Bon bon bon… C’est lundi et j’aime pas les lundis.
J’m’étais fait mal voir il y a quelques années avec mon article #IDLM : GTA, ça craint ! car peu conventionnel comparativement à la vision unique qui veut que les titres de Rockstar soient unanimement appréciés – voire vénérés – de tous.
Mais on ne revient pas là-dessus. J’ai essuyé vos crachats, j’en ai fais une limonade et je l’ai offerte à Bolloré. Rien ne se perd et c’est bio.
Nan, cette fois, je viens causer d’une polémique à la con qui est ressortie il y a peu à cause d’une vidéo de JV.com (Ce jeu qui… m’a fait détester les DLC) avançant que “la véritable fin de Prince of Persia a été vendue en DLC, prenant les joueurs pour des cons”.
Notez qu’avec des raisonnements comme ça, on aurait pu tout aussi bien cracher sur le DLC de The Last of Us, hein, mais étrangement, on n’a entendu personne.
Alors, je préviens, on va spoiler comme des cochons, mais ça fait 8 ans que le jeu est sorti, y’a prescription.
« Mais pourquoi tu reviens là-dessus, puisque ça date d’il y a huit ans, tabernacle ? » Te demande-tu vaillamment, libre lecteur ?
Ben parce que c’est lundi, que j’ai lu cette info et que ça me saoule d’entendre les mêmes conneries depuis 8 ans !
Ni plus ni moins.
Mais ça racontait quoi Prince of Persia ?
Prince of Persia version 2008 était une relecture – ou une tentative de reboot – de la part d’Ubisoft de relancer les aventures du Prince de Perse quelque peu engoncées depuis la Trilogie des Sables du Temps. Bha oui, Ubi n’allait pas pouvoir capitaliser longtemps sur une licence historiquement importante sans tenter quelque chose. Un peu comme Link en somme, il y a une multitude de Princes possibles a exploiter.
Le voilà donc avec un nouveau Prince en haillon, à la recherche de sa bourrique dans le désert qui rencontre la belle Elika, alors poursuivie par des gardes. En se mêlant de ce qui ne le regarde pas, il se retrouve à son tour pourchassé, quand Elika lui sauve la vie grâce à un étrange pouvoir, qui la laisse sans force. Elle lui confie alors devoir se rendre au Temple d’Ahriman, mais ils sont une fois de plus poursuivis par des gardes, menés par son père.
Bref, après avoir pénétré ce qui s’avère être davantage une prison qu’un temple (et on comprends pourquoi, Ahriman est plutôt du genre Dieu maléfique toussa toussa), le Prince et Elika se font rattraper par le père de celle-ci qui lui signale “qu’il ne peut pas la perdre de nouveau”. Après un combat mettant en avant les acrobaties des protagonistes, le père décide soudainement de détruire le sceau qui retenait la divinité. La Corruption se répand alors sur le Monde, libérant des hordes de créatures maléfiques, uniquement sensibles à la Magie d’Elika. Le Prince et elle vont donc parcourir différents environnements en vue de vaincre les généraux d’Ahriman et pouvoir le remettre bien au chaud là où il était.
Nous avons donc ici une épopée véritablement féerique faisant la part belle à l’exploration des environnements et aux combats acrobatiques, bien que trop assistés. En ce point, il est vrai que les capacités d’Elika empêchent quasiment tout Game Over, que ça soit durant une chute ou un combat. Les critiques de l’époque à ce sujet n’ont pas manqué de le souligner à raison. Néanmoins, on restait ici dans un pur jeu de grimpette, d’exploration dans de magnifiques lieux. Sur ce point, cette proposition du Prince de Perse était tout à fait valable.
Bref, la seule véritable question ici étant : pourquoi le père d’Elika a-t-il soudainement libéré Ahriman au risque de détruire le monde ?
Et bien vous l’apprendrez à la fin du jeu : Il a passé un marché avec le Djinn maléfique dans le seul et unique but de ramener sa fille à la vie. Celle-ci trouvant que son existence ne valait pas la condamnation du monde, elle se lance alors – avec l’aide du Prince – dans une quête désespérée pour emprisonner à nouveau Ahriman.
Voilà toute l’histoire. Elle est simple, romantique et féerique. Pendant toute l’aventure, le Prince et Elika vont nouer des liens très forts. Mais ce que le Prince ignore, un marché étant un marché, c’est que si Ahriman est de nouveau prisonnier, la Princesse retourne illico dans la tombe.
Et ouais, rien n’est gratuit, ma poule.
Et c’est ce qui se passe à la fin du jeu : Ayant défait tous les sbires du Djinn et ayant sauvé le monde de la Corruption qui le rongeait, le Prince ne peut que constater la mort d’Elika, ayant rendu sa vie injustement perçue.
C’est là que les joueurs ont perdu pied : On a une scène finale – qui pour ma part m’a pleinement convaincu – montrant le Prince devant le corps sans vie de la Princesse, songeur. Il s’agit ici d’un Prince noble guidé par ses émotions. Au terme d’une intense réflexion, on le voit alors frapper du poing l’autel où se trouve Elika, d’un geste qui signifie « bordel, ça peut pas finir comme ça ».
Puis, il décide de détruire lui-même les sceaux, on le voit sortir du Temple avec Elika dans les bras et la Corruption envahir de nouveau le monde. On comprends alors qu’il a choisi de libérer à nouveau Ahriman pour revoir la Princesse, jugeant qu’il y aura bien un autre moyen de sauver le monde. Et le jeu se termine là.
Point final. Une fin ouverte qui était sensé appeler une suite plus tard, mais pleinement satisfaisante. Une très bonne introduction à une potentielle nouvelle trilogie mettant en avant les liens forts entre le Prince et Elika, l’antagoniste principal et la nécessité non pas de l’emprisonner, mais de le mettre définitivement hors d’état de nuire.
Mais où est le problème alors ?
Vint ensuite l’annonce de l’épilogue, se situant donc juste après cette séquence finale, voyant Elika se réveiller, blâmer le Prince pour les récents événements, et leur quête pour fuir les ruines infestées de Corruption dans lesquelles ils se sont réfugiés. La fin de ce DLC voyant d’ailleurs juste Elika partir prévenir son peuple tandis que le Prince se retrouve seul.
Il ne s’agit donc pas de la fin du jeu, mais juste d’un épilogue, un contenu bonus situé après la fin, annexe et accessoire puisque nous n’y apprenons rien du tout. La seule chose à retenir c’est qu’on visite un nouveau lieu – comme tout DLC de ce type – avec de nouveaux ennemis et mécaniques.
Comme tout épilogue, ce DLC est là pour donner un peu plus du Prince de Perse à ceux ayant apprécié le jeu, en attendant une éventuelle suite.
Si l’on se réfère à une définition d’un épilogue : « Ce terme désigne en général une partie finale ajoutée, comme de surcroît, à un discours, à un ouvrage, en lui-même complet. C’est l’opposé du prologue et, comme celui-ci sert souvent à présenter au lecteur les personnages avant l’action, l’épilogue peut être employé à faire connaître ce qu’ils deviendront, l’action accomplie. L’épilogue ne se conçoit donc guère comme une partie intégrante d’un ouvrage, discours, roman ou pièce de théâtre, et ne peut se confondre avec la péroraison, la conclusion ou le dénouement. Tout au plus peut-il être l’indication d’une suite du drame, de son lointain contrecoup. Mais le mot a également pris un sens plus large en désignant, dans les romans, un ultime chapitre où l’on apprend généralement des informations sans rapport direct avec l’intrigue.«
C’est Harry Potter sur le quai de la gare disant au revoir à ses gamins en partance pour Poudlard et faisant un signe de tête discret à Malfoy. L’histoire est terminée, on vous en donne un peu plus pour que vous situiez un peu le futur. Voldemort est mort, Giny épouse Harry comme on s’en doutait, Ron et Hermione mélangent leur gènes comme on s’en doutait aussi et l’histoire continue sans qu’on ai besoin de la raconter. Un épilogue quoi.
Donc pourquoi grand dieu vient-on encore aujourd’hui gueuler comme des sourds sur un « DLC de la honte qui livre la fin du jeu séparément ». Je suis à peu près certain que cette affirmation a été rapportée une fois, amplifiée par Internet, déployée par la presse JV – à l’époque en pleine roue libre – et reprise telle quelle par une masse de joueurs offusqués n’y ayant même pas touché.
On est lundi, on vient remettre ça sur le tapis sans la moindre nuance, et sans doute même sans savoir de quoi on parle. C’est évidemment anecdotique, mais cela a sans doute contribué à plomber la relance prometteuse d’une licence historique du jeu vidéo.
Et ça, ça m’emmerde.
Sur ce, à lundi.