On la pensait épargnée par les horreurs cosmiques et relativement éloignée des actes racistes subis par tout le casting jusqu’ici. A ceux qui en doutaient, la petite Dee, fille de la désormais cosmique Hyppolata et de Georges, est cette semaine au cœur de notre épisode de Lovecraft Country.
Attention, cette critique va forcément révéler des moments de l’intrigue globale de Lovecraft Country épisode 8 « Jig-A-Bobo »
Cruel Summer
Vous ne rêvez pas, le sous-titre de cet article est directement inspiré du groupe pop britannique de 1983. Et pour le souvenir, je vous le met ici. Pensez à l’écouter avant de lire ce qui suit.
C’est assez fun et frais non ? Un bon tube de Bananarama, ça met toujours de bonne humeur. La série aime jouer avec les contrastes, car après nous avoir passé du Rihanna, les showrunners s’amusent donc à passer “Cruel Summer” lors de la séquence d’intro. Il y est question de centaines d’afro-américains faisant la queue sous une chaleur accablante pour rendre un dernier hommage à un enfant noir torturé et méconnaissable. Des personnes ressortent du hangar où est exposé le corps en vomissant, à cause de la chaleur, de l’odeur mais aussi de l’état de l’enfant, véritablement broyé et boursouflé. Surnommé Bob, son vrai nom est Emmet Till. Et là ça devrait faire “pop” dans votre tête.
Emmet Till était un garçon Afro-Américain âgé de 14 ans en août 1955 qui a disparu après avoir – audacieusement et par défi – adressé la parole à la fille blanche d’un commerçant.
Trois jours plus tard, le corps d’Emmett Till a été retrouvé dans le fleuve Tallahatchie, battu sauvagement et atrocement torturé.
Ses bourreaux lui coupèrent une oreille, firent sortir un œil de son orbite, applatirent son nez et l’achevèrent d’une balle au visage. Ils lui attachèrent ensuite un poids autour du cou avec du fil de barbelés avant de jeter son corps dans le fleuve.
L’enfant était presque méconnaissable son corps pouvant uniquement être identifié grâce à un anneau. Là, ce n’est plus de la fiction, mais de l’horreur réelle.
Son meurtre sordide fut le premier événement médiatique qui a motivé le mouvement des droits civil américain. Il met en évidence les horreurs du racisme dans un fait diffusé en Amérique et partout dans le monde. Tous les Afro-Américains ont clairement compris qu’ils étaient tous soumis aux attaques et qu’aucun d’eux ne serait en sécurité.
Accessoirement, il s’agissait aussi du meilleur ami de Dee, que l’on a pu voir dans sa bande d’amis au fil des épisodes.
La jeune fille ne sera guère épargnée. Orpheline de père, sa mère ayant disparu mystérieusement depuis plusieurs jours, elle sent bien que tout le monde lui ment et sa colère face à son impuissance la poussera à quitter l’enterrement pour errer en ville.
Bien mal lui en avait pris, puisque comme cela nous avait été montré dans l’épisode précédent, sa bande-dessinée avait été laissée sur les lieux du crime à l’observatoire, et le chef de la Loge de Chicago – et accessoirement chef de la police – lui tombe dessus dans une ruelle pour l’interroger. Innocente et ignorante du monde magique, Dee ne sait pas répondre à Lancaster, qui en guise de représailles, et pour s’amuser un peu, lui lance une malédiction qui a de furieux accents de “Drag Me to Hell” de Sam Raimi en 2009.
Dee se verra en effet poursuivie par des représentations grotesques et racistes de deux petites filles du roman La Case de l’Oncle Tom.
Que se passerait-il si ces deux créatures lui mettaient la main dessus ? Après une fuite éprouvante, Dee décide de prendre les choses en main et d’aller confronter Lancaster. Celui-ci promet de la libérer de son sort si elle lui donne la fameuse maquette du système solaire étrange que convoite également Christina. Digne et furieuse, Dee refuse et décide d’affronter elle-même ces deux créatures.
C’est aussi un épisode qui montre la solitude totale de l’enfant, tout le monde étant trop occupé à ses propres problèmes et ignorant sa détresse. Les Adultes seront au final même responsables de sa défaite.
Leti est en effet aussi triste qu’en colère car Ji-Ah a décidé de se montrer suite à l’appel d’Atticus en Corée. Confrontée à l’ancien amour de celui qui est maintenant le père de son enfant, elle chasse Tic, qui décide dans son coin de “faire ce qu’il faut pour les protéger”. De son côté, Ji-Ah n’a d’autre choix que de raconter qu’elle a assisté à la mort de son amant lors de leurs ébats en Corée, époque aujourd’hui honnie par Atticus.
Atticus retrouve Montrose, avec qui il a une explication intéressante sur la condition de son père, et l’on y apprend que lors de son passage dans le portail qui a emporté Hyppolita, il pense s’être retrouvé dans le futur en pleine émeute, où une jeune femme lui a donné le livre “Lovecraft Country” avant de le repousser dans le portail qui l’a ramené chez lui. Il sait que le Georges Freeman indiqué comme auteur du livre n’est pas son oncle, mais devine qu’il est son fils ayant écrit le livre suite aux récits de son père. Est-ce réellement le cas ?
Mais surtout, il cherche à contacter Christina pour qu’elle le guide dans un sortilège de protection, en échange de la clé – qu’il sait inutilisable – du planétarium. il en profite pour lui en demander plus sur une date précise qu’il a lue dans le livre, ce à quoi Christina lui rétorque que c’est la date à laquelle elle deviendra immortelle.
Avec l’aide de son père, Atticus réalise donc une cérémonie ésotérique qui ne semble pas fonctionner.
De son côté, Leti prie pour la protection de son amant et rencontre elle-aussi Christina, à qui elle demande de jeter un sort d’invulnérabilité – dont elle-même profite – sur Atticus en échange des négatifs des pages perdues du Livre des Noms. Elle refusera, préférant jeter le sortilège de la Marque – qu’on a déjà vue sur le corps de William – sur Leti elle-même, désormais protégée de tout danger.
De son côté, Ruby est dévastée par le sort subi par Bobo et après une scène de sexe dans laquelle elle boit la potion pour la rendre blanche pour voir sa peau se déchirer pendant ses ébats, elle confronte Christina sur ses émotions : comment ne peut-elle rien ressentir – ni colère, ni tristesse ou pitié – face à un tel acte ? La réponse de Christina est sans appel : elle n’en a rien à faire que la ville soit au bord de l’explosion, rien à faire du sort de cet enfant, et elle sait que quelque part c’est aussi le cas de Ruby.
Pourtant, ses paroles semblent avoir un petit effet puisque Christina ira jusqu’à payer deux brutes pour qu’ils reproduisent -sur elle – les même services que ceux subis par Emmet Till, allant jusqu’à lever sa propre protection. Jetée dans l’eau, étranglée par un fil barbelé accroché à son coup, rouée de coup et blessée par balle, Christina fini par remonter du fleuve, saine et sauve grâce à la magie, mais en larme et anéantie. Ruby aurait-elle réalisé le miracle de lui instiller un peu d’humanité ?
S’enfermant dans le magasin de son père, Dee tend une embuscade sans espoir à ses poursuivantes diaboliques, mais le combat semble déséquilibré et est interrompu par Montrose, qui ne voit que Dee se débattre dans le vide. Il parvient à la maîtriser, persuadé qu’elle est démente, ce qui laisse aux deux petits démons l’opportunité de la blesser et sans doute de la posséder. On n’en saura pas plus avant la semaine prochaine concernant le sort de Dee.
C’est aussi le moment qu’à choisi Lancaster pour lancer un assaut sur la maison de Leti, ne pouvant lui-même y entrer depuis la protection placée par la médium lors de l’exorcisme d’Hiram. C’est l’occasion pour Leti de réaliser que les balles ne peuvent pas l’atteindre et que le charme de Christina fonctionne bel et bien. Atticus revient alors de chez son père, après la cérémonie manquée et tombe en plein dans la fusillade. Rapidement pris à parti par la police, il se fait tirer dessus trop rapidement pour que Leti le rejoigne. Mais à leur grande surprise, un Shoggoth débarque et met toute la police en pièce. Visiblement soumise à Atticus, la créature est la preuve que le rituel a bien fonctionné.
Il ne reste plus que deux épisodes avant la conclusion – cataclysmique ? – de Lovecraft Country, et on a de plus en plus de mal à patienter une semaine pour continuer l’aventure. Maintenant que tout les personnages ont eu leurs arcs et leurs intrigues, il est temps de tous les réunir pour mettre fin au cauchemar… encore faut-il sauver Dee.
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