Quelques mois après le puissant Mad Max: Fury Road dirigé par George Miller, la franchise vidéoludique Mad Max est confiée par Warner Bros à Avalanche Studios. Les Suédois, responsables de la série Just Cause et d’un oubliable Renegade Ops, peuvent-ils conquérir le cœur ensablé des adeptes de Max tout en déchaînant leur savoir-faire en matière de monde ouvert ?

Mad Max est un jeu d’action/aventure à la troisième personne comme cela se fait beaucoup de nos jours, et se déroule dans le monde post-apocalyptique de la saga Mad Max, puisque les emprunts à la trilogie comme au reboot de 2015 sont légion. On y incarne Max, un survivant qui tente de fuir coûte que coûte son ancien monde dévasté. Au volant de sa fidèle Interceptor, Max veut trouver la paix en rejoignant les Plaines du Silence, un endroit qui, si son nom paraît plutôt avenant, devrait se révéler au moins aussi avare en ressources que ne l’est déjà le monde de notre héros. Mais passons, car Max se fait intercepter (un comble, tout de même) par les hordes de Scrotus, le despote sanguinaire régnant sur ces contrées désertiques, qui lui dérobent sa voiture. Hors les voitures, dans l’univers de Mad Max, c’est ce qui permet d’avoir un semblant d’espoir de survie. Fort heureusement, Max tombe rapidement sur un vagabond difforme et brailleur qui lui prête un châssis rouillé, destiné à devenir la Magnum Opus, la machine de combat ultime (et le moyen de locomotion idéal pour filer vers les Plaines du Silence, soit-dit en passant).

Un paragraphe, c’est déjà beaucoup pour évoquer le scénario du jeu Mad Max. Fade, linéaire et téléphonée, cette quête-prétexte à l’exploration est rébarbative au possible. Passage obligé pour qui espère améliorer son bolide, elle cristallise tout ce qui est de plus horripilant dans les scénarios loupés de mondes ouverts. Tandis qu’Avalanche Studios avait su s’affranchir du sérieux et de la hauteur pris parfois par Grand Theft Auto (pour ne citer qu’eux) dans Just Cause, voilà que le studio trébuche en essayant de livrer une histoire sombre et tragique.Un faux-pas accentué par la pauvreté d’écriture des personnages, à commencer par Max lui-même, coquille vide indifférente qui provoque vite un sentiment mêlé d’ennui et d’agacement.

Mad Max
Lors des tempêtes de sable, il faut se mettre à l’abri et celle-ci disparaît… instantanément.

La structure même de la progression du joueur est calquée sans saveur sur les pires errements d’Ubisoft. Camps à libérer, cachettes disséminées aux quatre coins de la carte recelant de maigres récompenses, secteurs à dévoiler en prenant de la hauteur, tout y passe. Un aveu de fainéantise inexcusable de la part d’un studio qui signera quelques mois plus tard un Just Cause 3 joyeusement foutraque et acclamé par les joueurs comme la critique. Et si seulement Avalanche Studios s’était contenté de copier des systèmes dont la qualité n’est plus à prouver, passe encore, mais ce sont précisément ces mécaniques qui pêchent.

Côté combat, le titre emprunte à Assassin’s Creed et la série des Batman Arkham, comme Middle-Earth: Shadow of Mordor avant lui. Les combos puissants couplés aux esquives sous forme de QTE viennent pourrir les phases de corps-à-corps, tirées de surcroît vers le bas par une utilisation contre-intuitive du fusil à pompe. Un clic de trop sur le bouton du coup de poing et l’animation du personnage deviendra insécable, menant irrévocablement celui-ci à se prendre une mandale pourtant annoncée depuis un bon bout de temps.

Les phases d’exploration, redondantes, sont jalonnées par la libération de différents fortins, parfois habités d’un Caïd, un mini-boss. Il faut souligner l’insipidité abyssale du level design de ces camps ennemis, faussement labyrinthiques. On peine à s’y retrouver, à dénicher les passages et les autres issues,  quand il ne faut pas tout bonnement faire un détour laborieux pour revenir à l’endroit qui nous intéresse. Et, quand au bout du chemin, on tombe nez-à-nez avec l’un des boss, on constate amèrement que ceux-ci possèdent tous exactement le même pattern. Sensation abominable que de se fader des boucles de gameplay loupées et paresseuses comme jamais.

Pourtant.

Mad Max
Admirez ce ciel !

Pourtant, Mad Max rachèterait presque tous les gargantuesques défauts susnommés avec ses phases en voiture. Le travail et le soin apportés aux différents véhicules, Magnum Opus en tête, et les nombreuses possibilités de personnalisation éveillent d’emblée l’intérêt. Il suffit ensuite d’appuyer sur l’accélérateur pour entendre ronfler grassement le huit cylindres en V. Une fois la nitro activée, c’est un son tonitruant d’explosion accompagné d’effets de flammes sublimes qui viennent captiver l’œil hébété du joueur. La conduite est intuitive et en combat contre d’autres véhicules, la Magnum Opus se pilote comme un personnage à pied. Une manière intelligente de donner au joueur une véritable sensation de puissance, grâce notamment aux brefs ralentis lorsque l’on vise un ennemi.

Ces affrontement motorisés, bruyants, nerveux et spectaculaires sont véritablement le point d’orgue de Mad Max. Attaquer un convoi filant à tombeau ouvert à travers le désert, arracher les bâtiments ennemis grâce à son harpon ou simplement rouler à toute berzingue sur une autoroute en ruines, la conduite dans Mad Max atteint sans sourciller la dimension épique d’un Fury Road. Porté par une direction artistique qui pioche elle aussi allègrement dans la mythologie de la saga, le jeu se pare d’atours visuels à couper le souffle, à commencer par sa -très justement- appréciée skybox. Doublée d’un mode photo dont on peine à comprendre l’absence dans le reste des titres de cet acabit, elle vient donner à Mad Max le soupçon d’intérêt qui lui manquait, sans compter que c’est probablement le titre PC le mieux optimisé de ces dernières années.

Difficile de se prononcer définitivement sur le Mad Max d’Avalanche Studios. Gangrené par des systèmes éculés que le studio n’arrive même pas à singer correctement, il demande au joueur beaucoup de patience. Il faudra compter une trentaine d’heures pour être serein à tous les niveaux et pouvoir se balader tranquille au volant de la Magnum Opus en appréciant le paysage et un repos bien mérité. Sublime, jouissif une fois derrière le volant mais atrocement répétitif et exaspérant à pied comme dans son scénario, Mad Max reste une déception au vu du talent de ses créateurs et peinera à convaincre même les fans les plus indulgents tant l’intérêt retombe vite une fois mis un pied à terre.

Les plus 

  • Les affrontements en voiture, jouissifs
  • Les effets spéciaux  bluffants
  • Le mode photo (et la skybox)
  • Des décors variés et magnifiques
  • Très bien optimisé sur PC

Beuargh!

  • Level design terriblement frustrant
  • Scénario totalement dénué d’intérêt
  • Le personnage de Max, écrit avec les pieds et ennuyeux
  • Répétitif
  • Progression laborieuse
  • Patterns de boss tous identiques
  • Combats mal fichus
  • Bande originale largement en retrait face à celle du film

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Petit Ange Parti Trop Tôt

Parfois, un Pixel s'éteint et vogue vers d'autres horizons. Mais ce n'est pas parce qu'il ne fait plus partie de notre grand barbecue que ce qu'il a écrit disparaît !

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