Microids s’est fait une spécialité des adaptations de BD en jeu vidéo. Cela se fait parfois dans la souffrance, il faut être honnête, mais parfois, il ne s’agit que de technique pure. Il est rare de tomber sur une œuvre qui mélange habilement l’atmosphère noire des films des années 1950 avec une intrigue captivante centrée sur des personnages anthropomorphes. Blacksad: Under the Skin réussit toutefois ce pari risqué et mérite une deuxième chance. Et si on refaisait un topo ?

Nouvelle chance pour Blacksad

Car c’est bien de seconde chance dont il est question avec cette ressortie du jeu, qui date de 2019 déjà. Pendulo revoit un peu sa copie, et Microids considère que le travail mérite un rachat plein tarif du jeu puisque Blacksad: Under the Skin ne fait pas l’objet d’une mise à niveau depuis la version précédente. C’est critiquable, mais je pense que le jeu s’adresse à ceux qui ne l’ont pas encore acheté, même si la décision est malheureuse en ce qui me concerne. Notez toutefois que cette version coûte 24,99 € contre 19,99 € pour les versions de 2019. Cela reste très raisonnable.

L’histoire de Blacksad: Under the Skin se déroule dans les années 1950. L’aventure commence avec un événement tragique : Joe Dunn, le propriétaire d’un club de boxe, est retrouvé pendu dans ce qui semble être un suicide. Dans le même temps, Bobby Yale, un boxeur prometteur, disparaît mystérieusement avant le combat le plus important de sa carrière. Engagé par Sonia Dunn, la fille de Joe qui reprend la direction du club, John doit démêler les fils de cette double énigme.

Une des caractéristiques les plus intéressantes du jeu est la possibilité pour le joueur de façonner la personnalité de Blacksad à travers les choix de dialogue. Chaque interaction permet de décider si John sera un dur à cuire insensible ou un détective au grand cœur. Cette flexibilité ajoute une profondeur supplémentaire à l’expérience de jeu, permettant aux joueurs de s’immerger davantage dans le rôle de Blacksad et de créer des relations uniques avec les autres personnages. Cela permet aussi de pouvoir ajouter une touche de subtilité bienvenue, assez proche de ce que peut proposer l’écriture de Juan Díaz Canales.

Le jeu propose divers environnements à explorer, le club de boxe étant l’un des premiers lieux où l’enquête commence. Chaque scène regorge d’indices qui aident John à reconstituer les événements et à progresser dans l’enquête. À mesure que de nouveaux indices sont découverts, de nouvelles options de dialogue se débloquent, permettant d’interroger les suspects avec plus de précision.

Le gameplay est divisé entre des scènes cinématiques et des séquences d’investigation où les joueurs peuvent se déplacer librement pour chercher des indices. Bien que l’investigation puisse sembler linéaire, la satisfaction de trouver des preuves et de débloquer de nouvelles informations compense largement cette impression. On prend alors plaisir à retourner voir les suspects et les témoins et à tester les nouvelles options de dialogues. Le palais mental de Blacksad permet également de faire des déductions, un peu à la manière de ce qui se fait dans la série Sherlock Holmes.

Les scènes cinématiques sont soignées et apportent une réelle valeur ajoutée à l’intrigue, bien que certaines animations puissent paraître légèrement décalées. Le jeu intègre également des QTE qui exigent des réactions rapides sous peine de mort instantanée. Heureusement, le jeu permet de recommencer ces séquences sans grandes conséquences, rendant les QTE moins frustrants.

Blacksad: Under the Skin est donc un jeu narratif plonge les joueurs dans la peau de John Blacksad, un détective privé félin, et propose une enquête remplie de suspense et de mystère.

Blacksad est un chat, bien qu’anthropomorphe, et à ce titre, il dispose de capacités spéciales qui lui permettent de repérer des odeurs inhabituelles, d’écouter attentivement des sons ou de mettre en évidence des détails visibles uniquement de près (toujours à la façon de Sherlock Holmes). Ces compétences sont essentielles pour collecter des indices et progresser dans l’enquête.

Visuellement, Blacksad: Under the Skin est une réussite et c’estun vrai plaisir de voir les personnages de Juanjo Guarnido prendre vie et se doter de voix. Les graphismes sont magnifiques pour un jeu d’aventure et captivent tout fan de l’esthétique noire. Les cutscenes sont particulièrement bien réalisées, même si quelques bugs peuvent encore survenir, comme des ralentissements ou du clipping.

À ce niveau, je trouve qu’il est vraiment dommage que Pendulo n’ai pas profité de cette nouvelle sortie pour offrir une copie expurgée de tous les problèmes techniques. Attention, c’est bien mieux et tout ce qui pouvait être irritant a disparu, mais il reste tout de même quelques petits problèmes de scripts ici et là, et surtout des temps de chargement assez inexplicables compte tenu du matériel sur lequel le jeu tourne à présent nativement.

La bande-son, quant à elle, est relaxante et parfaitement adaptée à l’ambiance noire du jeu. Je retrouve les sensations que j’éprouvais il y a bien longtemps sur des titres comme Grim Fandango par exemple. Et ce sont des sensations encore trop peu ressenties à notre époque : prendre son temps, enquêter, profiter des personnages, faire attention aux détails…

L’un des points forts de Blacksad: Under the Skin est son accent sur la narration. L’histoire se dévoile progressivement à travers les indices trouvés, offrant aux joueurs des moments gratifiants de déduction.

Bien que le début du jeu puisse sembler lent en regard des standards actuels, chaque nouvelle découverte maintient l’intérêt et pousse à réfléchir de manière créative pour avancer. En ce sens, je trouve que la création de Pendulo a totalement compris la BD et l’univers dans lequel il se déroule. On retrouve par ailleurs beaucoup de petites références qui feront plaisir aux lecteurs.

Blacksad: Under the Skin est un jeu d’aventure vraiment prenant qui marie une esthétique noire séduisante avec une intrigue riche digne de la BD. Les choix de dialogue, les capacités spéciales de John Blacksad, et l’attention portée aux détails narratifs nous emportent dans l’enquête aux côtés de notre héros pas si irréprochable.

Malgré quelques bugs subsistants et une certaine linéarité inhérente au genre, le jeu parvient à maintenir l’intérêt du début à la fin, surtout quand on en profite tranquillement, esseulé en fin de soirée.

Blacksad: Under the Skin


SupportsPC, PS4, PS5, Xbox One, XBox Series, Switch
GenreAventure
Date de sortie14 novembre 2019
ÉditeurMicroids
DéveloppeurPendulo
MultiOui


  • L’adaptation réussie de l’univers et des personnages
  • Le doublage français qui donne vie aux héros
  • L’histoire et l’ambiance de films noirs
  • Visuellement réussi
  • Les collectibles, bien dans le thème
  • « Mon Blacksad » personnalisé
  • Les temps de chargements
  • Toujours quelques bugs visuels
  • Pas de mise à jour gratuite depuis les versions « Old Gen » ?
  • On aurait aimé courir parfois, ou passer des dialogues.

Blacksad: Under the Skin

Titiks

L’avis de Titiks sur PS5

En bref

Toujours imparfait, ne tirant toujours pas meilleur parti de ses supports modernisés, mais bien plus agréable à jour qu’au moment de sa sortie, Blacksad: Under the Skin est fortement recommandé pour ceux qui apprécient les jeux narratifs et les atmosphères sombres, ainsi qu’aux fans de la BD.

3.5
Close

NEXT STORY

Close

Holstin, un survival indie d’horreur psychologique dans la Pologne des années 90 annoncé

14/12/2022
Close