La triche a longtemps fait partie du paysage vidéoludique. Qui n’a jamais entendu « oh j’ai trouvé le code pour avoir un tank dans GTA !! » ? Le tank…symbole phallique ultime, la toute-puissance incarnée pour un joueur tout heureux de pouvoir faire péter le score et les six étoiles de recherche. Si la triche a un effet libérateur dans certains jeux, 90% des jeux la répriment encore, arguant que tricher, bah…c’est pas cool, « c’est pas du jeu ». Qu’il s’agit là d’un acte répréhensible, parce que les développeurs se sont saignés pour pondre une expérience originale, singulière et prenante, avec ce qu’il faut de frustration pour transformer celle-ci en plaisir coupable, et que vous, là, sans scrupule aucun, vous venez foutre tout ça en l’air pour le seul plaisir égoïste et narcissique de vous sentir plus fort que les autres. On vous a déjà fait la morale, non ? Eh bien…ceux qui vous disent ça se trompent.
Tricher, c’est certes exploser le travail d’orfèvre d’un game design soigné (et j’avoue que c’est pas très cool, mais comme disait Dalaï Lama « Y’a que les boloss qui cherchent pas à fumer les gens »), mais c’est pour mieux mettre en avant celui du level design. En entrant un code de triche qui vous donnera accès à des fonctions supplémentaires/cachées/inaccessibles, vous « testez » le jeu, vous testez ses limites, vous êtes en quelque sorte un testeur de jeu vidéo 3.0. Et en ces temps de crise, c’est plutôt cool de trouver un tel boulot non ?
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Mais plus encore, il s’agit de transcender, que dis-je de sublimer l’œuvre, de sortir du cadre, de colorier en dépassant, de dire fuck au système et s’affirmer en tant qu’homme libre ! Tricher, c’est faire front aux créateurs du jeu, c’est faire la démarche d’aller soi-même défier les règles pour les mettre à plat, c’est entrer dans l’arène pour affronter le lion alors vous avez payé pour rester le spectacle des gladiateurs dans les tribunes.
La triche donne à voir ce qu’il y a de plus beau en l’homme, elle est l’incarnation numérique du principe même de rébellion, elle représente un homme affranchi de toute représentation mentale de la contrainte. L’homme qui triche, c’est celui qui ne laisse pas son plaisir être dicté par des règles de conduite, aussi vidéo-ludiques furent-elles. « Jouissons sans entrave ! » disait Nietzsche. Or que sont les règles d’un jeu, sinon un ensemble d’entraves qui vous berceront dans le bonheur illusoire d’un plaisir immédiat, vous ôtant en réalité le luxe véritable d’une liberté totale ? Alors libérez-vous ! Trichez, assumez, amusez-vous à museau ouvert ! Dites non à un conformisme du plaisir aussi absurde que paradoxal ! Le jeu n’est pas votre ennemi ni votre mentor qui vous imposerait des règles, il est votre ami, votre support au service d’un plaisir infini. Les règles ne sont que mensonge et perversité, ils n’apportent que fermeture d’esprit et bien-pensance. Le Joker disait « pour survivre dans ce monde, il faut oublier les règles ». Alors qu’attendez-vous pour faire haut-haut-bas-bas-gauche-droite-gauche droite-B-A ?
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