Ca fait un moment que nous n’avons pas parlé d’autre chose que de livre et la sortie du manga de Junji Takehara m’en donne une jolie opportunité. On sort un peu des blockbusters du manga pour s’attaquer ici à un récit médiéval qui se déroule en France, et qui n’est pas de la Fantasy ! C’est assez rare pour réveiller mon attention dans le domaine, qui s’était éteind depuis un moment?
C’est dans la Bretagne du XIIIème siècle que se déroule l’histoire, une période marquée par un conflit bien connu et la révolte de Jean sans Terre qui espère spoilier Richard Coeur de Lion. Un conflit de fond qui, vous vous en doutez en plein conflit entre Capétiens et Plantagenêts, concerne des alliances et des mariages arrangés pour s’assurer la fidélité des différentes puissances à l’intérieur du pays. Entre jeux politiques et conflits religieux, on ne s’ennuyait pas ! Mes cours d’histoire étant assez éloigné, je ne m’étendrais pas plus sur le sujet, mais il est passionnant !
Une toile de fond épaisse qui aura dû occuper l’auteur pendant de nombreuses heures de recherche et de collecte de documentation. Au final, on obtient un manga romantique et d’aventure historique qui fera de ses protagonistes des témoins et parfois des acteurs des conflits de l’époque. Une documentation qui serira aussi beaucoup le graphisme puisqu’on est très loin des représentations japonaises des guerrières, l’auteur préférant s’inspirer de vraies armures médiévales pour son personnage féminin.
Au niveau de l’histoire, on y suit Thomas, héraut de messire Raoul de Dinan, qui approche des 70 ans bien tassé. Héroïque, volontaire, mais trahi par son âge et inquiet pour l’avenir du dûché de Bretagne, envoie Thomas en quête d’une épouse pour le duc de Bretagne, à peine né. Le jeune Héraut part alors à la recherche d’un vieil ami de son Maître nommé André le Bleau, dont la fille vient d’avoir 15 ans. Mais en lieu et place d’un homme âgé et usé par le temps et de sa fille, Thomas découvre un André le Bleau jeune, excellent guerrier mais au tempérament glacial qui n’a qu’un seul but : assassiner le Duc.
On reste dans un manga, l’ambiance sérieuse laisse souvent la place à un peu d’humour, et le contraste entre le loyal et un peu naïf Thomas et le très distant André fonctionne très bien. Le contexte et la présence des personnages historiques (comme Alix de Thouars) n’est jamais un frein à la compréhension. On devine dans ce premier tome que l’on part dans un jeu de piste mettant en scène autant le contexte historique de la Bretagne que les motivations très éloignées des deux protagonistes. On garde des tropes connus, comme « la jeune fille à qui le héros aura fait une promesse dans son enfance » (aller à Tôdai ?) ou des quiproquos liés à la nature d’André (qui, vous l’aurez compris, est plutôt Andrée)
Le trait est fin, et détaillé, et les scènes d’action très lisibles. J’apprécie le fait que tout reste assez réaliste, mais avec un tout petit peu d’humour décalé, ce qui évite d’avoir un récit de vengeance sombre comme on aurait pu le penser au départ. On y apprend de plus des coutumes de l’époque, qui m’étaient inconnues malgré mon intérêt pour les livres et les séries se situant à la même période (comme le rouleau des morts).
L’arrivée d’un troisième personnage dans cette petite équipe disfonctionnelle en fin de volume, ainsi que les révélations apportées donne vraiment envie de découvrir la suite en juillet prochain. Ca me rapelle que je déteste attendre des mois la suite d’une histoire, mais ici, ça sera avec un réel intérêt.
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