Les cauchemars ont quelque chose de fascinant. Certains les redoutent, d’autres les accueillent à bras ouverts pour les sensations procurées, l’absence de sens apparent et la folie générale du tout. Je fais partie de cette seconde catégorie – oui-oui, je ne suis pas normal – et c’est avec une certaine joie malsaine que j’ai réceptionné Neverending Nightmares sur ma petite Vita (le jeu étant disponible sur PC et en Cross Buy / Cross Save sur PS4).

Préparez-vous à une plongée dans les méandres de la souffrance…

Avouez qu'on a connu plus choupi comme ambiance
Avouez qu’on a connu plus choupi comme ambiance

Inferno

Car bien avant les cauchemars de Neverending Nightmares, c’est bien de souffrance dont il est ici question. Celle de son développeur, Matt Gilgenbach, victime d’une grave dépression peu après le cuisant échec commercial (mais pas critique) de son jeu Retro/Grade. Certains coulent, et c’est sans doute ce que Matt a fait les premiers temps, avant d’essayer de s’en sortir et d’exorciser ses démons en développant Neverending Nightmares, inspiré de ses visions alors qu’il était au plus bas.

Si l’histoire est vraie, alors ce monsieur en a vraiment bavé.

C'est Thomas dans l'armoire
C’est Thomas dans l’armoire

Pour les cinéphiles amateurs d’horreur, le nom de Hellraiser Inferno ne vous est pas inconnu. La série horrifique initiée par Clive Barker a accouché de l’excellence et du médiocre. Au milieu se trouvait le 5ème épisode : Inferno. “Quel rapport avec le jeu de Gilgenbach ?” vous demandez-vous ? Ces deux oeuvres fort différentes partagent pourtant deux points communs : les mutilations et l’absence d’échappatoire du cauchemar. Car si l’inspecteur Joseph Thorne pénètre dans un cauchemar sans fin en résolvant l’énigme de la Boîte, Thomas ne fera que s’éveiller dans son lit au milieu de la nuit.

Le style graphique en noir et blanc s’inspire clairement des gravures du début du XIXème et confère au tout une certaine élégance, tout en faisant ressortir le sang qui ne manque pas de couler. Comme dans le plus noir de vos cauchemars, Thomas évolue lentement dans la pénombre, parfois à la lueur d’une bougie, car – comme le hurle notre instinct de survie – le pire survient dans le noir absolu.

Plongée dans l'inconnu ou porte salvatrice...?
Plongée dans l’inconnu ou porte salvatrice…?

Le temps s’allonge et la visite de la maison traîne en longueur alors que votre avatar ne sait pas enchaîner quelques foulées sans devoir reprendre son souffle, tel un asthmatique. Mais il court oui, lentement, comme il est de coutume dans nos rêves. Il court pour accélérer un peu l’exploration des différents lieux étranges qu’il parcourt, mais aussi pour échapper à ses démons. Colosses, poupées sadiques, maniaques aveugles aux dents acérées ou encore tueur à la hache n’auront de cesse d’essayer de vous tuer, dans les moments où vous vous y attendez le moins, subitement et avec une cruauté sans pareille.

C'est pour un sondage ?
C’est pour un sondage ?

Mais comme dans un cauchemar, ce sont les explications qui laissent perplexes. Si il faut un peu moins de deux heures en ligne droite et en se dépêchant (bref en ne profitant pas de l’expérience), les diverses conclusions (au  nombre de trois) laisseront planer le doute sur l’identité de Thomas, son traumatisme et sur l’étrange Gabby, tantôt femme, tantôt fillette, parfois soutien, parfois bourreau. Au joueur de tirer ses conclusions, car rien de rationnel ne viendra réellement vous expliquer les pérégrinations cauchemardesque de Thomas. Ou plutôt si, mais les trois conclusions ne cadrent pas ensemble et c’est aussi perturbant que passionnant.

Je parle ici de la version Vita, car elle est à mon sens la plus pertinente pour se plonger dans l’enfer de Thomas et de son concepteur, de façon plus personnelle et plus isolée que devant un grand écran.

Conclusion

Un casque vissé sur les oreilles pour profiter pleinement du Sound Design parfaitement maîtrisé – entre cris, sons inconnus, pleurs, hurlement et grincements, et de la musique lancinante nous plongeant nous aussi dans une semi-inconscience en phase avec le rythme très lent de l’aventure, Neverending Nightmares porte excessivement bien son nom et transporte le joueur dans la transposition exacte d’un cauchemar. Lent mais percutant, lancinant mais perturbant, ce titre restera pour longtemps dans la mémoire de ceux qui se le parcureront, pour la violence de son propos et de ses scènes choc subites. Et le pire reste de se dire que ce n’est qu’une partie de l’enfer qu’a connu son auteur.

Neverending Nightmares

  • Développeurs Infinitap Games
  • Type Exploration traumatisante
  • Support PS4, PC, PSVita
  • Sortie 03 Mai 2016

Y’a bon!

  • Un style graphique aussi pertinent que réussi
  • La mort, partout
  • Mises en scène rares mais percutantes
  • Un sound-design exemplaire
  • 3 fins en décalage
  • Sous-titré en français et un bon doublage anglais

Beuargh!

  • Un peu court
  • Un rythme lent qui ne plaira pas à tous
  • Un peu plus d’endurance n’aurait pas été de refus
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Titiks

Quadra assumé, daron de 3 apprenties gameuses, fan de tout ce qui est capable de raconter une bonne histoire. Touche-à-tout, mais surtout de bonnes aventures qui savent surprendre, et dévoué à l'univers console depuis que Sega était plus fort que tout, vous me verrez bien plus souvent connecté à la nuit tombée #2AMFather.

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