L‘Univers. Cette immensité si invraisemblablement immense qu’elle ne peut-être qu’infinie à notre échelle. Ce ciel vers lequel planter notre nez est devenu un sport international. Ces galaxies lointaines, très lointaines où tout peut arriver. Autant de berceaux d’aventures inoubliables, où l’inconnu règne en maître pour mieux nous surprendre à chaque coin de vide intersidéral. Out There, c’est l’aventure. Celle à laquelle on part en frissonnant sans savoir s’il y aura jamais un retour.

Out There est un OVNI. Cocasse entrée en matière pour un jeu se déroulant dans des galaxies bien éloignées de la nôtre. Un OVNI car au beau milieu de la pléthore de jeux dont le contexte est l’espace, celui-ci choisit le pacifisme. Plutôt que de dépeindre les formes de vie que nous pourrions éventuellement rencontrer comme des civilisations belliqueuses, on apprend ici à d’abord les connaître. A peine est-il question d’exploitation minière sur l’une des lunes de Jupiter. Non, Out There laisse place à l’aventure, la vraie. Celle-là même qui nous prend sans prévenir, pour le meilleur et pour le pire.

Out There
La baie d’observation est le théâtre de la rencontre avec cet étrange cube…
Out There
…et très sincèrement il faut quand même avoir des balls d’acier pour s’y frotter.

C’est pas l’homme qui prend l’espace, c’est l’espace qui prend l’homme

Dans Out There, on incarne un astronaute à bord d’un vaisseau, le Nomad. C’est un vaisseau qui relie la Terre à Ganymède, une des lunes de Jupiter sur laquelle les humains ont établi des mines. Seulement voilà, après une longue cryogénisation, on se réveille non-pas sur cette route stellaire au sein de notre galaxie mais ailleurs; en anglais Out There. Cet ailleurs, il nous est totalement inconnu : c’est une toute autre galaxie au sein de laquelle nous sortons de notre sommeil artificiel. Essayant tant bien que mal de réaliser l’ampleur de la situation, on s’aperçoit en levant les yeux que devant notre astronef se tient un gigantesque cube lumineux. Ne constatant aucun signe de vie alentours, on se décide à l’examiner et on y découvre une technologie qui nous était jusqu’alors inconnue : le plieur cosmique. Ce formidable petit outil sera la clé de notre tentative pour rentrer chez nous. Il permet en effet de parcourir de longues distances en peu de temps. Peu de temps, ça veut dire une poignée de jours plutôt que plusieurs années.

Out There
Le vaisseau et son stock de ressources. Les slots y sont limités.
Out There
La carte des étoiles. En vert, les limites du plieur cosmique. En gris, les limites du télescope.

Jumelé à notre plieur cosmique, nous allons utiliser un autre outil, celui-là bien connu des voyageurs intergalactiques : le télescope. Il va nous permettre d’analyser les corps célestes à « proximité » de notre position. Il nous fournira alors des informations cruciales pour la suite de notre voyage. Nature du système observé : naine, trou noir, soleil, supernova et les éventuelles ressources qu’on pourrait y glaner. Chacune de ces ressources, il faudra les récupérer pour espérer, à défaut de rentrer à la maison, au moins survivre le plus longtemps possible. Elles serviront à alimenter les trois systèmes vitaux de notre vaisseau : le carburant, l’oxygène et la coque. Le carburant se recharge à l’aide d’Hydrogène ou d’Hélium, l’oxygène avec de l’Oxygène, et la coque avec du Fer et d’autres métaux. Il faudra donc gérer correctement nos actions lors de la visite des différents systèmes : atterrir sur une planète, forer une naine rouge, tout cela consommera des ressources, tout comme les voyages entre chaque système. Des ressources, il y en a beaucoup. Outre celles que citées plus haut, d’autres, plus rares, serviront à fabriquer des engins et outils divers que nous découvriront lors de nos voyages. Il sera également possible de découvrir d’autres vaisseaux, aux tailles et caractéristiques spécifiques. Nos périples nous mèneront parfois sur des planètes-jardin. Celles-ci abritent des formes de vie diverses, pas toujours amicales, et que l’on sera libres de rencontrer ou non.

Out There
Visiblement un peu effrayé, on peut dire que cet alien connaît la diplomatie.
Out There
Quand à celui-ci, difficile de juger vu que je ne comprends pas un traître mot de ce qu’il me raconte.

En acceptant de rencontrer ces aliens, nous prenons le risque de malentendus. En effet, ne connaissant pas les différents dialectes propres à chaque race extra-terrestre, les premiers échanges seront quelque peu hasardeux. Etablir un lien pourra se faire en offrant par exemple des ressources, ce qui nous fixera sur la nature de la relation que nous tentons d’établir. Après chaque rencontre, et ce quelque ait été l’issue de cette dernière, on apprendra l’un des mots de la langue que l’on vient tout juste d’entendre. Il nous sera ainsi plus facile de comprendre nos interlocuteurs la prochaine fois qu’on rencontrera un autochtone.

Cher journal, je suis perdu à des centaines d’années-lumière de la Terre.

Malgré la présence de formes de vie parfois hostiles, nous n’auront jamais dans Out There l’occasion de combattre. Aucun armement, aucun affrontement violent ne se présentera. C’est d’ailleurs souvent arrivé à ce point-là que beaucoup cessent la comparaison d’Out There avec FTL: Faster Than Light. Si vous avez suivi la sortie d’Out There l’an passé sur plateformes mobiles, vous aurez certainement entendu le jeu qualifié de « FTL sans combat ». C’est en partie vrai, même si la comparaison porte surtout sur l’aspect visuel et la très forte dimension rogue-like. On pourrait aussi noter chez les deux titres une propension à la narration plutôt forte, même si l’écriture de FTL n’est pas extraordinaire. Celle d’Out There, en revanche, est merveilleuse. La plume de FibreTigre, créateur de fictions interactives, se plaît à narrer les tribulations de notre astronaute solitaire. Pour faire face à l’immensité de l’Univers et la solitude qui nous étreint, on tient un journal de bord, où l’on raconte nos journées, et ce qui les rythmes. Des pensées nostalgiques de notre planète natale aux phénomènes inconnus se déroulant autour de nous, on prend très vite conscience du « réalisme » de la situation.

Out There
Les trous noirs… Ces trucs terriblement cools et terriblement flippants.
Out There
Cela dit à l’intérieur c’est sympa aussi ! Et pas si dangereux…

A l’inverse de beaucoup de protagonistes de jeux vidéo, on incarne un « simple » astronaute mineur. On ne s’improvise donc pas en quelques minutes machine à tuer ou grand stratège de guerre. On n’en devient pas moins, du fait de notre perdition, un aventurier. Fort de nos connaissances en tant qu’astronaute, on s’efforce tant bien que mal de s’adapter à la nouvelle situation. Cela donne des entrées de journal amusantes, parfois tristes, mais toujours très humaines. Comme cette fois, où, un peu désespéré, on songe, presque sérieusement, à s’installer définitivement sur une de ces superbes planètes-jardin. Il en va de même pour nos découvertes faites à mesure de notre périple. Trous noirs à la fois effrayants et fascinants que l’on ne peut s’empêcher d’arpenter, corps célestes étranges et inconnus aux propriétés et agissements parfois dramatiques, on découvre plus émerveillés qu’apeurés l’autre bout de l’Univers. Ces événements et petites histoires -qui en forment donc une grande- font d’Out There un véritable « jeu dont NOUS sommes le héros ». Cela peut paraître paradoxal, car c’est quasiment tout le temps nous, en tant que joueur qui contrôlons le héros. Mais celui-ci à une histoire, un passé, une personnalité et même un nom qui lui sont propres. Quelque soit le degré d’identification à un protagoniste « traditionnel » de jeu vidéo, on en est finalement pas véritablement le héros. Dans Out There, notre personnage, -nous- n’a pas de nom. Il n’a pas de passé, ou de personnalité marquée. Il n’a pas de nationalité et il se construit par ce qu’il écrit dans son journal. Chaque partie d’Out There est donc finalement une nouvelle aventure, avec un nouveau héros, que l’on peut d’ailleurs étoffer si l’on veut.

Voyage voyage

Out There
Un des nouveaux environnements de cette Omega Edition, aux teintes superbes.

Out There, malgré sa réalisation modeste (comprenez : n’est pas une vitrine technologique), cache un travail sur les visuels et sur l’ambiance particulièrement minutieux et soigné. Avec cette Ω Edition, les deux comparses de Mi-Clos, Michael Peiffert & FibreTigre en ont profité pour revoir entièrement leur moteur. Ils ont en sus fait appel à Gwen Vibancos, un illustrateur talentueux avec un don pour les univers fantastiques. Avec l’ajout d’effets 3D et et des arrières-plans enchanteurs, chaque nouveau système est un prétexte à la contemplation. Des architectures alambiquées de certaines planètes-jardin aux panoramas éblouissants des géantes gazeuses, Out There offre un éventail de paysages exceptionnels et variés qui ne cessent de flatter la rétine. Même les courtes animations de voyages entre chaque système –qu’il est possible de passer ou même de désactiver- sont belles. La cinématique d’introduction, à l’animation discrète est également somptueuse, et pose parfaitement les bases de notre aventure.

Out There
Inutile de vous dire qu’avec la température qu’il fait ici, je suis tout nu dans mon vaisseau.

Côté environnement sonore, les compositions atmosphériques de Siddhartha Barnhoorn accompagnent nos parties de manière furtive et majestueuse à la fois. A l’occasion de la sortie sur Steam, plusieurs nouvelles pistes ont été ajoutées, notamment quelques thèmes destinés aux planètes abritant la vie. Ces thèmes sont sublimés par la présence de la voix de Lara Ausensi. Littéralement venus d’une autre galaxie, ces environnements sonores sont à eux seuls un voyage qu’on ne rechignera pas à s’offrir hors des sessions de jeu.

Out There
C’est très joli mais ça a pas l’air super safe non plus.

Avant de reprendre place à bord du Nomad, laissez-moi vous parler d’une chose : comme tout bon « Livre dont VOUS êtes le héros » qui se respecte, Out There ne vous donnera pas la main, et vous mènera parfois dans des pièges tragiques. S’il pourra paraître généreux en vous proposant de « tenter le tout pour le tout » lorsque vous serez à court de carburant, croyez bien qu’il ne s’agit pourtant pas d’un cadeau. Aussi, attendez-vous à mourir beaucoup, et très tôt lors des premières parties. Out There est un jeu qu’il faut apprivoiser, dont les subtilités ne se révèlent pas mais se trouvent à force de persévérance. Comme FTL, on pourra parfois le taxer de cruauté mais il faut bien vous mettre dans la tête que toutes les aventures ne se finissent pas toujours bien. Vous voilà prévenus.

Conclusion, je dis non ! Mais un avis, je dis oui !

Dans Out There, finalement, ce qui compte ce n’est pas vraiment la destination. Comme dans toute aventure, c’est le voyage le plus captivant. Qu’importe l’endroit où notre périple se terminera, on ne gardera en tête que ces anecdotes bonnes ou mauvaises, que ces paysages à la frontière du réel. L’espace est un endroit hostile, où cela ne sert à rien de crier parce que ça ne vous mènera nulle part. Que vous soyez téméraire ou prudent à l’excès, Out There s’en fiche un peu : lui même ne sait pas où vous mettrez les pieds à la sortie de votre prochain saut cosmique. L’étranger, l’inconnu ; si certains en ont peur au point de devenir agressifs, dans Out There on se jettera vers eux sans jamais hésiter, dans une fantastique fuite en avant. Là où certains nous promettent des « simulations » spatiales, Out There en ose une autre approche : celle de nous faire vivre la véritable solitude intersidérale.

Out There Ω Edition

  • Développeur Mi-Clos Studio
  • Type Rogue-like/Aventure/Gestion
  • Support PC, Mac, Linux, Android, iOS
  • Sortie 2 avril 2015

Dans le même genre :

  • FTL: Faster Than Light
  • L’Arche du Captain Blood

Y’a bon!

  • Ecriture & narration géniales
  • C’est NOUS le héros !
  • Ambiance visuelle à couper le souffle
  • Environnement sonore du même acabit
  • Trames & événements à foison
  • Beaucoup de contenu à découvrir (technos, vaisseaux…)
  • Gameplay pacifique prenant

Beuargh!

  • L’aléatoire qui pourra frustrer certains
  • Garder les entrées de journal « compilées » après chaque aventure aurait été génial
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Petit Ange Parti Trop Tôt

Parfois, un Pixel s'éteint et vogue vers d'autres horizons. Mais ce n'est pas parce qu'il ne fait plus partie de notre grand barbecue que ce qu'il a écrit disparaît !

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3 thoughts on “Out There Ω Edition | Test

  1. Dans le même genre : L’Arche du Captain Blood
    voulez vous m épouser ?

  2. Héhé, FibreTigre a beaucoup revendiqué cette référence surtout pour ce qui est des rencontres avec les aliens ! Ca m’a permis de découvrir ce jeu d’ailleurs,sorti bien avant ma naissance est qui ULTRA-COOL

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