En apparence, Jump King est un jeu qui a tout pour être accessible et simple. Une seule touche de saut, aucun ennemi et un objectif séculaire : aller choper la nana sexy qui se trouve tout en haut. Une formule simple, éprouvée et efficace qui serait décevante si on n’y ajoutait pas un ingrédient indispensable : vos larmes.
Jump King
Supports : PC, Switch, PS4, Xbox One
Genre : Plateforme
Date de sortie : 03 mai 2019
Editeur : Nexile
Développeur : Nexile
Multijoueurs : Non
Jump King est un mélange de la sueur de vos paumes et de vos larmes de rage.
- Étrangement fascinant
- Immédiatement lisible
- Visuellement sobre
- Drôle
- Les animations quand on s’écrase
- Frustrant !
- Raaaah !
- Noooooon !
- Bheuheuheu…
Instinct ultime
Toi qui achète ce jeu, abandonne ici tout espoir. J’ai l’air d’en rajouter un peu, pour l’effet théâtral, mais en toute honnêteté, à l’heure où j’écris ces lignes, je n’ai pas encore chopé la nana. Je ne sais même pas si elle existe (spoiler : elle existe bel et bien), si elle n’est pas qu’une carotte, ou que la “hot babe” est une métaphore, voire une illusion. Et le pire dans cette histoire ? J’en ai rien à caler de la nana. J’en suis à avoir un rictus de satisfaction malsain quand je vois mon chevalier s’écraser la face 4 niveaux plus bas après avoir mal jaugé un saut. Sur les images illustrant cet article, ça n’a l’air de rien, les plateformes sont clairement visibles, sans un piège. Mais dites-vous bien ceci : les seules commandes que vous avez à votre disposition sont le saut, sa puissance et son angle. Dans les faits, vous aurez envie de détruire votre manette quand vous échouerez pour la centième fois un saut que n’importe quel plombier ventripotent réussirait en quelques secondes, sans même y penser. C’est cela Jump King. Un mélange de la sueur de vos paumes et de vos larmes de rage.
Je ne sais pas ce qui est passé par la tête de Nexile, ni pourquoi ils ont darksoulisé le concept même de la plateforme, mais dans une direction totalement opposée à celle d’Edmund McMillen avec son Super Meat Boy.
Vous n’aurez en plus aucune indication visuelle sur la direction de votre saut ou la pression que vous exercerez pour doser la puissance. Tout se fait à l’instinct, à la sensibilité, au feeling. Au fil des sauts, et de vos innombrables échecs (ceux-ci conditionnent d’ailleurs vos trophées sur PS4), vous pourrez jauger avec précision vos sauts, même ceux qui vous semblaient infranchissables quelques instants avant. Vous en arriverez même à vous maudire intérieurement une micro-seconde avant de lâcher le bouton de pression, car vous sentirez déjà que le saut a été mal calculé. C’est totalement instinctif.
Chacune des zones dispose de sa propre ambiance, et ne sont constituées au final que de quelques tableaux. En passer un seul vous demandera d’ailleurs beaucoup d’énergie et atteindre une nouvelle zone vous procurera autant de soulagement que de crainte. Vous scruterez les corbeaux – rares checkpoints placé de manière à ne pas se trouver sur votre chemin direct, rendant le simple fait de sauvegarder aussi stressant que de progresser – et ferez des pauses régulières, tant pour reposer vos nerfs que pour apprécier le nouveau tableau à sa juste valeur. Mais très vite, vous douterez : et si le prochain saut me ramenait plusieurs tableau plus bas ? Et si je ratais le saut vers la nouvelle zone ?
Par chance, chaque tableau est simple visuellement, les plateformes aisément identifiables et vous apprendrez à jouer avec le rebond de votre personnage lorsqu’il touche un mur. Aucun collectible n’est à récolter, vous n’avez qu’à vous concentrer sur vos sauts, et les répéter inlassablement jusqu’à ne plus y penser. Jusqu’à atteindre une autre zone, qui elle même proposera un nouveau challenge, une nouvelle mécanique à maîtriser, qui vous forcera à vous réadapter.
Mais c’est amusant. Jump King est amusant. Je ne sais pas si le fait de n’avoir aucune musique est voulu, mais j’en remercie les développeurs, car je ne sais pas si j’aurais eu la patience de supporter une boucle musicale en plus. Ça sera juste vous, les bruitages et les quelques personnages étranges que vous rencontrerez, qui commenteront chacun de vos échecs.
Visuellement, on reste dans du Pixel-Art 2D, joli, sobre, fluide qui vous aide à comprendre immédiatement le chemin à prendre, les difficultés à affronter et la sacro-sainte sortie vers l’inconnu, tout en haut de l’écran.
Il y a un sentiment de réelle récompense qui s’approche sans doute du sado-masochisme dans Jump King. Il n’est même pas question de Skill, mais de ressentir la bonne direction et la bonne impulsion à donner à votre infortuné chevalier. Vous allez rager, pleurer de colère, mais vous aurez des moments de pur bonheur en ayant atteint une nouvelle zone, réussi à sauvegarder votre position, ou triomphé de ce tout petit saut qui, mal dosé, vous renvoie irrémédiablement deux à trois tableaux plus bas. Vous vous endurcirez avec Jump King, nerveusement parlant. Rien ne vous paraîtra plus frustrant par la suite. Mais je suis certain que rien ne me récompensera autant dans un jeu vidéo que d’atteindre cette mystérieuse nana au sommet, pas même vaincre un Seigneur des Cendres.
Jump King : Conclusion
Est-ce que je vous conseille Jump King en regard de ce que je viens de vous décrire ? Incontestablement.
Et vous m’en voudrez beaucoup, vous ferez de moi votre bouc émissaire, chercherez à me pendre, mais vous continuerez, vous aurez envie d’en voir plus, de maîtriser les sauts, d’atteindre la nana au somment, quoi qu’elle puisse être. Jump King est étrange sur ce point, il est fascinant.
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