Quand Rockstar Games a lancé Red Dead Redemption en 2010, la surprise fut totale. Pour de nombreux joueurs, l’histoire de John Marston résonnait comme un chant du cygne du Far West. Ce récit chargé d’émotion, de violence, et de solitude, se réinvente désormais sur PC, permettant aux joueurs d’aujourd’hui de (re)découvrir ce classique. Cependant, le prix du portage et son contenu inchangé soulèvent des interrogations : ce portage mérite-t-il son prix élevé ou s’agit-il simplement d’un coup de nostalgie à savourer avec prudence ?
Une expérience PC fidèle, mais pas sans limites
D’entrée de jeu, il est difficile d’ignorer le coût de cette version. À environ 50€ quand même, ce portage s’aligne sur le tarif d’une nouveauté AAA, un prix jugé par certains trop élevé pour un jeu qui, graphiquement et mécaniquement, reste quasi inchangé depuis une décennie. L’attente pour une refonte complète reste donc déçue, et ce, malgré la stabilité technique et la qualité de l’adaptation.
La prise en main sur PC est globalement fluide, un véritable point fort comparé à certains portages controversés de Rockstar. Ici, pas de plantages ni de bugs majeurs : Red Dead Redemption s’adapte bien au format, mais avec quelques couacs. L’utilisation du clavier et de la souris rend les fusillades plus précises, un luxe qu’aucun joueur PC n’échangerait contre une manette. En revanche, monter à cheval reste un combat contre des contrôles légèrement archaïques, rappelant les mouvements rigides des jeux de générations passées. L’utilisation de la caméra, en particulier dans les scènes cinématiques, accentue cette rigidité, ce qui pourrait décontenancer ceux habitués aux standards de maniabilité modernes.
Malgré tout, les ajustements graphiques permettent de profiter du jeu dans une résolution supérieure, et les textures, bien que datées, gardent une certaine beauté. Le charme visuel de l’univers persiste grâce à une direction artistique remarquable. On se laisse emporter par ces paysages infinis, ponctués de ciels rouges au crépuscule et de plaines désertiques baignées de lumière ocre. Rockstar n’a pas créé ici un univers photoréaliste, mais un tableau du Far West qui, même aujourd’hui, demeure unique.
Ce qui fait la force de Red Dead Redemption, c’est avant tout son ambiance. Contrairement à l’opus suivant, Red Dead Redemption 2, qui invite le joueur à explorer des contrées verdoyantes et à suivre une bande de hors-la-loi unie par des liens fraternels, le premier volet nous fait ressentir la solitude du héros. John Marston traverse un monde rude, un environnement impitoyable qui le renvoie sans cesse à ses erreurs passées et le pousse à s’interroger sur sa rédemption.
Dès les premières heures, l’on découvre une Amérique poussiéreuse et âpre, où les interactions se font rares et les rencontres imprévisibles. Armadillo, première ville que l’on explore, est le stéréotype parfait du village de western, avec ses habitants qui vivent dans un état de quasi-survie, chacun suivant un code moral tout personnel. L’univers n’est pas seulement beau, il est crédible : les bâtiments délabrés, les routes désertes et les coyotes errants créent un ensemble réaliste, une immersion profonde renforcée par une bande-son minimaliste. Des accords de guitare, des notes sèches et plaintives rappellent à chaque instant que le Far West est bien plus qu’un mythe – c’est un mode de vie en voie d’extinction.
Si Red Dead Redemption 2 a pris le relais en matière d’immersion, ce premier opus conserve son charme particulier en étant plus axé sur l’individu que sur la communauté. Dans Red Dead Redemption 2, les joueurs sont intégrés à un groupe soudé, une communauté vivante qui tente de survivre ensemble. Ici, c’est une tout autre histoire. John Marston est un homme seul, traqué par son passé, et ce voyage personnel lui appartient. Les fans apprécieront d’ailleurs la subtilité des liens entre les deux opus, comme un clin d’œil adressé à ceux qui connaissent déjà l’univers.
Ce sentiment de solitude est magnifié par les choix artistiques du jeu. Alors que Red Dead Redemption 2 nous emmène dans des paysages luxuriants, semblables à des terres vierges encore préservées, le premier opus nous invite dans des régions arides, souvent désolées, où la poussière règne en maître. La tension qui en découle est palpable : ce décor devient presque un personnage à part entière, un reflet de l’âme de Marston, secoué par des dilemmes moraux et hanté par ses erreurs.
Si l’univers du jeu séduit toujours, les mécaniques de gameplay, elles, montrent leur âge. Rockstar, en effet, a souvent été critiqué pour son attachement à des mécaniques datées, préférant peaufiner ses scénarios et ses personnages plutôt que d’actualiser les contrôles. Ici, les combats sont plaisants, et le tir au fusil, surtout avec la précision de la souris, rend les duels intenses. Cependant, la gestion des déplacements, notamment à cheval, manque de précision.
La caméra, en particulier, pose problème : elle change parfois de direction de manière confuse, notamment lorsque l’on tente de suivre un personnage en mode cinématique. Cela entraîne des difficultés dans la manœuvre, rappelant les controles des premiers survival-horror comme Resident Evil. Une expérience parfois frustrante pour les joueurs qui s’attendent à une fluidité comparable aux jeux modernes.
Pour les amateurs de modernité, ces défauts pourraient se transformer en obstacles, mais pour les autres, ils s’effacent facilement derrière la qualité de la narration et la profondeur du monde qui les entoure.
Là où Red Dead Redemption se démarque vraiment, c’est dans l’écriture de ses dialogues. Les échanges entre John Marston et les autres personnages ont ce côté percutant, incisif, qui rappelle les films de Clint Eastwood. Chaque réplique a un poids, chaque échange ressemble à un duel verbal. Cet art du dialogue, bien trop rare dans les jeux modernes (hein, Veilguard ?), donne une authenticité à l’histoire. Ce n’est pas un univers où les personnages expliquent tout par des monologues – ici, chaque mot compte, et chaque silence en dit long.
En particulier, les échanges entre John et Bonnie, la jeune fermière qui lui vient en aide dès les premières heures, montrent une finesse d’écriture. Leur respect mutuel, teinté d’ironie et d’une amitié naissante, fait partie de ces moments qui marquent. C’est une écriture qui ne cherche pas à imposer une vision du monde, mais plutôt à exprimer les dilemmes moraux d’un homme en quête de rédemption.
Red Dead Redemption
Supports | PC, PS3, XBox 360 |
Genre | Action-aventure |
Date de sortie | 18 mai 2010 |
Éditeur | Rockstar Games |
Développeur | Rockstar Games |
Multi | Oui |
Red Dead Redemption n’a pas seulement survécu aux années, il reste une vraie invitation à découvrir le Far West qui a conservé toute sa force narrative
On a aimé
- 4K, 60fps, enfin
- Undead Nightmare inclus
- Toujours aussi incroyable narrativement
- Enorme contenu
On a moins aimé
- Un portage PC qui arrive très tard
- Le prix… ouch
- Il aurait mérité une petite refonte visuelle
- Les contrôles, pas très modernes
Red Dead Redemption
Titiks
En bref
Au final, Red Dead Redemption sur PC est un portage de qualité, bien qu’il n’apporte pas les innovations espérées par certains. La beauté de ce jeu réside dans son atmosphère, son écriture, et l’expérience unique qu’il propose. Certes, le prix reste élevé, et il est naturel que certains hésitent à l’acquérir immédiatement. Mais pour ceux qui sont prêts à replonger dans cet univers, il reste une valeur sûre malgré son âge.
À propos de l’auteur
Titiks
Quadra assumé, daron de 3 apprenties gameuses, fan de tout ce qui est capable de raconter une bonne histoire. Touche-à-tout, mais surtout de bonnes aventures qui savent surprendre, et dévoué à l’univers console depuis que Sega était plus fort que tout, vous me verrez bien plus souvent connecté à la nuit tombée #2AMFather.