Le retour d’Until Dawn sur PS5, via un remake développé par le studio britannique Ballistic Moon, a suscité chez moi un brin de scepticisme. Le jeu original, sorti en 2015, avait surpris par son ambiance inspirée des slashers de teen-horror, ses mécaniques basées sur les choix – qui sont devenues la marque de fabrique – ou les performances de ses acteurs. Cependant, la question qu’on est en droit de se poser est celle de la pertinence d’un remake, surtout lorsque l’original a relativement bien vieilli et que son prix de lancement reste élevé.
La mort en haut de la montagne
Et non, ce n’est pas Supermassive Games aux commandes (je pense qu’ils étaient déjà bien occupés avec The Casting of Frank Stone« ), mais bien Ballistic Moon. Ballistic Moon est un studio de développement de jeux vidéo fondé en 2020 par une équipe d’experts possédant une vaste expérience dans l’industrie. Leur parcours inclut des rôles de direction dans des entreprises de renom comme SEGA, Electronic Arts, Square Enix et Supermassive Games, ainsi que des contributions à des titres tels que Madden NFL, Finding Nemo, House of the Dead: Overkill, Syndicate et Until Dawn.
Dès les premiers instants, on constate que le remake se montre fidèle à l’œuvre originale. L’histoire, le ton et les moments clés du gameplay restent pratiquement intacts. Le cadre horrifique, oscillant entre slasher classique et film d’horreur de monstres, fonctionne toujours aussi bien. On remarquera aussi de subtils changements dans la narration, notamment dans l’introduction qui se focalise plus sur les sœurs jumelles et leur sort.
Si vous êtes un amateur de frissons jouant pour la première fois, vous allez découvrir un jeu qui gère toujours habilement la montée de tension. De nombreuses séquences s’appuient sur des jumpscares efficaces, mais c’est la capacité du jeu à maintenir un suspense palpable qui fait son véritable succès.
Le système de choix et de conséquences plus ou moins directes – l’effet papillon – reste au centre de l’expérience. Chaque décision, chaque action ou inaction a un impact notable sur l’histoire, forçant le joueur à considérer ses choix avec soin. Ce mécanisme permet à chaque partie d’être sensiblement différentes, et la sensation que vos décisions influencent réellement l’histoire est toujours aussi prégnante. On retrouve notre petit groupe de têtes à claque (la plupart sont détestables) à qui on finit par s’attacher tout de même et on aura à coeur de les voir survivre.
Cela dit, la question de la nécessité d’un remake se pose. Techniquement, l’original Until Dawn est toujours qualitatif (malgré ses début de développement pour la PS3 avec son PSMOve, vous vous souvenez ?), il n’a pas tant souffert du passage du temps que d’autres titres plus anciens, Supermassive Games ayant déjà fait un excellent travail à la base. De plus, proposer cette version retravaillée à un prix aussi élevé (70€) me semble un brin excessif, surtout pour un jeu qui n’apporte pas de transformations radicales à l’expérience de base. Il y a des modifications, et pas mal d’amélioration tant technique que narrative, mais quand même… ça fait cher payé pour un titre que nous connaissons déjà dans les grandes lignes et qui était déjà très beau en 2015 (ouch, quand même !).
L’une des principales nouveautés du remake réside dans l’utilisation de l’Unreal Engine 5, qui remplace le moteur Decima utilisé dans la version originale. Grâce à cela, le jeu bénéficie de graphismes améliorés, notamment au niveau des expressions faciales, des animations, et des détails environnementaux. Les effets de neige, les scènes gore et les blessures des personnages sont plus détaillés et percutants. Et c’est exactement ce qu’on attendait 😀
Le jeu propose aussi une nouvelle caméra à la troisième personne, qui permet de contrôler davantage la perspective lors de certaines séquences. Cette petite mise à jour, mêlée aux caméras fixes classiques, crée un mélange intéressant entre le cinéma interactif et une expérience plus contemporaine, rendant le jeu à la fois plus immersif et plus interactif. Rappelons-le quand-même : il s’agit d’un gros film interactif.
Cependant, tout n’est pas parfait. Le remake souffre de quelques problèmes techniques mineurs, tels que des baisses de framerate malvenues pour un remake sur PS5, même lors de scènes peu exigeantes, ainsi que quelques bugs d’animation qui peuvent entacher l’immersion. Ces problèmes, bien qu’aucunement dramatiques et qui seront certainement réglés à coup de patchs, restent frustrants pour un jeu sorti en 2024, surtout à ce niveau de prix.
Si le gameplay et les choix sont toujours aussi solides, le scénario d’Until Dawn ne brille pas autant qu’il le pourrait. En réalité, certaines critiques à l’égard de l’écriture du jeu original persistent dans ce remake. Les dialogues restent parfois maladroits, et certains personnages, écrits pour être détestables, tombent souvent dans la caricature au point de devenir irritants (Emily et Jessica, on vous voit). Si l’élément horrifique reste convaincant, les relations post-adolescentes qui entoure les protagonistes a tendance à affaiblir l’ensemble. Je suis d’accord pour qu’on ait notre dose de personnages libidineux, c’est un classique du genre que seul « La Cabane dans les bois » a su déjouer avec talent, mais là, certains personnages sont toujours difficiles à supporter.
Les conflits interpersonnels entre certains personnages sont si pesants qu’ils nuisent à l’atmosphère horrifique. Là où Until Dawn brille dans sa gestion de la tension et de l’angoisse, il se prend les pieds dans le tapis dans sa représentation des relations humaines. Ce déséquilibre, bien qu’intentionnel, devient fatiguant à mesure que l’histoire progresse et surtout que le sang coule.
Comme je le disais, ce remake n’est pas dénué de nouveaux contenus. Outre la caméra à la troisième personne, le jeu propose des nouveaux totems à découvrir et quelques ajustements mineurs à l’exploration, introduisant davantage de détails et d’interactions environnementales possibles. On notera aussi que les options d’accessibilité ont été améliorées, offrant la possibilité de personnaliser les QTE selon ses préférences, ce qui devrait plaire à une partie des joueurs. Sans doute un héritage de « The Dark Pictures Anthology : Little Hope« .
Autre ajout notable : quelques changements ont été faits dans le prologue et une extension du contenu de fin suggère de possibles suites ou de liens avec d’autres projets du studio Supermassive Games, ce qui m’intrigue assez fort. Cependant, ces ajouts sont plutôt mineurs, et leur impact sur l’expérience globale du jeu reste limité.
Si vous n’avez jamais joué à Until Dawn ou si vous souhaitez revivre l’aventure dans des conditions optimales sur du matériel moderne, ce remake est jeu d’octobre solide, comme il l’était à l’époque. Pour ceux qui l’ont déjà bouclé à l’époque, la question du rapport qualité/prix devient plus difficile à trancher, surtout face à la concurrence actuelle des jeux narratifs interactifs.
Until Dawn
| Supports | PC, PS5 |
| Genre | Aventure |
| Date de sortie | 4 octobre 2024 |
| Éditeur | Sony |
| Développeur | Ballistic Moon |
| Multi | Non |
Un remake visuellement impressionnant, mais qui peine à justifier son prix élevé et l’absence de réelles innovations dans le gameplay
On a aimé
- Visuellement amélioré grâce à l’Unreal Engine 5
- Toujours les bonnes mécaniques de choix et conséquences
- Nouvelle caméra à la troisième personne pour plus de contrôle
- Toujours aussi efficace dans la gestion de la tension et des jump scares
- Options d’accessibilité améliorées
On a moins aimé
- Prix élevé pour un remake somme toute modeste
- Problèmes techniques mineurs (chutes de framerate, bugs d’animation)
- Écriture parfois faible, personnages caricaturaux
- Peu d’ajouts réellement marquants par rapport à l’original
