Je ne sais absolument comment gérer ce test de Persona 5 Royal car je pense avoir déjà beaucoup développé sur Persona 5 dans le précédent article. Pour Persona 5 Royal, il me semble un peu inutile de simplement faire le point sur les nouveautés – même si on va le faire quand même. Cela dit – et sans mauvais jeu de mot – cette nouvelle mouture de Persona 5 constitue quelque peu le Saint Graal des JRPG de sa génération.
Persona 5 Royal
Supports : PS4
Genre : JRPG
Date de sortie : 20 mars 2020
Editeur : Koch Media
Développeur : Atlus
Multijoueurs : Non
Plus qu’une mise à jour, Persona 5 Royal devient un titre archi-complet à tous les niveaux !
- Les ajouts de gameplay
- Enfin en Français
- Les ajouts narratifs intéressants et bien intégrés
- De nouvelles phases pour les boss
- L’exploration du Mémentos prend une autre dimension
- Un nouveau quartier à explorer !
- Plus de moments pour gérer ses activités
- C’est long !
- Ryuji inutilement vulgaire
- Des récompenses anecdotiques pour les joueurs de P5
Métanoïa
Pour clarifier les choses, Persona 5 Royal n’est pas une suite de Persona 5, mais une version augmentée. Il ne s’agit pas non plus – comme on peut le voir assez souvent – d’une version “complète” avec tous les DLC. Persona 5 Royal – comme l’indispensable Persona 4 Golden en son temps – constitue en fait une version revue et améliorée du jeu de base. Il s’agit donc des mêmes événements que dans Persona 5, mais avec quelques ajouts narratifs (un nouveau personnage, des nouveaux confidents, un mois supplémentaire et un nouveau Palais tout de même), des Palais avec de nouvelles zones, un grappin pour les explorer, de nouvelles séquences lors des combats de boss, des attaques spéciales combinées et une traduction française entre-autre choses. A ceux qui auraient déjà terminé Persona 5 et qui pensaient pouvoir faire le jeu en mode automatique, sachez que les ajouts narratifs – notamment concernant le nouveau protagoniste féminin – sont disséminés naturellement pendant toute l’aventure, s’intégrant parfaitement à l’histoire, comme tout ce qui concernait Marie dans P4G. Du coup, il faudra être attentif et intégrer ces nouvelles données.
Je dois avouer que cela rajoute encore de la longueur à un titre qui n’en avait pas besoin, néanmoins pour tout qui découvrira le jeu avec cette version, cela permet de prolonger le plaisir et de continuer à côtoyer nos héros. Pour le coup, je râle que ce Persona 5 Royal ne soit pas accessible sur la Switch. P4G avait énormément gagné en passant de la PS2 à la PSVita, offrant un JRPG incroyable à une console déjà riche en titres de qualité et permettant de vraiment profiter des côtés “slow-life” et de la narration quotidienne partout avec soi.
Persona 5 Royal reste cantonné à la console de salon, c’est dommage, mais si vous cherchez un titre à faire un peu tous les jours (voire beaucoup, quand vous vous lancez à l’assaut des Palais), c’est sans doute la meilleure proposition qu’on aurait à vous faire pour le moment. Le titre étant assez généreux en plus sur la gestion du temps, vous avez moyen de maximiser les journées du héros en multipliant les activités (lecture, vidéo, nettoyage, baïto, sorties…) et les rencontres – et donc les liens noués avec les autres, dont des nouveaux avec les jumelles de la Velvet Room ou le psy de l’école par exemple – pour avoir cette impression d’avoir passé votre temps de manière qualitative. Au sujet des Confidents – essentiels pour améliorer vos Personae, il faut noter qu’Atlus a modifié la façon d’entrer en relation avec eux, comme le politicien par exemple. Plus de confidents, ce sont plus de liens à maximiser, mais comme vous disposez d’un peu plus de temps et de nombreux moments libres, il faudra juste bien gérer le tout, en n’oubliant pas le fameux Mémento.
De plus, de nouvelles subtilités de gameplay sont apparues, avec entre-autre, la possibilité pour les ennemis de vous « capturer » un allié en plein combat, la possibilité de passer le relais à un allié en augmentant la puissance de l’attaque suivante ou encore recevoir des bonus passifs lors des fusions de Personae. Les Palais sont également plus grands, et leur exploration quelque peu modifiée par l’arrivée de deux nouveaux éléments : tout d’abord le grappin qui permet – à des endroits bien précis – de rejoindre de nouveaux endroits à explorer, et les Graines de la Convoitise, au nombre de trois par Palais, à découvrir en fouillant les nouvelles zones et en battant le plus souvent un ennemis plus fort que la moyenne. Ces graines disparaissent également lors de la complétion d’un Palais, nous poussant à mieux explorer les donjons, mais si d’aventure nous en rations un, il sera toujours possible de le récupérer auprès du mystérieux Jose.
Ce dernier est un étrange petit bonhomme (qui n’est pas sans rappeler Emil dans NieR Automata) qui parcourt le Mémento aléatoirement en vue de récupérer des Fleurs étranges. Ces fleurs, vous pouvez vous-même les collecter pour les lui échanger contre des objets intéressants, dont les fameuses graines ratées. Le prix sera assez élevé (d’autant que vos Fleurs disparaissent une fois que vous ressortez du Mémento) mais les récompenses en valent le coup. En échange de petits badges à collecter dans les étages du labyrinthe (fourbement présentés comme optionnel), Jose pourra aussi modifier la nature du Memento pour vous octroyer des bonus d’argent, d’objets ou d’expérience, idéal pour farmer ! Mais gare au Faucheur qui rôde si vous y passez trop de temps…
En outre, il gérera également le Repaire des Voleurs, un nouveau mode qui fera office de musée Bonus à personnaliser, permettant de voir des illustrations, cinématiques, diorama voire même de jouer à un jeu de carte sympathique. Histoire qu’on y passe encore plus de temps, m’voyez ?
L’ajout le plus notable reste certainement Kasumi, cette nouvelle protagoniste introduite dés la première séquence de jeu et qui vient en aide à Joker avant son arrestation et qui se dit redevable. Pour quelle raison ? Ce mystère se dévoile tout au long de l’année, à coup d’ajouts de séquences (qui débutent réellement en mai, avec les liens de Confident noués avec elle) qui nous présenteront plus longuement la relation entre l’avatar et elle.
Innocent Sin
Mais je ne vais pas vous refaire un test d’un titre qui est une (énorme) mise à jour d’un jeu déjà excellent. Le résultat ne donne en fait qu’un jeu encore meilleur, et en français, ce qui est un argument de poids (même si j’ai noté des coquilles de traduction, mais un récent patch semble avoir corrigé cela). Pour autant, je reste un peu perplexe face au traitement de Ryuji, qui avait un langage plutôt vulgaire en anglais, mais qui est devenu carrément grossier en français.
Par contre – et je risque peut-être d’en dire trop pour les initiés de la série – ça ne m’avait pas frappé lors de la première partie, mais Persona 5 Royal (et Persona 5 tout court) fait d’une certaine manière écho au dyptique Persona 2 Innocent Sin / Eternal Punishment, renversant quelque peu les valeurs. Lien déjà un peu entretenu par Atlus avec la présence du papillon bleu, symbole de Philémon, absent des versions modernes de Persona (3 et les suites). Si ce papillon est bien présent à de multiples reprises, le jeu nous apprend qu’il n’est pas réellement en lien avec le représentant de l’équilibre des premiers Persona (on attribue plus facilement la figure du papillon à Lavenza dans cet épisode), il est tout aussi question d’un jeu entre deux forces, quelque peu à l’image du pari lancé par Nyarlathotep à Philémon. A la différence cette fois que c’est la rébellion et le chaos qui sont encouragés, en opposition à la léthargie imposée à la population par le Démiurge. Mais pour Persona, il s’agit toujours d’une puissance issu de la conscience collective, décidément toujours en phase avec les pensées actuelles négatives de l’Humanité.
Si l’on reprend un peu l’intrigue de l’exceptionnel Persona 2, il était surtout question d’un pari entre la figure de l’Ordre et celle du Chaos Rampant, avec la neutralité comme mot d’ordre pour le premier, et l’influence pernicieuse pour le second avec la fabuleuse idée de rendre une rumeur réelle dans la petite ville de Sumaru. A noter le renversement complet des valeurs – très actuelles – puisque dans Persona 5 Royal, il est question d’incarner un Trickster qui a pour mission de « réveiller » le monde de sa léthargie, de chambouler l’ordre devenu trop étouffant et empêchant ainsi l’émergence de nouvelles idées ou modèles. Quel changement de perception du monde en 20 ans. Il n’est alors pas étonnant que la Persona se réveille au moment où on décide d’arracher son masque, de se réveiller pour lutter contre la passivité et l’injustice (là où P4 mettait l’accent sur l’acceptation totale de soi).
Un peu comme notre réalité à nous, quand on y pense. Engoncés dans nos règles et lois, dans des modèles politiques corrompus et peu prompts au changement et un modèle économique mourant mais qui tient la planète à bout de bras, on ne sait rien faire d’autre que d’essayer de le maintenir, quitte à créer des situations de plus en plus injustes et illogiques. Il n’y a qu’un pas entre la comparaison du héros de Persona 5 et d’un antagoniste bien connu des Comics avec qui il partage son surnom : Joker. Si le Joker du Chevalier Noir n’est pas autre chose qu’un pur concentré de Chaos imprévisible, il est aussi un élément perturbateur à-même de remettre la société en question, bien trop installée sur ses acquis et ses habitudes néfastes. Un chaos que le monde la léthargie en place montrera comme dangereux malgré leurs bonnes actions. ici aussi on notera un parfait miroir avec Persona 2, puisque le Joker était un personnage néfaste manipulé par Nyarlathotep, le fauteur de trouble avec qui débute réellement l’histoire de Persona 2. Bref, vous l’aurez compris, il y a beaucoup à dire, et même plus sur ce Persona 5 Royal qui se présente vraiment comme tout ce que la série peut proposer de mieux en matière de gameplay mais aussi d’univers.
Test Persona 5 Royal : Conclusion
Plus beau, plus long, plus intéressant et plus généreux, que dire d’autre de ce Persona 5 Royal que « C’est un quasi sans faute » ? Sans doute que ça aurait pu directement être cette version qui aurait pu être commercialisée directement et que les récompenses pour les joueurs de Persona 5 sont assez ridicules… à part ça, je ne vois pas. Véritable jeu synthèse de la série, Persona 5 Royal a de quoi vous occuper de longues semaines !
Comments