C'est mon article, je me fais plaisir, na
C’est mon article, je me fais plaisir, na !

Connaissez-vous Jennifer Connely ? Outre le fait qu’elle soit restée mon actrice coup de cœur bien des années, elle a commencé sa carrière cinématographique à 14 ans dans “Il était une fois en Amérique” de Sergio Leone (y’a pire comme première expérience) et s’est ensuite illustrée notamment dans un classique de Jim Henson “Labyrinthe” avec David Bowie à tout juste 16 ans. On la connaît d’avantage aujourd’hui pour son rôle dans l’excellent “Dark City”, ou pour “Requiem For a Dream” avant que sa carrière s’éloigne des blockbusters après le flop de “Hulk” (la première version avec Eric Banna), outre quelques autres rôles dans le très bon “Blood Diamond”, les très passables  “le Jour où la Terre s’arrêta” et “Coeur d’encre”, et jusqu’il y a peu avec “Noé”.

Elle s’est aussi illustrée dans le remake américain de “Dark Water” (à l’époque où il était rentable de faire des remakes de films japonais – après la blonde Naomi Watts pour “Ring”), mais son tout premier rôle dans le registre de l’horreur, il faut aller le chercher en 1985, dans une production phare du cinéaste italien Dario Argento “Phenomena”.

Mais à l'époque c'était plutôt ça
Mais à l’époque c’était plutôt ça

Dans ce film d’horreur, elle y incarne la jeune Jennifer Cornivo aux côté de Donald Pleasance (le Sam Loomis d’Halloween), enfant de star de cinéma qui est envoyée en pensionnat en Suisse par son père. Isolée et se sentant abandonnée, elle se découvre la capacité de communiquer avec les insectes, et ses crises de somnambulismes la confrontent bien vite à un mystérieux tueur armé de grandes lames déjà responsable de plusieurs meurtres de jeunes filles…

Après Suspiria – que beaucoup considèrent comme son Chef d’Oeuvre, Argento change un peu de registre avec Phenomena, qu’il traître comme un cauchemar d’enfant après des œuvres plus adultes. Sans vous ruiner la surprise si vous décidez de voir ce très bon film, il y introduit non seulement du surnaturel, mais aussi un tueur atypique qui n’aurait jamais pu fonctionner sans cette vision enfantine. Cela rend le tout très dérangeant et effrayant, sans grande logique et cohérence, mais plein de rebondissements et parfaitement maîtrisé.

Mais pourquoi parler actrice américaine et cinéaste italien ?

Clock.Tower.(Game).full.884672Parce qu’en 1995 sort au Japon, et sur Super Famicom, le premier épisode d’une série assez mal aimée et incomprise encore aujourd’hui, j’ai nommé “Clock Tower”. Et qu’il est impossible de parler de ce jeu sans évoquer Jennifer Connelly et Dario Argento.

Le créateur de la série, Hifumi Kono a en effet voulu rendre un vibrant hommage à Argento avec Clock Tower. De Suspiria, il a repris les ambiances colorées malsaines, mais c’est bien dans Phenomena que l’inspiration a été la plus visible.

Jennifer et trois autres orphelines sont adoptées par le couple Barrow, dans leur luxueux manoir norvégien. Alors qu’on leur demande de patienter dans l’entrée, l’attente se fait longue et la jeune Jennifer décide d’aller voir ce qu’il en est. A peine a-t-elle quitté le hall qu’un hurlement retentit dans celui-ci, la forçant à revenir sur ses pas pour découvrir le cadavre d’une de ses nouvelle sœur. Affolée et maintenant seule, Jennifer est poursuivie dans le manoir par un étrange être nain et difforme armé d’une gigantesque paire de ciseaux. Son objectif sera alors de fuir le Manoir, si possible avec ses deux autres sœurs, introuvables…

"Oui mais pour être sûre : il n'y a pas de nabot tueur hein ?"
« Oui mais pour être sûre : il n’y a pas de nabot tueur hein ? »

Clock Tower était un véritable survival horror, traumatisant, prenant et difficile. D’abord parce que Scissorman pouvait apparaître à n’importe quel moment (ou presque) pour prendre en chasse Jennifer, la poursuivant de pièces en pièces, fouillant parfois les décors pour la débusquer. Ensuite parce qu’à la place d’une jauge de vie, Jennifer avait été affublée d’une jauge de stress, symbolisée par la couleur de son portrait. Plus celle-ci virait au rouge, plus ses réactions étaient hésitantes, maladroites, jusqu’à chuter en fuyant son bourreau, la livrant à une mort abominable.

Il s’agissait ici de visiter un manoir et non de se battre. Aussi, le genre Point’n Click avait été choisi par Kono, de par sa lenteur, le stress qu’il pouvait générer dans des situations critiques mais aussi pour la résolution d’énigmes. Jennifer pouvait ramasser des objets, s’en servir pour activer des mécanismes et ainsi progresser dans le manoir. Certaines pièces de la demeure restaient sauves, permettant au joueur de se reposer quelques instants et de remonter la jauge de stress, mais elles restaient relativement rares, faisant de la présence de Scissorman une épée de Damoclès perpétuelle et mortelle, celui-ci pouvant apparaître à n’importe quel moment.

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Coucou Jennifer !

L’emplacement des pièces “clés” du manoir étaient également générées aléatoirement au début de la partie, rendant chaque nouvelle exploration unique et stressante ! Le jeu gérant en plus jusque 9 fins différentes suivant les actions accomplies,  toutes ces fins ne tournaient pas forcément en faveur de notre pauvre Jennifer… en plus des nombreuses “Dead Ends” synonymes de game over rencontrée lors du jeu.

Même si le propos reste d’une violence inouïe (on reste en 1995 – sur Super Famicom), Kono se refuse à jouer la surenchère graphique, préférant le pouvoir de la suggestion en montrant les scènes le plus violentes hors champs, juste avec la bande sonore. Procédé que reprend d’ailleurs l’effroyable Corpse Party sur PSP (ne le jugez surtout pas à ses graphismes mignons, ce titre est traumatisant au possible).

Kono s’est donc largement inspiré de Phenomena pour créer Clock Tower, reprenant même trait pour trait le physique de Jennifer Connelly pour son héroïne… Jennifer, ainsi que le même genre de tueur (même si il est encore plus surprenant dans Phenomena), faisant de Clock Tower non seulement un vrai jeu d’épouvante macabre, mais aussi un jeu flirtant avec un peu de surnaturel, de drame familial et de folie malsaine.

La série s’est embourbée ensuite dans dans des suites préférant un visuel plus marquant et sanguinolent, ainsi que des tueurs plus étranges. La licence appartenant à Capcom maintenant, elle s’est d’avantage rapprochée de Biohazard avec le temps.

demento-01Petite exception avec Demento (Haunting Ground chez nous) sorti en 2005 sur Playstation 2 dans lequel le joueur incarne Fiona Belli, piégée dans un château, aux prises avec ses occupants tous aussi dérangés les uns que les autres, et accompagnée d’un chien – un peu comme dans Rule of Rose. Il ne s’agit pas à proprement parlé d’un Clock Tower, mais d’un genre de Spin-Off, qui reprend l’exploration d’un énorme château à coup d’énigmes et de clés, ainsi que les apparitions et les poursuites d’une brute nommée Débilitas, prenant Fiona pour sa nouvelle poupée, qu’il ne manquera pas “d’aimer” si jamais il l’attrape… (ce bruitage pour la scène hors-champs quand il attrape Fiona… *heurgh*…). Dernier vestige du véritable Survival horror à la japonaise avant la révolution Resident Evil 4 (qui pour moi a plus été le commencement de sa descente aux enfers qu’une réelle évolution), Haunting Ground propose donc une progression à base d’énigmes dans un univers stressant, mais posé, où l’action est plutôt rare mais peut survenir à chaque tournant. Doté en plus de graphismes réellement bluffant et d’angles de caméra fixes pour plus de frisson, Demento reste un excellent titre pour tout amateur d’horreur sur console !

Y'a que moi qui voit une ressemblance avec Jill Valentine ?
Y’a que moi qui voit une ressemblance avec Jill Valentine ?

C’est sympa, mais pourquoi revenir là-dessus ?

pxlbbq-nightcry-01Et bien tout simplement parce que c’est d’actualité ! Hifumi Kono mène en ce moment une campagne sur Kickstarter pour faire revivre la série Clock Tower avec “Project Scissors – Nightcry” ! Actuellement prévu sur PC, Android/IOS et PSVita, le projet semble également vouloir s’exporter sur PS4 et XBoxOne à la condition d’atteindre respectivement les 450 000 et 550 000 dollars. Il met en scène le Scissorman (enfin… presque) sur un bateau de plaisance dans un Point’n Click retournant aux sources de la série, pour notre plus grand plaisir ! Et Kono n’oublie pas non plus de s’inspirer du cinéma en s’associant avec un nom célèbre du cinéma d’horreur japonais Takashi Shimizu (à qui nous devons des nuits d’insomnies avec Ju-On), le directeur artistique de Silent Hill Masahiro Ito, les compositrices Nobuko Toba et Michiru Yamane, connues pour leur travail sur la série Metal Gear, Final Fantasy XIV : A Realm Reborn, Halo 4 & 5, Castlevania Symphony of The Night ou Suikoden III, entre autres pointures pour s’assurer le bon déroulement du développement.

Si les versions nomades sont déjà assurées, les images de la version PC et les différents trailers semblent très prometteurs en terme d’ambiance et d’horreur (notamment une scène avec une machine à soda… *heurgh*…). Et comme je suis particulièrement friand de ce type de production alliant exploration et horreur au détriment de nombreux combats génériques, il me semblait pertinent de retracer un peu la genèse du projet, qui reste assez méconnu. Pour ceux désirant s’essayer au premier Clock Tower, je recommande déjà le visionnage de “Phenomena”, le jeu pouvant se prendre comme une déclinaison de celui-ci. Les histoires étant très différentes, les risques de se gâcher la surprise sont très minces. Malgré ses nombreuses rééditions au Japon (Console Virtuelle, WonderSwan, PSX, PSN…) le jeu n’est pas trouvable dans nos contrées, il faut se tourner vers l’émulation pour avoir une chance d’y toucher – qui plus est en version traduite par les fans !

Vous ne saviez pas quoi faire en cette semaine de congés ?

Petit bonus : le court-métrage (façon Shimizu) du projet !

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Titiks

Quadra assumé, daron de 3 apprenties gameuses, fan de tout ce qui est capable de raconter une bonne histoire. Touche-à-tout, mais surtout de bonnes aventures qui savent surprendre, et dévoué à l'univers console depuis que Sega était plus fort que tout, vous me verrez bien plus souvent connecté à la nuit tombée #2AMFather.

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