Stellaris… voilà un jeu que j’attendais depuis très longtemps… depuis la Gamescom de l’année dernière à dire vrai. Le 4X à la sauce Paradox Interactive avait tout pour plaire : promesses d’un gameplay fignolé aux petits oignons, de jolis graphismes, des évènements à outrance pour pimenter les parties, etc. Mais, au final, que doit-on attendre de la part de ce jeu ? Est-ce que la première incursion de Paradox dans le 4X spatial, riche de ses expériences dans les jeux de gestion, est couronnée de succès ou s’avère être un four monumental ? Autant le dire tout suite et ne pas maintenir inutilement le suspense : c’est probablement l’un des meilleurs 4X auquel vous jouerez de votre vie !

Stellaris fait figure d’exception dans le paysage des productions de Paradox Interactive : cette fois-ci, il ne sera plus question de partir à la conquête de toute la planète en choisissant une civilisation historique, à l’instar de Hearts of Iron (seconde guerre mondiale), Crusader Kings (moyen-âge), Europa Universalis (renaissance) ou de Victoria (époque victorienne… avec un nom pareil, on ne s’en serait pas douté !). Non, mon bon monsieur et ma bonne dame : pour le coup, on mettra le cap vers les étoiles avec la petite dose de science-fiction qui va forcément bien avec. A vous de mettre sur les rails et d’ériger aux firmaments une civilisation qui vient à peine de s’éveiller à la conquête spatiale.

Un look transcendant et pas mémérisant

Au départ, vous aurez le choix entre plusieurs civilisations prédéfinies sur lesquelles vous pourrez exercer vos petites mimines, mais le véritable sel du jeu sera de créer et personnaliser votre empire et vos sujets galactiques. Pour ce faire, vous aurez véritablement l’embarras du choix : non content de proposer une multitude de personnalisation possible quant au « look » (AILLE AILLE AILLE, MA CHÉRIIIIIIIE !) de votre empire (nom, apparence du peuple, de ses vaisseaux ou de ses villes, blasons, etc.), il vous sera également loisible de choisir des orientations philosophiques de votre tribu de l’espace. Ainsi, à vous les joies de mener un empire militaire et sanguinaire, une république religieuse et pacifique ou encore une société oligarchique et collectiviste. Pour celles et ceux qui aiment s’imaginer et se raconter des histoires, c’est clairement le nec plus ultra compte tenu de tous ces aspects personnalisables (il y en a bien d’autres, mais je vous laisse le plaisir de les découvrir).

T’as vraiment pas une gueule de porte-bonheur !

Longue vie et prospérité

Une fois la partie réellement lancée, vous débuterez avec votre planète mère et quelques vaisseaux pour amorcer votre expansion. Ce début d’expansion se traduira le plus souvent par l’exploration des systèmes avoisinants grâce à un vaisseau scientifique qui va analyser chaque planète du système. Si l’on trouve assez souvent des ressources à collecter pour votre empire, il sera également possible de tomber sur des évènements aléatoires avec un facteur de succès : en cas réussite, à vous les bonus (du looooooooot !) mais en cas d’échec… ça risque de vous coûter très cher (surtout en début de partie). A vous de bien soupeser les risques avant d’accepter tout évènement aléatoire.

Stellaris image du jeu 2

Une fois un système cartographié, les ressources que vous aurez retrouvées sur les planètes pourront faire l’objet d’une récolte pour venir remplir vos caisses. Pour que cela soit possible, il faudra faire venir un vaisseau de construction (également disponible dès le départ) afin qu’il aménage une station minière en orbite. Il est également possible de construire des centres de recherche en orbite afin « d’extraire » des points de sciences présents sur certaines planètes, histoire de faire plaisir à vos chers chercheurs et d’augmenter la vitesse de recherche des technologies. On l’aura compris : l’exploration est vitale à votre empire pour amasser les ressources nécessaires à votre expansion et, autant le dire : cette phase a été clairement réussie par les développeurs.

Espace, ultime frontière

En ce qui concerne l’expansion, cette dernière peut prendre plusieurs formes : la plus évidente dans un 4X de l’espace sera la colonisation d’autres planètes. Avec les ressources adéquates et les technologies nécessaires, vous pourrez vous lancer à l’assaut des planètes habitables pour les marquer de votre emprunte et développer votre civilisation. Il faudra dès lors gérer la surface de votre planète (aménager des bâtiments qui procureront toutes sortes de ressources [comme de la nourriture, de l’énergie,… voire des laboratoires ou des silos de ressources], désigner un gouverneur, construire une armée terrestre, promulguer des décrets qui augmentent certains bonus à votre colonie, etc.) et son orbite (création d’une station spatiale, déploiement de plateforme orbitale, etc.). Il sera également nécessaire de faire attention à la planète que vous choisirez : toutes ne sont pas hospitalières à votre race et il faudra se contenter, dans un premier temps, de planètes ressemblant peu ou prou à votre planète de départ (que vous pouvez bien évidemment choisir, comme par exemple les mondes arctiques, désertiques, océaniques, continentaux, etc.)

Stellaris image du jeu 3

Seulement voilà : votre expansion coloniale sera vite limitée compte tenu du fait que le nombre de planètes que vous pouvez diriger directement est plafonné (en général 5 planètes, dépendant principalement des choix philosophiques et gouvernementaux de votre civilisation et des recherches effectuées). Il faudra dès lors scinder votre empire et donner une certaine indépendance à ce secteur en nommant (de préférence) un gouverneur à sa tête. Le secteur continuera toujours à vous alimenter en ressources (un peu moins, forcément, ces braves gens doivent subvenir à leurs besoins !) et se gérera tout seul en lui donnant des directives générales sur son développement (armée, industrie, recherche, etc.). En contrepartie, il faudra tout de même jeter un œil de temps à autre sur ce secteur, au risque que celui-ci se sente pousser des ailes et commence à vouloir prendre son indépendance (Pendards ! Fourbes ! Coupe-jarrets !). En résumé, on transpose finalement dans l’espace un système féodal comme on avait l’habitude de voir dans les précédents opus de Paradox et je dois dire que j’adore : cela permet de conserver des aspects de micro-gestion même en fin de partie et rajoute une dimension de complots et d’intrigues au sein de votre empire (un peu moins poussée que dans Crusader Kings, mais toujours bien présente).

Nous venons en paix

Après avoir étendu votre empire pacifiquement dans les systèmes avoisinants, vous vous rendrez vite compte que vous n’êtes pas seul dans l’univers. Il faudra dans un premier temps recourir à la recherche pour pouvoir comprendre leur langage pour ensuite lancer les pourparlers avec vos voisins. Cependant, il faut bien avouer que l’aspect diplomatique est l’un des points faibles du jeu : souvent passive, l’IA ne vous cherchera que très rarement des noises. Au pire, si elle ne sait pas vous piffer à cause de vos convictions philosophiques, elle vous enverra des insultes (quitte à vous spammer d’ailleurs…). Ce qui est même assez bizarre, c’est que vous pouvez attaquer n’importe quel vaisseau d’une autre civilisation sans véritable malus diplomatique tant que vous n’avez pas décrypté leur langue, ce qui donne des situations du genre : « Oh mon dieu, vous m’avez défoncé toute ma flotte ! Mais, vu qu’on ne se comprenait pas encore, on va dire que ça ne compte pas et on va mettre les compteurs à zéro. Bienvenue cher ami ! ». C’est plutôt déroutant d’avoir des Ned Flanders de l’espace face à vous… On nous assure du côté des développeurs que cette passivité de l’IA et les errances de la diplomatie seront bientôt corrigées dans trois prochaines mises à jour (répondant aux doux noms de Clarke, Asimov et Heinlein). Pour remplacer cette IA, on se rassurera dans l’attente de ces mises à jour avec le multijoueur qui, pour le coup, fait vraiment bien le café et ne se cantonne pas à son rôle habituel « d’accessoire » dans les jeux de gestions.

Et hop ! Encore un « malentendu »… Oh la la, que je suis incorrigible !
Et hop ! Encore un « malentendu »… Oh la la, que je suis incorrigible !

Cafard à l’entrée, bouillie à la sortie

Si, malgré tout, vous réussissez à entrer en guerre avec une autre civilisation, il faudra fourbir vos armes et vous préparer à assiéger les colonies de vos adversaires… ou défendre les vôtres (événement qui relève du miracle car, même si vous vous êtes fait rétamer toute votre flotte et que vous vous retrouvez donc en position de faiblesse, Ned Flanders ne viendra quand même pas vous attaquer). Pour cela, il faudra développer technologiquement votre arsenal via la recherche scientifique. Chose assez inhabituelle : les recherches sont aléatoires, dans le sens où vous avez le choix entre plusieurs technologies à développer avant d’en sélectionner une mais que, si vous ne la sélectionnez pas tout de suite, vous risquez de ne plus retrouver cette technologie dans les choix avant plusieurs années. Dans mes souvenirs, c’était également le cas dans Victoria et je dois dire que, même si l’idée parait sympa sur le papier (plus d’aléa, donc plus de nouveaux défis à chaque « run »), ça a le mérite de parfois pourrir inutilement vos parties : par exemple, si on ne choisit pas la technologie qui permet de créer des vaisseaux colonisateurs dès le départ, on risque de ne plus la revoir avant longtemps et donc de retarder énormément votre expansion… dans ce cas, autant relancer une nouvelle partie.

Une fois vos technologies développées et vos prototypes prêts (personnalisation de vaisseaux possibles), il suffit de lancer vos spatioports dans la production de vaisseaux offensifs, de créer une armée et de nommer un amiral à leur tête. Ensuite, direction l’ennemi. Et que dire si ce n’est que les combats sont simplement magnifiques à regarder. Même après plus d’une quarantaine d’heures de jeu passé dessus, je n’ai jamais raté l’occasion d’assister à une bataille spatiale. Là où les autres jeux de Paradox laissaient place à une suite de statistiques austères en temps réel représentant l’évolution de la bataille, on assiste enfin à une représentation graphique en temps réel du combat et autant dire qu’à ma connaissance, aucun autre 4X à l’heure actuelle n’arrive à égaler ce niveau-là. Pour une nouveauté, ils y ont été forts ! Bref, les combats : on adore et on en redemande !

Quand la routine s’installe…

Arrivé à ce stade, le jeu tire en longueur...
Arrivé à ce stade, le jeu tire en longueur…

Il faut bien avouer que le jeu est riche en termes d’options de gameplay : faire de l’exploration, construire des vaisseaux, coloniser et gérer ses planètes, construire des stations orbitales, développer des cultures « inférieures » pour qu’ils soient vos « vassaux », etc (la liste est loin d’être exhaustive !). Mais, au bout d’un moment, le jeu devient assez vite routinier. Il manque par exemple des éléments aléatoires de mid-game qui viendraient agrémenter votre partie en perturbant l’équilibre de votre empire. Si on prend l’exemple des autres jeux Paradox, il y avait toujours des éléments historiques ou aléatoires qui venaient vous sortir de votre train-train quotidien. Je ne suis évidemment pas contre toute évolution du gameplay, mais retirer (ou omettre) les évènements  de mid-game pour ne rien prévoir à la place, cela instaure un rythme beaucoup trop régulier que seuls les événements de fin de jeu pourront venir casser (heureusement d’ailleurs). Ce problème a été également entendu par les développeurs : travaillant d’arrache-pied pour trouver une solution, Henrik Fahraeus (game director de Stellaris) nous assure que le mid-game sera approfondi dans les prochaines mises à jour. Wait and see comme on dit dans la langue de Kanye West…

Conclusion

Stellaris est de loin l’un des meilleurs 4X auquel j’ai pu jouer ces vingt dernières années. Magnifique, complet et accessible (sans pour autant diminuer honteusement sa complexité), le jeu vous mettra plein d’étoiles dans les yeux et ravira vos attentes de despote bienveillant. On notera cependant quelques petits soucis au niveau du mid-game beaucoup trop routinier et une intelligence artificielle un peu trop passive et « bon voisin ». Mais vu les promesses des développeurs (qui sont toujours à l’écoute des joueurs) quant aux prochaines mises à jour et quand on connait bien les habitudes de Paradox à toujours tenir ses engagements (chacun de leur jeu ayant toujours eu besoin d’un peu de calibrage à leur sortie), on s’attend à obtenir dans les prochains mois une véritable référence du 4X spatial.

Stellaris

  • Développeurs : Paradox Interactive
  • Type : 4x / gestion
  • Support : PC
  • Sortie : 09 mai 2016

Y’a bon!

  • Graphiquement beau (pour un 4x)
  • Personnalisation très complète
  • Early et late game excellents
  • Très accessible sans pour autant être casualisé
  • Gameplay bien maitrisé

Beuargh!

  • Mid-game routinier
  • IA très passive
  • Arbre technologique aléatoire
Show Full Content

About Author View Posts

Petit Ange Parti Trop Tôt

Parfois, un Pixel s'éteint et vogue vers d'autres horizons. Mais ce n'est pas parce qu'il ne fait plus partie de notre grand barbecue que ce qu'il a écrit disparaît !

Previous I Am Setsuna dégaine déjà son joli trailer E3 2016
Next Tera : Ninjas et montures volantes en approche

Comments

Laisser un commentaire

Close

NEXT STORY

Close

Firewatch se baladera sur Switch le 17 décembre

03/12/2018
Close