Je n’aime pas le foot. Nan mais ne me regardez pas comme ça, hein, j’ai le droit aussi. J’ai essayé pourtant, en assistant enfant aux matchs de foot dans le stades avec mon père ou en m’inscrivant  dans un club pour lui faire plaisir – où je n’ai jamais brillé, faut-il le préciser. Non, les seuls aspects du foot qui m’intéressaient ne tenaient qu’aux techniques improbables de Captain Tsubasa ou à quelques rares jeux vidéos. Mais quel rapport avec Dino Dini’s Kick Off Revival ?

J’y viens.

Viens, à l’école des champions

Le mercredi après-midi, en rentrant à l’école, je descendais parfois à un arrêt de bus plus tôt pour passer au vidéo-club. A cette période, on y trouvait encore de gros classeurs remplis de photocopies de jaquettes de jeux dans des pochettes plastiques qu’on pouvait feuilleter sur une table non loin de la caisse. Si une petite étiquette orange était présente dans la pochette, c’est que le jeu était disponible. On pouvait alors le louer pour 2 jours pour un prix dont la valeur m’échappe aujourd’hui. En à peine 48h, on avait donc peu le temps de doser un jeu, qu’on pouvait au final ne toucher que cet après-midi là.

Quand j’avais 10 ans, c’était ça mes matchs

Hors, alors que je descendais du bus ce midi-là pour aller louer The Lion King sur MegaDrive, j’ai croisé un autre enfant du quartier avec lequel je m’amusais parfois pendant les vacances. Fils unique de parents plutôt aisés, il avait une salle de jeu qui me rendait secrètement jaloux, et plusieurs consoles (c’est d’ailleurs lui qui plus tard m’a prêté sa Playstation avec Final Fantasy VII parce qu’il n’aimait pas trop le style du jeu). Il m’a convaincu ce jour là de passer l’après-midi chez lui avec un jeu qu’il venait de louer : Dino Dini’s Soccer sur sa Super Nintendo.

Oui bon, c’est moche…

Après avoir convaincu ma mère que je n’avais pas trop de devoirs pour le lendemain et que je rentrerai avant le souper (avant 18h00 tapante, une minute plus tard et c’était l’Armageddon), je me suis retrouvé dans cette énorme pièce blindée de jeux et jouets à affronter mon ami et un autre de ses copains sur le jeu de foot. Je me souviens m’être pris de cuisantes défaites, mais de m’être bien amusé sur ce tas de pixels vu du haut, alors que mon copain, passionné par ce sport, me commentait les parties en direct pour les rendre épiques.

Épique comme l’engueulade mémorable que je reçu de ma mère ce soir là pour être rentré à 18h04, pourtant raccompagné par le père de mon ami. Comme quoi, il y a des souvenirs qui restent…

Je n’ai plus touché à un jeu de foot jusqu’à Coupe du Monde ‘98 sur PC, sur lequel je m’amusais à mettre 20 buts à l’équipe du Japon, aux statistiques désastreuses à l’époque. Et sans comparaison possible, je me suis aussi essayé aux versions japonaises sur émulateur de Captain Tsubasa, réalisant un rêve de pouvoir déchaîner leurs techniques surpuissantes sur un terrain de foot. Mais c’est tout.

Pour avoir tâté des simulations plus récentes, je n’ai jamais retrouvé de plaisir dans ces jeux trop sérieux et au final, aussi ennuyants pour moi que le sport réel, avec ses marques, ses statistiques de joueurs, d’équipe… bref son réalisme.

La sortie d’un jeu de foot qui me promettait de revenir à ces années lointaines d’insouciance vidéoludique avait de quoi m’intriguer.

L’introduction était longue, mais nécessaire pour que vous plongiez avec moi dans Dino Dini’s Kick Off Revival.

OneTouch

Dino Dini, le père de jeux de foot historiques comme Kick Off sur Atari (ou le Soccer sur Megadrive et Super Nintendo) revient avec une intention toute bête : ressortir un jeu de foot en vue du haut, expurgé de toute simulation, pour revenir à un côté plus orienté arcade, avec des contrôles limités à une seule touche et au stick gauche pour gérer les déplacements, tirs, passes et même le contrôle du ballon.

Il n’existera que deux types de réactions face à Dino Dini’s Kick Off Revival : l’abandon complet et définitif ou l’investissement forcené

Car n’allez pas croire que le jeu devient simpliste parce que le jeu n’offre pas de contrôles multiples. A l’inverse de beaucoup d’autres jeux de foot, la balle ici ne colle pas aux pieds de votre joueur. L’inclinaison du stick va influer ici sur votre vitesse de déplacement, mais aussi sur le contrôle de la balle, que l’on devine très vite sensible. Il faudra doser les accélérations, tenter le dribble, gérer les passes et forcer les tirs avec doigté, sous peine de voir la balle nous échapper.

Le terrain témoigne du ballet de tacles des premières parties

Le site communautaire dédié s’amuse d’ailleurs à proposer aux joueurs des schémas de contrôle, qui peuvent paraître ridicules de prime abord, mais terriblement nécessaires manette en main. Dino Dini’s Kick Of Revival mettra la grande majorité des joueurs face à leur incompétence et leur nullité.

Le Replay vous frustrera d’autant plus qu’il illustrera peu souvent vos actions… et pour cause….

Aucune concession n’est ici possible, domptez le jeu, persévérez ou abandonnez, en gardant en tête l’humiliation d’être vaincu par un simple jeu de foot monotouche. En terme de mode de jeux, on y a le strict minimum, allant des matchs amicaux aux compétitions ou entraînements, voire un petit tutoriel plutôt mal fichu, mais qui a le mérite d’exister. Graphiquement, on comprend mal l’apport de la 3D simpliste là où un beau PixelArt d’époque aurait été de meilleure composition. En résulte un rendu froid, cubique et peu engageant rendant peu honneur à la licence sur 16bits. Cela dit, on est assez rapidement captivé – ou rebuté – par la sensibilité du gameplay pour oublier cet aspect.

Résister est déjà une victoire en soi

Même au niveau le plus simple, l’intelligence artificielle – elle – fait montre d’une excellente maîtrise de la balle, et les premières parties s’avèrent catastrophiques. Les buts s’enchaînent dans votre camp, parfois marqués par vous-même dans une tentative désespérée de reconquérir le ballon. Au lieu de football, c’est du pugilat qui se déroule sur le terrain, chaque interception ou presque se soldant par un carton jaune à mon encontre. Non, je n’étais pas prêt pour ce type de jeu. Pas du tout.

Puis vient la énième partie.

Celle qui débute par une action parfaite, presqu’un instant de grâce où à force de pugnacité, vous parvenez à contrôler la balle avec une sensibilité millimétrée, à esquiver les tacles puis à tirer de manière précise dans le coin du but que vous visiez instinctivement, et ce avec un petit effet de balle.

Et c’est but.

Allégorie

Sur Dino Dini’s Kick Off Revival, marquer son premier but n’est pas anodin. Il procure un sentiment de satisfaction tel qu’on n’en a plus ressenti depuis longtemps dans un jeu de sport. Car rien dans le jeu n’a été pensé pour vous assister. C’est vous, la balle, et deux touches à l’assaut d’une montagne. C’est Doctor Who dans la Descente au Paradis, frappant le mur de cristal, l’effritant millimètre après millimètre.

Et autant vous prévenir, n’espérez pas vous frotter au mode en ligne avant longtemps, car vous n’auriez que deux cas de figure face au netcode pas très optimisé : affronter un joueur qui débute et votre match ne ressemblera qu’à un balai ridicule entrecoupé de tacles dans le vide, ou vous faire littéralement pilonner par un adversaire qui aura poncé le jeu jusqu’à le maîtriser. Et là, autant vous dire que cela relève du massacre, et d’un sentiment de vide profond. Pour une fois, battre le jeu n’est plus un gadget avant de passer en ligne, mais bien un entraînement obligatoire, indispensable, pour ne fût-ce qu’exister aux yeux des autres joueurs. Il n’existera donc que deux types de réactions face à Dino Dini’s Kick Off Revival : l’abandon complet et définitif ou l’investissement forcené. Sous ses atours peu flatteurs, le jeu de foot le plus anachronique qui soit vous enseignera l’humilité, vous qui pensiez être un pro sur Fifa.

Ah ah ah… vous êtes mignons…

Conclusion

Alors oui, l’impression est bien différente dans mon propre salon, sur un écran 40” ou une console portable aux sticks pas forcément adaptés à la précision du jeu, mais Dino Dini’s Kick Of Revival m’a littéralement renvoyé dans la salle de jeu de mon ami de l’époque, avec sa vue du dessus assez moche – mais inexplicablement en 3D – et le peu de pitié d’un jeu taillé pour éprouver autant vos nerfs que votre dextérité.

Dino Dini’s Kick Off Revival

  • Développeurs Avanquest Software
  • Type Rétro Foot Arcade
  • Support PS4, PSVita
  • Sortie 22 Février 2017
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Titiks

Quadra assumé, daron de 3 apprenties gameuses, fan de tout ce qui est capable de raconter une bonne histoire. Touche-à-tout, mais surtout de bonnes aventures qui savent surprendre, et dévoué à l'univers console depuis que Sega était plus fort que tout, vous me verrez bien plus souvent connecté à la nuit tombée #2AMFather.

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