“Aaaaaaaaaaah tu prends la fille, ça veut dire t’es une fille!”, ou encore “Tu prend la fille? T’es sur? T’es pas obligé tu sais?”, ou bien “Mais prend pas une fille elles sont moins fortes” (j’en passe et des meilleures) sont des phrases que j’ai énormément écoutées dans ma vie de gamer durant mes sessions de jeux entre amis depuis tout petit. Moi, je joue toujours les filles. C’est comme ça et je ne me suis jamais vraiment demandé pourquoi. Avec le recul, je pense qu’il y a plusieurs raisons à ça et qui dépendent naturellement de l’âge.

Quand j’étais enfant, les premiers contacts avec les avec des figures féminines de la culture pop, c’était avec Disney et son flot de princesses que je trouvais cruches et que je n’appréciais guère. Les “méchantes”, en revanche, je les trouvais beaucoup plus classes que n’importe quel autre personnage du film. Elles avaient un charisme fou, des transformations, une forme géante, devenaient toutes puissantes à la fin et faisaient trembler tout le reste : de vrai Boss de fin, quoi. Elles étaient (et en fait je pense surtout à Maléfique et Ursula) le summum de la badasserie pour moi et ont fait du coup des années plus tard, de chouettes boss dans Kingdom Hearts. Du coup, je n’ai jamais trouvé du haut de mes 5-6 ans que prendre le personnage féminin c’était nul : bien au contraire!

Giant Ursula
Les méchantes de Disney…
Maleficent Dragon
…Boss de fin hyper classe Before it was cool!

D’autre part, ça me permettait de ne pas jouer comme les autres et de ne pas aller dans le sens logique implicitement imposé (les jeux vidéo, c’est pour les garçon…). Une sorte de transgression logique pour moi: si dans un jeu on me dit d’aller à droite, je vais aller naturellement à gauche car, bien entendu, je ne suis pas stupide au point de faire ce qu’on me demande et de passer à côté de ce qu’il y aurait à gauche. C’était un peu la même chose quand je pouvais choisir le personnage féminin dans un jeu. Tout le monde jouait le Mec, celui qui est en couverture de la pochette. Moi je préférais prendre “la fille”, celle que les autres voyaient comme une faible mais qui, au final, éclatais le boss quand même. J’aime cette idée de rouler sur les mecs qui jugent tes skills via ton avatar. C’est sans doute pour ça que j’accroche très facilement au Shonen du types “Tu n’as aucune chance, il y a un trop grand écart de niveau entre nous… et Bim! Dans ta gueule, là!”. Donc, depuis que je suis gosse, incarner un personnage féminin me donne l’impression de jouer à un autre jeu que celui auquel on aurait voulu que je joue. C’est ainsi que je prenais systématiquement la princesse Peach dans Mario 2, la Valkyrie dans Gauntlet 2, ou bien encore Blaze dans Street of Rage 2. Et pour ce qui était des jeux de bastons que l’on découvrait sur borne arcade, eh bien, non seulement c’est un genre qui propose un large choix de personnages féminins depuis longtemps, mais en plus, cela faisait rager le triple les potes si je les battais. Parce que vous comprenez une fille peut pas battre un mec : c’est n’importe quoi…

Adolescent forcément, je suis attiré par ces personnages aussi irréelles que courtement vêtues et rentre complètement dans la catégorie du joueur cliché… mais bon, c’est l’adolescence, que voulez vous… Mais je leurs préfère des personnages féminins bien plus normales, badass ou imposantes plutôt que celles à la Seran Kagura. A la volée, je me souviens par exemple de Lulu dans FFX, Gum de Jet Set Radio ou encore de Zoe de la série SSX, Lara Croft et celle que j’ai préféré le plus, même si ce n’est pas la protagoniste et qu’on ne la joue pas: The Boss de Metal Gear Solid 3. Les personnages qui se prennent en main, qui sont des leaders et qui affronte à elle toute seule les pire danger. Je recherchais une “Buffy” du jeu vidéo en somme. J’adore voir personnage féminin se balader dans un monde rempli d’ennemis et qui fini par tous les terrasser. Or, les personnages de ce genre ne sont pas légions dans les jeux. Il est clair que le stéréotype du héros de jeux vidéo d’aujourd’hui est un mec d’une trentaine d’années, blanc, barbe de trois jours et baraqué. Faut faire plaisir au public cible parce que, vous comprenez, “ya que des ado blanc de 14 ans qui jouent aux jeux vidéo…”. Quant aux personnages féminins il y a… bon, on va pas refaire l’historique des clichés sexistes ici, mais il faut bien avouer que l’on manque de fille Badass dans nos jeux. Certes nous avons quelques bons exemple mais il est rare de trouver, parmi les héroïnes, une qui ait un physique disons… normal ou, tout du moins, différent du 90-60-90. Heureusement, les éditeurs de personnages sont là de temps à autre pour nous permettre de créer nos propres héros.

Je rêve d'un MGS où l'on jouerai The Boss
Je rêve d’un MGS où l’on jouerai The Boss

Alors, dans ces cas là, je crée souvent antithèse du héro : une femme forte, de couleur, en poussant tous les curseurs à fond. Ça me fait un personnage pour le moins original et pas courant par rapport aux productions triple A. Et c’est donc avec joie que je vais avec elle dézinguer tout les gangs dans Steel Port en prenant les rênes du gang des Saints. En fait, ça m’éclate de voir ce personnage distribuer des coups, arroser les autres gangs de balles et devenir “la reine de la ville”. Le fait que ce soit une fille apporte une autre dimension au jeu, justement parce qu’elle est “du sexe faible”. Alors certes, notre avatar ne se prend pas dans la tronche le torrent de menaces et d’insultes sur le fait qu’elle soit une femme, mais on n’a pas de mal à se les imaginer. Il suffit d’ailleurs de jouer à Batman Arkham City avec Catwoman en v.o. (la vf ayant été un brin censurée) pour entendre menaces de viol et autres joyeusetés. Cela rend à mon sens le cassage de bouche d’autant plus jouissif.

Depuis le passage à l’âge adulte, je porte donc à chaque fois un regard plus attentif aux personnages féminins. Et on peut tout de même dire que les choses s’améliorent lentement, mais surement. En vrac on peut citer Clementine de Walking Dead, Eli de The last of Us,  Faith de Mirror’s Edge, Lightning de la saga FFXIII, Lara Croft (de nouveau oui et bien que là l’évolution du personnage au fur et à mesure des épisodes est discutable), ainsi que les récentes Phara et Zarya d’Overwatch et Jade de Beyond Goog and Evil (oui je sais, c’est pas tout frais mais je l’ai fait il n’y a pas longtemps). Dans le même genre, j’ai aussi découvert sur le tard Lillet de Grimgrimoire, Lenneth de Valkyria Chronicle, Gwendolyne de Odin Sphere et la grande Samus de Metroid. Toutes sont protagonistes de jeux, ont beaucoup de charisme et n’ont pas été physiquement créées pour agiter les hormones des ados. On notera également que, ces dernières années, les comics s’y mettent aussi : ainsi, chez Marvel, The Mighty Thor (que je vous recommande chaudement) est une femme. Wolverine également. Et le Civil War 2 à paraitre opposera Iron Man à non pas Capitaine America mais à Capitaine Marvel (enfin, la nouvelle Miss Marvel est une ado d’origine Indienne). Il semblerait que les éditeurs, aussi bien de jeux vidéo que de comics, se rendent comptent que le public féminin consomme également ces œuvres et que il serait donc une bonne idée de leur donner les héroïnes qu’elles méritent.

Plutôt sympas de voir d'autres physiques de temps en temps
Plutôt sympas de voir d’autres physiques de temps en temps

Enfin je citerai naturellement Bayonetta, (même si, dans son cas, le physique et ses poses sont sujet à débats) car elle est la protagoniste de deux jeux que je vous recommande absolument tant l’action y est démesurée, les combats d’un dynamisme made in Platinium games et la courbe d’apprentissage et de maitrise vous invitera à recommencer l’aventure dans un mode de difficulté supérieur.

Je joue toujours les filles quand j’en ai l’occasion car ça change, ça apporte un peu de fraicheur dans mes sessions de jeux et ça permet d’aborder l’œuvre d’un autre point de vue, d’une autre perspective qui est tout à fait plaisante. Parce que j’aime des personnages qui prennent en main leur destin, qui sont forts, et déterminés et qui ne sont pas des potiches cantonnées à des rôles secondaires. Je joue toujours des filles car j’ai des dizaines de héros comme références depuis que je suis gosse, tous plus badass les uns que les autres, que ce soit au ciné, dans les dessins animés ou dans mes lectures. Parce qu’on manque de protagonistes féminines et fortes. Mais, qui sait, petit à petit on dirait que ça change… qui sait, un jour peut être, il y en aura tellement que je jouerai des mecs?

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