparente simplicité cache néanmoins quelques subtilités qui se greffent par-dessus comme les invocations et diverses magies/compétences spéciales. A cela s’ajoutent des arbres de compétences à gérer et des groupes optimisés à créer. Vu la difficulté des combats, on meurt souvent et il faut régulièrement faire tourner son effectif. Il vaut donc mieux que tous vos élèves soient prêts à en découdre. Les deux grosses lacunes qui plombent ce joli tableau sont la caméra, qui craque de temps à autre obligeant à recadrer l’action, et l’IA rendant les alliés parfois inutiles. Malgré ces griefs mineurs, les combats vifs et accrocheurs sont un des points forts du jeu.

Final Fantasy Type-0 HD Image du jeu

La poésie de la guerre

Final Fantasy Type-0 possède un scénario plus mature que la plupart des autres épisodes de la série. Dès l’entame, le ton se veut résolument sombre et dramatique – j’en veux pour preuve ce moment émouvant de l’intro dans lequel un chocobo agonise, se vidant de son sang sous vos petits yeux mouillés et impuissants. Il convient de souligner la justesse avec laquelle le jeu balance ces scènes de guerre et de meurtres. Elles ne sont pas là pour le plaisir de choquer ou pour faire mature (wesh, t’as vu ?), mais bel et bien pour servir le propos de son histoire. Concernant le pitch (et sans vous spoiler), sachez qu’on vous collera dans les baskets des étudiants de la classe zéro, sorte d’unité d’élite militaire encore en écolage. Ceux-ci se retrouvent coincés au beau milieu d’un conflit armé sévissant entre quatre grandes nations, chacune détentrice d’un cristal. Les premières heures de jeu, le background scénaristique parait plutôt nébuleux. On vous bombarde d’infos en quelques minutes avec une palanquée de personnages, lieux et croyances à assimiler. Du coup, on s’y perd un poil et l’impression de n’être que de la chair à canon dont l’enjeu global nous dépasse est bien présente. Mais en bon soldat, on s’exécute. Heureusement, à mesure que le récit progresse, l’implication du joueur se fera plus présente et les enjeux évolueront vers quelque chose de plus compréhensible et bien plus épique. S’il tire des ficelles déjà connues, Type-0 le fait bien et, surtout, évite de sombrer dans le puéril ou le gnangnan.

Final Fantasy Type-0 HD Image du jeu (5)Si le background de vos pérégrinations captive, les acteurs œuvrant dans cette pièce sont quant à eux nettement en retrait. Si bien que l’on en vient à se demander où est passé le savoir-faire de Square-Enix pour la conception d’un protagoniste. Si l’idée de voir toute une classe se battre contre l’oppresseur est intéressante, manette en main c’est moins aguicheur. En effet, à quelques exceptions près, tous les héros manquent cruellement de charisme et sombrent dans la caricature so Nomura. Pour être honnête, après plusieurs dizaines d’heures de jeu, je les reconnais toujours par leur coupe de cheveux ou par leur arme/style de combat plutôt que par leur nom (no fake, y a le mec aux cartes, la meuf au fouet, le pseudo Zell qui frappe à mains nues ou encore la meuf à la flûte). Avoir pondu un roster si conséquent est parfait pour le combat puisqu’ils ont tous un gameplay particulier, mais voir qu’ils sont quasi-anonymes fait un peu peine à voir. Après, ça s’étoffe au fil de l’histoire, mais ce n’est jamais foufou. Dès lors, il vaut mieux les prendre comme une entité collective : la classe zéro. Et puis, comme soulevé plus haut, le background arrive très bien à porter le récit à lui seul malgré ce manque de personnalité des héros.

Une couche de nostalgie

A bien des égards, FF Type-0 HD opte pour une approche moderne du JRPG. Ça ne l’empêche pas de lancer çà et là des morceaux de nostalgie qui feront plaisir aux amoureux du triptyque béni des Final Fantasy sur PlayStation 1. Le retour le plus frappant est celui de la mappemonde. Celle qu’on nous avait arrachée pendant de si nombreuses années. Bon ok, elle fait un peu peine à voir tant elle parait vide, mais au moins elle est vaste et recèle de cavernes, villes et autres endroits cachés à dénicher. Type-0 nous ressort d’ailleurs pour l’occasion un aéronef. Avant de le débloquer vous pourrez même chevaucher du chocobo (chocobocher ?) que vous devrez préalablement capturer ou élever via un mini jeu. Ces ajouts m’avaient personnellement manqués et les revoir a sévèrement titillé ma fibre nostalgique.

Final Fantasy Type-0 HD Image du jeu (1)

Rincez et répétez

Grossièrement, les phases de jeu se divisent en deux catégories : les missions et le reste. Cette découpe on la doit au jeu d’origine, qui était un titre nomade conçu pour être dégusté par petites gorgées.

Tout d’abord, on a les missions qui servent à faire avancer la trame principale et qui pour le coup sont très variées : infiltration d’une base ennemie, s’échapper d’une ville, … Ensuite, on a le reste, aka tout ce qui vient vous occuper entre deux missions. Comme vous êtes un groupe d’élèves, entre deux missions, on vous renvoie dans votre école qui fera office de hub. Là, vous devrez gérer votre temps libre. Une discussion importante fait s’écouler deux heures. Aller dehors sur la mappemonde et c’est six heures de votre temps libre qui partent. Vous devrez donc régenter au mieux votre agenda pour y caser un maximum d’activités : assister aux cours, s’entraîner pour monter ses stats, taper la causette, explorer le monde, jouer à des phases de conquêtes façon RTS ou encore réaliser quelques quêtes annexes pour des PNJ en détresse. Si ces nombreux accotés reposent majoritairement sur le principe antédiluvien de la quête fedex, ils filent de la consistance à l’univers du jeu, à ses personnages et à ses enjeux géopolitiques. Intéressant scénaristiquement parlant, mais un brin redondant, donc. Et puis, surtout, ça permet de choper de l’expérience. Expérience indispensable vu certains gaps de difficulté entre deux missions. Il vaut mieux parfois prendre son courage à deux mains et farmer un peu pour ne pas se faire lamentablement défoncer par certains boss bigrement retors. Curieusement, on a l’impression que le jeu est conscient de sa difficulté en dent de scie puisqu’il permet d’abandonner une mission en cours tout en conservant l’xp accumulée lors de celle-ci. Merci au jeu d’être clément de la sorte, sans ça, je n’y serai pas arrivé.

HDifie moi

Final Fantasy Type-0 était à la base un jeu tournant sur PSP. Difficile de le nier en le voyant. Bien que le travail d’HDification soit soigné et scolairement exécuté, il ne fait pas vraiment honneur aux PS4 et Xbox One. Il se rapproche davantage d’un remake HD qu’on aurait pu avoir sur old gen. Les personnages principaux ont un joli rendu, tout comme les décors avec leurs textures passables de loin mais loin d’être belles quand on a le nez dessus. Malgré le travail accompli, on sent que les équipes de remasterisation se sont simplement contentées d’offrir une nouvelle tenue au jeu, plus en accord avec son temps, mais sans réelle surprise ni claque graphique.

Les origines de Type-0 font un peu mal en 2015 quand on voit ses PNJ désespérément figés dans leurs expressions ou encore ses environnements inégalement travaillés. Sans parler de la réutilisation à outrance d’assets pour la composition des villes et le manque de variété des modèles 3D de nos amis PNJ. Même constat du côté du level design. Le titre est découpé en petites zones séparées par un temps de chargement. C’est compréhensible pour une console portable sur le déclin, mais sur de la new gen, c’est étrange (bien que les temps de chargement soient très courts). Certes, tous ces petits défauts sont inhérents au jeu d’origine, mais ça aurait été chouette que l’équipe oeuvrant sur le remake y ait remédié.

Enfin, terminons ce tour d’horizon par une mention spéciale coup de coeur à la BO qui fait honneur comme il faut à l’immense patrimoine musical de la saga. Entre réinterprétations tonitruantes de thèmes connus et nouveautés aux relents rock, il y a de quoi faire plaisir à vos oreilles.

Final Fantasy Type-0 HD Image du jeu (2)

Coooonclusion. Je dis non! Mais un Avis, je dis OUI!

Dire qu’on aura attendu l’arrivée de Final Fantasy Type-0 dans nos contrées relève du doux euphémisme. Finalement, cette attente valait vraiment le coup tant ce Final Fantasy saura séduire les amateurs de jeux de rôles nippons biclassés action. Grâce à son ambiance crépusculaire, son univers soigné, son scénario sombre et son système de combat robuste, on a un chouette jeu à se caler sous les paluches. Il n’y que le charisme relativement pauvre d’une partie du casting des héros ainsi que le portage un brin paresseux à vraiment déplorer. Malgré ces lacunes, FF Type-0 arrive à redorer avec brio le blason d’une série tombée en disgrâce chez certains joueurs après les trop nombreuses péripéties de Lightning et sa clique (et c’est un type qui a aimé FFXIII qui vous le dit).

Final Fantasy Type-0 HD

  • Développeur : Square Enix
  • Type : RPG
  • Supports :  PS4 / Xbox One
  • Sortie : 20 mars 2015

Dans le même genre :

  • Crisis Core : Final Fantasy VII
  • Tales of Xillia

Y’a bon!

  • Système de combat
  • Scénario
  • Bande son
  • La durée de vie
  • L’univers sombre et mature

Beuargh!

  • Héros peu développés
  • Remake paresseux, du coup le visuel est pas foufou
  • Gros gaps de difficulté par moment
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