Test : Stellar Blade – Un Ange descend sur Terre

Ayé ! Le projet EVE (non, pas celle de Wall-E),-devenu Stellar Blade depuis son annonce, en même temps qu’une exclusivilité PS5 – est enfin dans les bacs. Après une démo qui en a enchanté plus d’un, il est temps de se faire un avis plus abouti sur ce titre sud coréen.

2B or not 2B

On va évacuer rapidement 2 points qui sautent aux yeux de tout le monde : oui, les personnages féminins de Stellar Blade sont ultra-sexy, et oui, le jeu a lorgné très sévèrement du côté de NieR Automata pour un tas de choses.

On est encore à palabrer sans cesse sur la plastique des personnages (souvent féminins d’ailleurs… je ne vois pas de polémiques sur le physique de Kratos, Nathan Drake, Mitsurugi ou Jin Kazama…) alors que depuis longtemps, les exemples fusent pour démontrer que ce n’est heureusement pas ce qui défini le personnage en lui-même. C’est une représentation fantasmée, irréelle, tout comme les situations qu’ils vivent. Je doute réellement qu’on ait réduit Bayonetta et 2B à leur simple physique. Je ne comprends plus trop ce monde dans lequel on se montre sur Instagram tout en vociférant sur la plastique d’un personnage en 3D. Paye ta logique.

Concernant Stellar Blade, les guerrières venues de la Matri-Arche (!) sont définies comme des « Anges » par ceux qui vivent sur Terre. Je n’irais pas plus loin dans la définition des personnages, mais vous vous rendez bien compte de la stérilité du débat, surtout quand on a Mr Kim Hyeong Tae au chara-design, déjà connu pour ses (superbes) artworks de Magna Carta : Tears of Blood ou sa BD Street Fighter mettant en scène une courte histoire sur Cammy.

Bref, pour moi, c’est un faux débat qui n’a rien à faire dans l’appréciation de Stellar Blade. Sexy, EVE l’est, sans conteste. Elle a d’ailleurs été modélisée à partir du modèle Coréen Shin Jae Eun, qui est bien un être humain. Il y a des tenues qui la rendent encore plus sexy (dont une couleur chair qui a fait couler pas mal d’encre, mais qui supprime votre bouclier, ou une tenue en dentelle en récompense d’une quête annexe vraiment trop pénible) à débloquer et fabriquer si vous le souhaitez. La culture asiatique est différente sur ce point, c’est un fait à accepter, ou il faut juste passer son chemin.

Mais si vous vous concentrez sur les formes d’Eve pendant le jeu, vous allez prendre cher ! Car l’important est bien ailleurs.

D’abord, Stellar Blade est beau. La démo a convaincu tout le monde, et même s’il s’agissait d’une introduction tape-à-l’œil, le reste du jeu est à l’avenant. Si Eve se promène le plus souvent dans des environnements fermés dans lesquels elle va débloquer des raccourcis, les quelques zones ouvertes sont également très grandes et visuellement réussies. C’est détaillé et plutôt bien construit. On a bien entendu un aspect un peu « poupée » sur les différents visages (même celui d’Adam), mais certains personnages secodnaires profitent d’un chara-design vraiment intéressant et travaillé. Paradoxalement, Eve et Lilly, les deux protagonistes féminins, sont visuellement les personnages les moins intéressants et les plus génériques.

Une fois encore, il est très difficile de ne pas faire de parallèle avec NieR Automata, tant on est sur un copier/coller de la structure : Une fois Xion atteinte, la ville servira de hub central avant de partir rejoindre les différentes zones et donjons, au son d’une douce mélodie chantée. Certains donjons vont demander de parcourir de très grands environnements désertiques et réussir certaines quêtes annexes (dont rétablir des tours pour débloquer les points de sauvegarde), tandis que d’autres seront directement accessibles grâce au vaisseau d’Adam.

On retrouve aussi une structure très Souls-Like, avec des combats exigeants (même en mode facile), des raccourcis à débloquer et des camps qui servent à se soigner, dépenser ses points de compétence, faire des achats et réinitialiser les ennemis.

De très nombreuses notes sur des cadavres sont aussi disséminées dans les niveaux et vous permettent d’en apprendre plus sur certains événements et sur la vie des humains sur Terre, très différente de celle menée sur la Matri-Arche… On a d’ailleurs très peu de lore raconté, et il faudra aussi reconstituer un peu l’histoire sur base de ces notes. On reste loin de ce que propose From Software, mais c’est la même logique.

Stellar Blade vous propulse donc en tant que combattante sur une Terre dévastée et en proie aux Naytibas, des monstres étranges et féroces qui ont décimés l’humanité.

Depuis la Matri-Arche qui stationne dans l’espace, un nouveau bataillon de guerrières est envoyé pour mettre un terme à la menace, mais seule Tachy et Eve atteignent leur destination. Quand un Naytba Alpha surpuissant débarque et tue Tachy d’un coup, Eve n’a d’autre choix que de fuir avec Adam, un humain présent sur les lieux. Après avoir sauvé Lilly, une autre combattante experte en technologie, et rejoint Xion, la dernière ville de l’humanité, Eve doit se concentrer sur la recherche d’énergie et des noyaux des Naytibas pour lever le voile sur l’apparition de ces créatures et sa véritable mission.

Les influences vont même invoquer des titres comme BioHazard, en vous enfermant parfois dans des anciens complexes sombres et délabrés, peuplés de monstruosités, en vous armant uniquement de votre pistolet. Mais c’est majoritairement au corps à corps et armé de votre lame que vous allez combattre la menace Naytiba.

Ces créatures piochent d’ailleurs leurs design tantôt dans les dégeulasseries de Biohazard, tantôt dans les étrangetés angéliques de Bayonetta. Je dois dire que si certains ennemis sont récurrents, chaque zone apporte sa petite originalité, comme ces parasites qui raniment les cadavres à portée, et qui se jettent sur le cadavre le plus proche une fois vaincus, les genres de formes humanoïdes rampantes qui s’échappent de certains ennemis vaincus et explosent au contact d’Eve ou encore des machines parasitées.

Eve aura bien besoin de toutes ses compétences pour en venir à bout, voire de les tuer en un coup en les approchant de manière furtive. Le système de combat de Stellar Blade fait la part belle au combat au corps à corps (même si vous débloquez une arme à distance dépendante de différentes munitions), vous imposant de progressivement de lire de plus en plus rapidement les mouvements de vos adversaires.

En effet, outre la parade classique, vous pourrez à certains moments précis esquiver l’attaque et passer dans le dos de l’ennemi, voire contre-attaquer si vos réflexes vous le permettent. Mais vous passerez le plus clair de votre temps à parer les attaques avec un timing précis grâce à votre lame.

Un code couleur des attaques ennemies vous renseignent sur les mouvements à opérer, et il devient rapidement courant d’enchainer 4 ou 5 esquives et parades d’affilée avant de pouvoir placer une technique spéciale. Eve dispose d’ailleurs dans la dernière partie du jeu de deux types de technique. Le premier type se charge avec les parades et attaques réussies, et s’enclenchent avec L1 et une des 4 touches du symbole Playstation. Rapides à placer, évolutives et dévastatrices, ces attaques constitueront la meilleure façon de faire de gros dégâts à vos ennemis et d’entamer leur bouclier, en plus de pouvoir parfois interrompre leurs mouvements.

Les seconds mouvements, plus puissants et dévastateurs, se déclenchent avec la touche R1 et font réellement beaucoup de dégâts de zone. De plus, les animations de ces attaques vous procurent quelques frames d’invincibilité, avec lesquelles il sera indispensable de jouer contre les 4 ou 5 derniers boss. Au fil des heures, Eve obtient de plus en plus de mouvements et d’enchaînement, et c’est un vrai plaisir de voir que tout ça se combine dans un balai visuellement impressionnant, mais aussi éprouvant lors des nombreux combats de boss.

En plus de quelques créatures plus massives que d’autres que vous rencontrerez lors de votre voyage, il existe un joli nombre de boss et de sous-boss d’une puissance terrifiante dont il faudra analyser les patterns et les différentes phases pour espérer les voir tomber. Tous feront appel à vos réflexes et à votre lecture de leur mouvement, mais on pourra noter un boss en particulier qui aura à sa disposition une attaque capable de mettre fin au combat automatiquement, sauf si vous parvenez à l’en empêcher.

C’est un système que j’ai trouvé pernicieux, car il fait son apparition dans un combat très tardif et très éprouvant. J’ai trouvé vraiment injuste de devoir suer contre un boss et perdre automatiquement parce qu’il est très difficile de l’empêcher de lancer son attaque en plein milieu ou qu’on tombe à court de balles.

Je dois néanmoins vous prévenir de deux-trois choses qui peuvent avoir un certain impact sur votre partie : la première est que vous ne pourrez pas revenir en arrière une fois la dernière séquence de jeu lancée – et la dernière partie représente plusieurs heures. La sauvegarde du titre étant unique, ayez en tête de terminer tout ce que vous voulez au moment où le jeu vous prévient que vous allez lancer la dernière partie du titre.

Ensuite, vous serez confronté à un choix à la fin du jeu qui va conditionner l’identité du boss et la conclusion. Ce choix ne peut-être fait qu’une seule fois par partie. Même si vous êtes vaincu par le boss et que vous devez recommencer la séquence, le choix est enregistré dans votre sauvegarde.

Enfin, il est indiqué que les aventures d’Eve ne sont pas terminées une fois la fin atteinte. Une suite est-elle prévue ? Seulement, soyez également prévenu que si le jeu débloque une nouvelle difficulté et une nouvelle tenue après le générique, il vous est seulement proposé de recommencer une partie depuis le début (ou de refaire le combat de boss, toujours bloqué au choix déjà fait). Il ne semble pas y avoir de post-game vous permettant de vadrouiller un peu partout après avoir vaincu le boss.

Je n’ai pas eu le temps à ce stade de refaire un second run, et il est possible que d’autres éléments scénaristiques se débloquent, ainsi qu’une « vraie fin » en refaisant le jeu (à la manière de NieR), il me faudra du temps pour définir cela. Nul doute que l’information va fuiter dans les jours à venir.

Edit : le patch DayOne est tombé, et il propose en effet un « NewGame+ » dans lequel vous recommencez la partie avec tout vos acquis (niveau, compétences, objets, équipements…). De quoi atteindre rapidement le bout de l’aventure une deuxième fois… et découvrir une « vraie fin » ?

J’ai lu que Taro Yoko était jaloux de Stellar Blade, mais je pense qu’il peut encore dormir tranquille. En termes d’écriture, ses œuvres restent très loin devant ce qui est proposé par Shift Up. Néanmoins, si vous n’avez pas encore touché à la Saga NieR, Stellar Blade saura vous offrir un voyage de qualité dans un monde dévasté, en compagnie d’une petite troupe attachante.

Doté d’une réalisation de haut vol et d’un excellent gampelay, Stellar Blade ne prend malheureusement pas trop la peine de masquer ses influences, glânant ici et là ce qui fonctionne le mieux dans différentes oeuvres pour les servir presque à l’identique dans son jeu. La bonne nouvelle, c’est que c’est maîtrisé et que le mélange fonctionne très bien.

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