Il y a des noms dans l’univers du jeu vidéo qui suscitent des attentes rien qu’à leur mention, et Bioware en fait – ou faisait – indiscutablement partie. Pour les amateurs de RPG, cet éditeur n’est rien de moins qu’un pilier, une source de légendes comme Baldur’s Gate, Mass Effect, et bien sûr, l’incontournable Dragon Age. Alors que Dragon Age The Veilgard a encore tout à prouver, le livre La Saga Dragon Age : Le Diamant Brut de BioWare, publié chez Third Éditions et écrit par Jonathan Petitot, est une invitation à explorer les coulisses de Thédas.
Un Voyage Littéraire au Cœur de Thedas
Étant moi-même un fan des jeux (oui, même le 2), la lecture de ce livre a été un petit défi. N’ayant connu Thédas et ses conflits qu’à travers les jeux, chacun parcourus avec avidité à l’époque de leurs sorties, le monde de Dragon Age ne représente plus dans ma mémoire qu’un amalgame vaporeux de souvenirs. Dès le départ, on est confronté dans le livre à une richesse d’informations, allant des références culturelles propres à Thédas aux personnages aussi mystérieux que multiples, en passant pat une mythologie qui rappelle les œuvres les plus denses du genre. Cette remise en contexte est sans doute un peu sévère pour un néophyte, mais une véritable madeleine de Proust pour les joueurs qui gardent en mémoires leurs aventures en tant que Garde des Ombres ou Inquisiteur.
Mais cette complexité s’avère aussi fascinante que gratifiante. La Saga Dragon Age : Le Diamant Brut de Bioware parvient à rendre palpable cet univers tentaculaire tout en éveillant la curiosité pour les premiers jeux, pour ceux qui ne les ont pas encore fait. Mieux : jouez à Dragon Age Origins d’abord pour comprendre en premier lieu l’engouement des joueurs pour cette série, avant de vous plonger dans la lecture du livre.
Jonathan Petitot est professeur de lettres et passionné de longue date de l’univers Dragon Age. Loin d’une simple narration, il traite presque son livre comme un ouvrage historique, où chaque ligne témoigne de l’admiration profonde de l’auteur pour cet univers. Plutôt qu’un manuel de création sur Bioware, il se concentre sur les fondements de Thédas, mêlant analyse et anecdotes, avec un sens du détail toujours aussi impressionnant et typique des livres Third Editions. Ce parti pris est à double tranchant : bien que cette rigueur enrichisse considérablement l’œuvre, elle peut en décourager certains.
Pour ceux qui découvrent Dragon Age, les termes spécifiques et les noms de lieux peuvent paraître abrupts, tout autant que lorsqu’ils sont employés dans les jeux. Mais je trouve que cela renforce l’aspect immersif de l’ouvrage. Si vous êtes prêt à plonger dans les méandres de ce monde, cette lecture sera une invitation à explorer un univers qui rivalise avec les plus grands récits de fantasy.
Le livre est divisé en quatre grandes parties : les races, l’importance de la franchise pour Bioware, l’histoire des trois jeux principaux, et une analyse de l’influence de Dragon Age dans la culture vidéoludique. L’auteur structure son analyse de façon narrative, décortiquant méthodiquement chaque aspect de cet univers de manière plus abordable, et surtout, plus agréable et digeste à lire.
En tant que lecteur déjà versé dans l’univers du jeu, j’ai commencé ma lecture par la première et la troisième partie, celle pour me remémorer correctement le scénario et les enjeux des trois jeux. Cela a permis une introduction plus progressive, me remettre en mémoire la plupart des peuples et de leurs relations (pour rappel, Veilguard le fait très mal), avant de m’attaquer à l’importance de la franchise et à son impact.
Le texte regorge de petits détails amusants, comme la provenance du nom de Thédas, qui est en fait l’acronyme de The Dragon Age Settings, ce qui m’a fait beaucoup rire. Petitot n’hésite pas à plonger dans des anecdotes liées aux choix artistiques ou aux limitations techniques de l’époque, comme l’impact des moteurs graphiques sur l’esthétique de Dragon Age: Origins (qui a pris un sacré coup de vieux). À travers chaque anecdote, on ressent la passion de l’auteur pour la licence.
Pour les fans, ce livre est un trésor de nostalgie. Jonathan Petitot parvient à capturer les moments marquants des trois premiers jeux, en s’attardant sur les personnages emblématiques et les événements pivots. Il offre assez de détails pour éveiller de vieux souvenirs de nos exploits et pour permettre aux lecteurs de revivre leurs aventures dans Thédas avec une belle nostalgie. Dieu que j’ai envie de refaire Origins en le redécouvrant pour la première fois ! Et que dire de Morrigan, que l’on n’en peut plus d’attendre, et dont je suis certain, plus d’un joueur est tombé sous le charme.
Ce livre est une passerelle vers Thédas, un guide pour les novices et un voyage nostalgique pour les anciens joueurs. Que vous soyez un vétéran ou un nouvel aventurier, La Saga Dragon Age est une œuvre qui trouvera naturellement sa place dans votre bibliothèque.
L’objet : L’illustration et la couverture
Comme toujours, l’ouvrage existe en deux versions : l’édition classique et la First Print, chacune arborant une esthétique propre. La version classique est ici illustrée par Anato Finnstark, un illustrateur français dont le travail explore principalement les thèmes de la fantasy et du fantastique. Passionné par la mythologie, les récits épiques et les univers sombres, Finnstark développe un style unique qui combine des compositions dynamiques avec une attention minutieuse aux détails. Ses œuvres sont souvent caractérisées par des contrastes forts entre des éléments lumineux et sombres, créant des ambiances à la fois dramatiques et immersives. Il travaille régulièrement pour des projets de jeux vidéo, des illustrations de cartes à collectionner (Magic: The Gathering) et des couvertures de livres.
La couverture du livre se distingue par une scène épique, empreinte autant de mystère que de puissance. Dominée par la silhouette d’un dragon colossal, l’image place la créature au cœur de l’attention, symbolisant à elle seule l’essence de Dragon Age : un univers où le fantastique et le danger sont omniprésents. En contrebas, un personnage minuscule (Garde des ombres ? Inquisiteur ?) se dresse face à cette figure mythologique, créant un contraste qui souligne à la fois la vulnérabilité de l’humain et la majesté de la créature. Cette opposition entre le dragon et le personnage met en avant les thèmes du courage, de l’adversité et de la lutte contre des forces colossales, caractéristiques de chaque épisode de Dragon Age.
Pour ma part, j’y ai presque vu un lien avec les illustrations classiques de Lodoss, avec Parn et Shooting Star. Les couleurs utilisées renforcent l’ambiance sombre et mystique de l’univers. Les tons chauds du ciel, tirant sur l’orange brûlé et le doré, se mêlent aux teintes plus sombres des montagnes que l’on devine enneigées. Ce choix de palette contraste entre chaleur et froideur, suggérant une lutte entre des forces opposées, peut-être entre la lumière et l’obscurité, le feu et la glace. Les dégradés de couleur dans le ciel créent une atmosphère dramatique, présageant de l’événement cataclysmique qui se profile.
Pour La Saga Dragon Age : Le Diamant Brut de BioWare, Finnstark parvient à traduire la grandeur de l’univers de Dragon Age, tout en respectant l’atmosphère sombre et héroïque du premier épisode.
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