Dans la famille des jeux qu’on ne s’attendait pas à voir revenir un jour, je demande l’improbable jeu de baston mettant en scène Shaquille O’Neal, j’ai nommé Shaq-Fu A Legend Reborn. Et dieu sait qu’après le retour de Bubsy que personne n’avait demandé non plus, on était en droit de craindre le pire.
Everybody was Shaq Fu Fighting
Ah les glorieuses années 90 où tout était encore permis. Tenez, en 1996 on nous a sorti un film mêlant les Looney Toons (Bugs Bunny, Daffy Duck et consort) et la star de basket Michael Jordan avec Space Jam. Mais la star des Chicago Bulls n’était pas le premier à avoir prêté son image à un produit très éloigné de son domaine. On se souvient qu’à l’époque, marques et jeux vidéo faisant plutôt bon ménage avec des jeux basés sur les icônes de la Pop (Moonwalker avec Michael Jackson par exemple, Mick et Mack Global Gladiators pour le compte de MacDonald’s, Cool Spot pour 7Up, etc…).
Le titre qui nous occupe ici a tenté un peu vainement de se faire une place entre les ténors du genre qu’étaient Street Fighter II et Mortal Kombat avec Shaq Fu, mettant en scène la Star des Lakers dans un titre développé par Delphine Software (et plus particulièrement Paul Cuisset à qui on devait déjà l’excellentissime Flashback). Il n’était même pas question de basket-ball, à l’exception de l’introduction du jeu puisque c’est avant de jouer un match à Tokyo que Shaquille se retrouve plongé dans une autre dimension pour sauver un jeune garçon de la momie Sett-Ra.
La stratégie commerciale du président de Sega of America de l’époque, Michael Katz, avait fait en sorte de faire signer les grands noms du sport chez Sega Genesis pour contrer Nintendo sur le territoire américain, la version Megadrive du titre comportait en tout 12 combattants, contre seulement 7 pour la version Super Nintendo. Avec la superstar Shaquille O’Neal en vedette du jeu, nul doute que Delphine Software comptait en vendre des palettes… Et pourtant, le titre s’est ramassé au niveau des ventes. Au menu des critiques, une présence de la star complètement injustifiée et strictement commerciale, une hit-box foireuse, un scénario idiot et mal écrit et surtout un système de combat à des kilomètres des mètres-étalons de l’époque. Pourtant, à bien y regarder aujourd’hui, le système de combat n’était pas inintéressant, à base d’association de boutons et de directions pour déclencher des attaques différentes, uniques suivant le personnages.
Shaq is back, back again
Mais nous ne sommes pas ici pour refaire l’histoire : il a été unanimement souligné que Shaq Fu était un mauvais jeu, mais visiblement pas assez pour que Big Deez Productions veuille ramener la licence en 2018 avec un financement participatif sur Indiegogo, qui a tout de même atteint les 468 000 dollars. Mais ici encore, on ne reprend que les bases (Shaquille O’Neal en héros, un univers de Kung-Fu) et on ne se prend absolument pas au sérieux deux minutes en sortant un Beat’m Up coloré, lâchant des vannes plus vite que son ombre et où il est question de défoncer des démons qui ont pris l’apparence de grandes stars de la Pop en vue de rendre le monde entier complètement con. Oui, voilà, c’est pas plus compliqué que ça. Le précédent Shaq Fu avait un pitch débile ? Celui-ci l’assume pleinement, allant parfois briser les quatrième mur en faisant directement référence à son financement participatif.
Shaq Fu A Legend Reborn propose une nouvelle idée ou variation toutes les 5 minutes
Genre éminemment répétitif, le Beat’m Up trouve ici une jolie variété de situation, en proposant divers ennemis propres à chaque monde, et des mécaniques qui parviennent à renouveler régulièrement l’intérêt de chaque niveau. Basiquement, Shaquille (j’en peux plus de ce prénom) peut coller des patates aux ennemis pour enchaîner les coups, esquiver avec une roulade, accumuler de l’énergie pour frapper le sol d’une attaque envoyant valser tout le monde, se servir d’éléments du décors comme armes, terminer un combo avec une grosse frappe qui assomme les ennemis les plus résistants et envoie les autres s’écraser contre l’écran ou dans le décor (parfois avec des animations dédiées).
Parfois, quand le jeu le permet, Shaquille endosse une armure pour un temps limité, lui conférant plus de puissance et de vitesse contre la horde d’ennemis qui lui font face. Entre les démons plus résistants, les hordes de fans abrutis et les mid-boss en tout genre, l’action est frénétique et on doit affronter des tonnes d’ennemis à l’écran. Quelques séquences sommairement animées ponctuent l’aventure (les débuts et fin de niveau, ainsi que les rencontres avec les boss), toujours avec beaucoup de second degré.
Et paradoxalement, tout cela fonctionne plutôt bien. Si les niveaux sont assez longs et disposent de décors somme toute assez peu originaux, les mécaniques s’enchaînent et on a globalement une nouvelle variation ou idée toutes les 5 minutes. On pourra reprocher par contre au titre d’abuser quelque peu du nombre d’ennemis simultanés, rendant parfois l’action confuse, d’autant que Shaq ne réagit que peu ou pas aux coups normaux qu’il reçoit, si ce n’est un scintillement. Si la roulade peut être pratique pour esquiver des attaques à distance venant de l’autre côté de l’écran, Shaq reste lourd à déplacer, et au final assez pataud, même si j’avoue l’avoir trouvé plutôt réactif en combat.
Conclusion
Ce n’était clairement pas gagné, mais ils ont réussi à ressortir une licence mal-aimée pour en faire autre chose de complètement barré. Vendu de surcroît à prix doux, Shaq Fu A Legend Reborn s’avère être une bonne expérience qui délivre exactement ce qu’elle a promis. Clairement pas indispensable, le titre de Big Deez Productions reste très correct, drôle et avec pas mal de variété pour justifier son achat. On n‘en attendait rien sinon bien pire, donc si vous êtes à la recherche d’un chouette petit Beat’m Up pour vous occuper quelques heures, on peut vous conseiller Shaq Fu A Legend Reborn.
Shaq Fu A Legend Reborn
- Développeurs Big Deez Productions
- Type Beat’m Up
- Support PS4, PC, Xbox One, Switch
- Sortie 05 Juin 2018