Plongeons à nouveau dans l’univers d’Assassin’s Creed, en compagnie de Thomas Méreur, qui continue son exploration des différents changements et évolutions entre 2014 et 2023 avec Les Secrets d’Assassin’s Creed. De 2014 à 2023 publié par Third Editions. Ce livre offre la suite de la longue et douloureuse transformation de la série, racontant les défis rencontrés par les développeurs, ainsi que les révolutions graphiques et narratives qui ont redéfini la franchise. Une fois n’est pas coutume, on va y aller époque après époque parce que j’y ai appris beaucoup de choses.
Le passage à la nouvelle génération
La nouvelle ère débute avec le saut vers la nouvelle génération de consoles. Un changement qui a permis d’incorporer progressivement des éléments de RPG, une refonte complète du système de combat, et l’introduction d’un monde ouvert plus vaste. C’est une période où les développeurs ont repoussé les limites techniques pour offrir des expériences de jeu plus immersives et dynamiques.
Pour éviter de dissuader les joueurs potentiels avec une numérotation trop élevée, c’est cette période qu’Assassin’s Creed a abandonné cette pratique après Unity. Chaque épisode se veut une porte d’entrée accessible pour les nouveaux joueurs, faisant de chaque jeu une expérience indépendante, quitte à perdre en continuité. Sans Desmond, le jeu et la narration devaient se renouveler. Le développement de Unity a débuté deux ans avant la sortie d’Assassin’s Creed III. À cette époque, Révélations était déjà en développement, montrant la capacité d’Ubisoft à travailler sur plusieurs jeux simultanément grâce à plusieurs équipes dédiées.
Assassin’s Creed Unity et Syndicate, la chute de l’aigle
Commencé deux ans avant la sortie d’Assassin’s Creed 3, le développement d’Unity a été un véritable casse-tête. L’ambition de créer un jeu nouvelle génération avec un Paris à quatre époques et un mode multijoueur unifié a dû être réduite.Unity se distingue par son ambiance révolutionnaire et la beauté de son Paris reconstitué, grâce à une gestion lumineuse audacieuse mais réussie. Si le parkour a été revu, en étant moins fluide, l’ambiance générale était une véritable réussite, malgré les bugs graphiques qui font encore rire aujour’hui.
De son côté, Ubisoft Québec a choisi une approche plus ludique avec Syndicate, transportant les joueurs dans le Londres de la révolution industrielle. Le studio, ne souhaitant pas simplement faire une suite d’Unity, a introduit le grappin et les courses de carrosses, des éléments qui ont divisé les fans. L’histoire du jeu elle-même présentait un intérêt limité, malgré la présence d’un DLC plutôt original avec Jack L’Éventreur.
Assassin’s Creed Origins, Odyssey et Valhalla, la démesure
Avec Origins, la saga a pris un tournant majeur, revenant aux origines de la confrérie des Assassins dans l’Égypte antique. Ce jeu a introduit un monde ouvert vaste, un système de combat remanié basé sur des hitbox, et le fidèle aigle Senu pour une exploration plus stratégique. Incarner Bayek, confronté à la perte de son enfant et à la naissance de la confrérie, a enrichi la série d’une profondeur narrative sans précédent. Odyssey, développé par Ubisoft Québec, nous plonge dans la Grèce antique. Ce jeu reprend les bases établies par Origins et les amplifie, offrant un RPG complet avec des choix de dialogues, des romances et des fins multiples. Malgré son côté divertissant, il a suscité des débats sur son appartenance à la saga, notamment en s’éloignant des codes traditionnels d’Assassin’s Creed. Enfin, le livre revient sur Valhalla, qui nous a fait explorer le monde des Vikings, inspiré par la mythologie nordique. Tentant de déconstruire les clichés, ce jeu offre une vision plus nuancée des Vikings. Avec un monde ouvert gargantuesque et bien trop rempli, un système de combat RPG, et l’aigle fidèle, Valhalla a été critiqué pour sa longueur excessive et la complexité de sa méta-histoire, malgré son ambition narrative. Le succès de Valhalla a également incité Ubisoft à multiplier les DLC, prolongeant ainsi la durée de vie du jeu et générant des revenus supplémentaires, jusqu’à plus soif.
Assassin’s Creed Mirage, le vrai-faux retour aux sources
Développé par Ubisoft Bordeaux, Mirage célèbre les 15 ans de la série en revenant aux fondamentaux : une seule ville, Bagdad au IXe siècle, et un focus sur le parkour, la furtivité et les assassinats. Bien que son développement ait été contraint, Mirage est tout de même salué comme un retour réussi aux origines, ravivant la flamme des fans de la première heure, malgré son statut d’épisode mineur et la connaissance demandée pour comprendre tous les enjeux de son histoire. L’ajout du pouvoir de concentration dans Mirage résulte de l’intervention de l’équipe éditoriale, cherchant à introduire un élément de gameplay plus « vendeur ».
La nouvelle Méta-Histoire, le pied dans le tapis
Une partie du livre revient également sur les moments contemporains de la licence. Avec l’introduction de Layla Hassan comme nouveau personnage principal, la méta-histoire a pris une nouvelle direction. Layla, ancienne chercheuse d’Abstergo Industries devenue membre de la Confrérie des Assassins, est au cœur des intrigues de plusieurs jeux récents. Son parcours explore des thèmes tels que la trahison, la quête de rédemption, et les secrets de la Première Civilisation.
La méta-histoire est enrichie par les fragments de souvenirs trouvés dans l’Animus, fragments qui révèlent des informations cruciales sur la guerre entre Assassins et Templiers, ainsi que sur les artefacts puissants laissés par les Isus. Bien qu’assez intéressante sur le papier, la méta-histoire peut parfois sembler noyée dans la longueur des jeux. Nous pouvons trouver difficile de suivre tous les détails et les intrigues secondaires, surtout lorsque l’accent est mis sur la méta-histoire des Isus plutôt que sur le conflit séculaire entre Assassins et Templiers, pourtant au coeur des premiers jeux. Cependant, elle reste un fil conducteur offrant une profondeur supplémentaire et reliant chaque aventure individuelle à un récit global.
Les défis et questionnements
Thomas Méreur revient également sur l’évolution naturelle de la série vers l’époque contemporaine, qui a posé des défis importants. Les armes à feu et les véhicules modernes ont remi en question les mécanismes de jeu traditionnels d’Assassin’s Creed, rendant difficile l’intégration des éléments de parkour et d’infiltration, pourtant au cœur de l’expérience de la série. Après la sortie buggée de Unity, Ubisoft a pris conscience de la lassitude croissante des joueurs. Cela a conduit à un ralentissement du rythme des sorties et à une réflexion approfondie sur l’avenir de la franchise. Le désir de « rafraîchir » la franchise avec Origins marque une volonté de s’éloigner de la formule classique des jeux précédents. L’auteur évoque également l’antagonisme entre les studios d’Ubisoft, notamment entre Ubisoft Québec et les autres équipes, qui a influencé le développement des jeux. Ubisoft Québec, en charge de Syndicate, souhaitait créer un jeu à son image, ce qui a parfois mené à des contradictions internes et à un jeu perçu comme bancal.
D’un point de vue plus actuel, le report d’Assassin’s Creed Shadows suscite des interrogations sur l’avenir de la franchise. Est-ce un simple retard ou un indicateur de problèmes plus profonds, comme cela a été soulevé avec la question de la véracité historique mise à mal par les japonais eux-mêmes ? L’enjeu est de taille pour Ubisoft, car Shadows doit impérativement être un succès, l’entreprise ne pouvant se permettre de nouvelles ventes décevantes.
Assassin’s Creed reste une licence phare pour Ubisoft, représentant une part significative de son succès. La majorité des studios d’Ubisoft sont impliqués dans le développement de jeux Assassin’s Creed, soulignant l’importance stratégique de cette franchise pour l’entreprise.
Thomas Méreur
L’auteur de « Les Secrets d’Assassin’s Creed – Volume 2 : Révolution » est un véritable passionné de jeux vidéo, avec une connaissance approfondie de la saga Assassin’s Creed. Son style d’écriture, à la fois informel et détaillé, permet aux lecteurs de se plonger facilement dans les coulisses du développement des jeux. Il adopte une approche narrative qui met en lumière les aspects techniques et créatifs sans alourdir le texte, rendant la lecture agréable et fluide. Avec une capacité à synthétiser des informations complexes et à les rendre accessibles, son écriture s’adresse aussi bien aux connaisseurs qu’aux novices, tout en évitant les clichés et les superlatifs.
L’objet : L’illustration et la couverture
La couverture du livre Les Secrets d’Assassin’s Creed : De 2014 à 2023 : Révolutions arbore une nouvelle fois le design épuré et élégant du premier livre, dans lequel chaque élément semble à nouveau soigneusement pensé pour évoquer l’univers de la franchise par Marion Millier. Au centre, un motif représentant un aigle stylisé domine, associé à des éléments de mécanique et de symboles familiers aux fans de la série. L’aigle est toujours le choix significatif qui symbolise l’esprit de liberté et de vigilance du credo des Assassins. En bas du motif central, le logo emblématique est discrètement intégré, rappelant les racines du jeu sans dominer la composition.
Le choix des couleurs est dominé cette fois par un bleu profond, rappelant les teintes nocturnes et mystérieuses de nombreux décors d’Assassin’s Creed. Ce bleu foncé symbolise le secret et le mystère, des thèmes omniprésents dans la série.
Marion Millier est toujours l’illustratrice derrière cette couverture. Elle se distingue par son style graphique précis et sa capacité à capturer l’essence d’une franchise à travers des éléments subtils et symboliques. Son travail sur cette couverture montre une compréhension fine des codes visuels d’Assassin’s Creed, intégrant des détails mécaniques et artistiques qui évoquent l’histoire et la modernité, tout en respectant la sobriété nécessaire à un ouvrage analytique. Marion Millier est connue pour son talent à utiliser des palettes de couleurs restreintes mais percutantes, créant une atmosphère immersive qui attire l’œil sans être surchargée.
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