Sorti en 2003 sur PS2, Shin Megami Tensei III Nocturne est plus connu chez nous avec le sous-titre Lucifer’s Call. Si le titre n’avait pas soulevé les foules à l’époque, les récents succès de la série dérivée Persona pousseront peut-être les joueurs à se tourner vers ce Remaster. Mais attention, si on reste en terrain connu, SMT3 n’est pas Persona.


Shin Megami Tenseï III Nocturne HD Remaster


Supports : PC, Switch, PS4

Genre : JRPG

Date de sortie : 21 Mai 2021

Editeur : SEGA

Développeur : Atlus

Multijoueurs : Non


Un Remaster qui aurait clairement pu en faire plus, mais qui permet de remettre en lumière un excellent jeu pas comme les autres !


  • Une histoire et un univers vraiment unique
  • Le gameplay, très efficace
  • La gestion des démons, de vrais compagnons et pas des esclaves
  • Les doublages japonais
  • La sauvegarde rapide qui aide quand même dans les longs donjons
  • Un mode plus facile pour découvrir la série en douceur.
  • Un Remaster service minimum
  • Une version complète à 70€, ouch !
  • Le mode Permissif… vraiment trop permissif
  • Une ergonomie qui aurait pu être revue

La fin du monde

C’est étrange de faire le travail inverse. Présenter une série mère en regard de sa série dérivée est un exercice inhabituel, mais force est de constater que SMT n’est pas aussi populaire que les très funky derniers Persona. Plus sombre et désespérée, plus difficile et abrupte aussi, la série Shin Megami Tenseï offre une vision macabre de l’avenir. En fait, la fin du monde survient dans les premières minutes du jeu, et l’intégralité de l’humanité a disparu, remplacée par des hordes de démons. 

Vous, le joueur, êtes le Protagoniste, un lycéen japonais ordinaire, et une coquille vide en route pour retrouver deux de ses amis et rendre visite à votre professeur malade à l’hôpital.

Lorsque vous arrivez à l’hôpital, vous trouvez vos amis, mais l’hôpital lui-même est mystérieusement désert. Vous trouvez enfin votre professeur, qui vous dit qu’elle est une Vestale qui participera à la fin du monde, afin de le faire renaître lors d’un événement nommé Conception. Et ce qui se passe ensuite ne se produit en général jamais dans un JRPG : la fin du monde a réellement lieu.

Après le déclenchement de la Conception, tout le monde à l’extérieur de l’hôpital est tué instantanément et transformé en âmes. Tokyo est transformée en un monde sphérique, qui est peuplé de démons. Un jeune garçon mystérieux plante un « Magatama » dans l’œil du protagoniste, ce qui a pour effet de le transformer en Mi-Démon – un être au corps de démon et au cœur d’humain. Ce n’est pas le Devilman de Go Nagaï, mais c’est la même idée.

Si votre protagoniste ne possède aucune personnalité, ce n’est pas que pour pouvoir s’y projeter, comme toujours dans ce type de production. Dans SMT3, le destin du monde repose sur vos décisions. Au cours du jeu, la personnalité du protagoniste se développe en fonction de vos choix et c’est à vous de déterminer quelle philosophie formera les lois du nouveau monde, et quel sera votre rôle dans celui-ci. Vous aurez pour cela d’autres visions auxquelles adhérer ou vous confronter, incarnées par d’autres clans démons prônant une certaine philosophie, mais aussi certains autres humains qui ont dû s’adapter à ce nouveau monde et qui veulent également lui donner une direction.

A l’heure où tout doit être redéfini, votre vision du monde se heurtera à celle des autres

En tant que démon nouvellement né, le Protagoniste peut maintenant utiliser les capacités des démons en consommant des parasites Magatamas, qui peuvent changer ses statuts et les compétences qu’il apprendra en montant de niveau. Il existe 25 Magatamas différents dans le jeu et une grande variété de compétences possibles à apprendre. On pourrait rapprocher ce système des Espers de FFVI, le côté invocation en moins.

La bonne nouvelle est que vous ne vous battez pas seul ! A la différence de Persona, vous ne combattez pas avec des amis, mais avec d’autres démons que vous avez pu convaincre de vous rejoindre. Comment faire pour qu’un démon rejoigne votre groupe ? Il suffit de lui « Parler » (ou d’utiliser une compétence ayant la même utilité chez vos démons) et lui demander de vous rejoindre. La plupart des démons négocieront d’abord en demandant de l’argent et des objets, ou te poseront une question. Certains n’aimeront pas votre réponse ou prendront simplement votre argent et s’enfuiront en se moquant de votre crédulité, ce sont des démons, après tout !

A noter que certains démons sont si dépourvus d’intelligence que leur demander ne servira à rien. D’autres encore seront trop puissants pour daigner vous rejoindre à ce moment là. Notez aussi que les phases de la Lune de ce monde auront une influence sur l’agressivité et le comportement des démons. Certains de vos démons vous proposeront parfois de vous parler pour vous donner des objets, ou vous demanderons si vous les laissez modifier l’une de leur capacité comme bon leur semble. A vous de voir ce que vous leur permettez, car le résultat n’est jamais garanti !

Vous pouvez également vous rendre dans « La cathédrale des ombres » et fusionner deux démons ou plus pour créer des créatures plus puissantes, ou en réinvoquer un via le Compendium. Jusqu’ici, les nombreux joueurs de Persona sont en terrain connus.

Les boss sont redoutables

Le système de combat du jeu est le système déjà connu des jeux Atlus. Il s’agit d’un système de combat au tour par tour typique des JRPG, mais il vous permet d’obtenir plus de coups par tour en exploitant les faiblesses des ennemis, à l’image des “One More” de Persona. Exploitez une faiblesse d’un ennemi, et gagnez une action supplémentaire en somme. Cela encourage à varier un peu son jeu et son équipe pour exploiter un maximum de faiblesse, d’autant que le jeu est difficile et que vous aurez bien besoin de toutes vos forces pour parvenir au bout du jeu. Car si vous faites le mauvais choix, vous risquez de voir apparaître l’écran « Game Over », même s’il s’agit d’une simple rencontre aléatoire.

Le jeu n’est pas facile, même si vous jouez en mode Normal. Je peux vous garantir que vous mourrez plus d’une fois et que les séances de farm devront être régulières pour vous maintenir à niveau, surtout au niveau des boss, qui exigeront des configurations d’équipe spécifiques pour exploiter leurs faiblesses et éviter de leur donner l’avantage. et pour cela, il sera souvent nécessaire de vous y frotter d’abord avant de recommencer le combat mieux équipé. Le jeu ne vous explique même pas les mécanismes de base, ce qui est acceptable si vous avez déjà joué à un jeu Shin Megami Tensei ou un Persona, mais peut-être déroutant pour les nouveaux venus.

Graphiquement, ce HD Remaster fait le minimum syndical. Si le design général est assez envoûtant, avec son monde détruit et vidé, ses énormes bâtiments géométriques et ses aplats de couleurs, les textures ne sont pas toujours des plus nettes et même certaines vidéos sont restées en 4:3 et en basse définition. Les longs couloirs vides et labyrinthiques peuvent paraître ennuyeux, mais leur design varie suffisamment pour que l’on apprécie tout de même y progresser.

Les cinématiques ne sont pas rehaussées

Certains des démons sont bien détaillés et ce Remaster leur rend cependant bien honneur. Leur design est basé sur des êtres mythologiques et des créatures issus de religions et de cultures du monde entier, le côté infernal en plus par rapport à Persona (même si il s’agit en fait du même bestiaire).

Niveau bande-son, celle du jeu est composée par Shoji Meguro (que vous connaissez aussi pour Persona) et elle est très qualitative, avec une musique différente pour chaque zone et divers airs pour les batailles et les combats de boss. Si les compositions dédiées aux combats sont en général très énergiques, les autres musiques sont plus calmes et respecte parfaitement l’ambiance apocalyptique du jeu.

La carte du monde pourra surprendre, mais on s’habitue

Ce Remaster inclut également le doublage anglais et japonais pour la première fois, en plus d’être sous-titré intégralement en français. Quelques améliorations plus modernes sont aussi au rendez-vous, comme une sauvegarde rapide à n’importe quel moment (qui vous oblige à quitter le jeu), mais à mon sens, ce Remaster aurait pu aller plus loin dans l’ergonomie. Si il s’agit d’un véritable choix de laisser le joueur trouver lui-même quoi faire et de rester attentif aux dialogues pour avoir des indices, de ne pas avoir de journal de quête ou de marqueurs spécifique sur la carte pour savoir quoi faire, l’ajout d’une minicarte accessible en bas à droite aurait pu faciliter un peu plus l’orientation du joueur et la fluidité de l’exploration. Ici, il est toujours nécessaire d’appuyer sur une touche pour afficher la carte du lieu, ce qui peut parfois ralentir la progression dans les donjons. Dans la même optique, les contrôles du personnage sont toujours aussi lourds et basés sur 8 axes. De ce fait, on a parfois l’impression qu’il répond mal aux modifications plus subtiles de la direction auxquelles sont habitués les joueurs modernes. Pour dire, il est même plus précis et facile de garder le stick gauche enfoncé vers le haut et de modifier la direction à l’aide de la caméra.

Les joueurs européens de 2003 pouvait affronter puis recruter (tard dans le jeu) Dante, le chasseur de démon de Devil May Cry. Il s’agissait même d’un argument de vente. Pour cette version Remaster, Dante ne sera inclus que dans le mode Maniax via un DLC, tandis que le personnage de Raidou Kuzunoha issu de la série Devil Summoner reprendra sa place originale.

Raidou se révèle un adversaire de taille… et un allié précieux

Bien qu’il ne soit pas le protagoniste du jeu, Raidou reste silencieux, son chat Gouto parlant à sa place. La plupart des compétences qu’il possède dans le jeu sont similaires à celles de Dante dans le jeu de 2003, mais elles portent de nouveaux noms. Les différences entre leurs répertoires de compétences sont que Dante peut apprendre le passif de conversation « Intimidation », mais Raidou utilise « Arbitrage », et également l’équivalent du « Serment du fils » de Dante, qui possède l’effet supplémentaire de Pierce, ce qui le rend plus que recommandable dans la bataille contre le boss ultime.

En suivant uniquement la quête principale, le jeu prendra environ 50 heures à terminer, avec 6 fins différentes à débloquer, en fonction de vos choix tout au long du jeu. Si vous suivez les quêtes secondaires, vous obtiendrez facilement plus de 80 heures de jeu. Étant donné qu’elles développent encore plus l’histoire et récompensent via des Magatamas, il n’y a aucune raison de ne pas s’y plonger.

Le Remaster inclut aussi un mode de difficulté “Permissif” – qui semble être bloqué à la version Deluxe du  jeu sur console, mais à confirmer à la sortie officielle – qui fait office de mode “Facile”. L’expérience normale de SMT3 est assez relevée et plaira aux amateurs de challenge, de farm et de fusions parfaites de démons. Le mode Permissif quant à lui rend le jeu d’une simplicité enfantine. Les combats aléatoires interviennent bien moins souvent, vos personnages esquivent très souvent, les ennemis frappent bien moins fort et possèdent moins de points de vie. Je trouve ce mode bien trop facile, mais permettra sans doute à un plus grand nombre de joueurs de plonger dans SMT3, qui même sans la difficulté de ses combats, demande de l’investissement. Un investissement très rentable puisque le jeu offre un univers vraiment atypique, fascinant et une excellente histoire. Notez tout de même que le niveau de difficulté est réglable à tout moment dans les options. Vous pouvez donc passer d’un mode à l’autre comme bon vous semble suivant la situation si un obstacle vous semble trop difficile.

Être porteur d’un grand pouvoir attire forcément des rivaux… qui ne tarderont pas à se manifester

Mais je trouve assez nul le fait d’avoir bloqué le mode Permissif à la version Deluxe, qui est 20€ plus chère sur console (et qui contient aussi Le Pack Maniax avec Dante à la place de Raidou, le pack musical de SMT pour remplacer la musique des combats et de la carte du monde, et les nouveaux lieux Clémence et Espoirs dédiés au farm d’expérience et d’argent), portant le titre “complet” à 69€ – onéreux pour un Remaster qui tient plus du portage HD. C’est d’autant plus rageant que la difficulté originale du jeu, l’âpreté de son exploration couplée à son tarif seront autant de vrais freins à la découverte de SMT par le plus grand nombre.

Shin Megami Tenseï III Nocturne HD Remaster

Titiks

L’avis de Titiks sur PS4

En Bref

Shin Megami Tenseï III Nocturne HD Remaster est un excellent jeu, avec une histoire, des personnages et un gameplay très réussis. Ce n’est certainement pas un jeu pour tout le monde et ce Remaster ne va pas aussi loin qu’il le devrait et certains des DLC devraient être inclus. Mais si vous aimez les RPG à l’ancienne et appréciez une bonne histoire, vous devez essayer ce jeu, qui pourra peut-être vous motiver à sauter sur Shin Megami Tenseï V prévu cette année. Quant à SMTIV, il fera peut-être office d’un Remaster complet, n’étant sorti que sur 3DS.

3.5
Show Full Content

About Author View Posts

Titiks

Quadra assumé, daron de 3 apprenties gameuses, fan de tout ce qui est capable de raconter une bonne histoire. Touche-à-tout, mais surtout de bonnes aventures qui savent surprendre, et dévoué à l'univers console depuis que Sega était plus fort que tout, vous me verrez bien plus souvent connecté à la nuit tombée #2AMFather.

Previous Test : Clavier HP Omen Spacer
Next Warhammer Age of Sigmar : Storm Ground annonce du Crossplay intégral

Comments

Laisser un commentaire

Close

NEXT STORY

Close

Test: Infliction: Extended Cut (Switch) – Horreur dans la maison Pout

27/06/2020
Close