Le jeu vidéo se veut, avant tout, un art visuel où la couleur tient une place importante. Pourtant , comme son grand frère le cinéma, le jeu vidéo a eu des débuts  plutôt humbles, lorsque la couleur n’était encore qu’une douce chimère. Aujourd’hui, quelle place tient la couleur dans le jeu vidéo ?

Avant d’aller plus loin, il semble toutefois nécessaire de définir ce qu’est la couleur.  Plutôt que de s’improviser scientifique, nous allons plutôt laisser la parole à des rois de « l’explicationnage », des experts de la vulgarisation scientifique en camion-remorque, je veux évidemment parler de Fred et Jamy !

https://www.youtube.com/watch?v=fDg3ubBUK-w

Si vous avez eu la flemme de regarder cette courte vidéo, la couleur peut se définir comme « la perception visuelle de la répartition spectrale de la lumière visible ». L’œil humain, doté de 3 photorécepteurs, arrive à distinguer un large champ du spectre lumineux (équivalent aux couleurs de l’arc-en-ciel). A titre de comparaison, un chien ne possède que 2 photorécepteurs dans chaque œil  tandis qu’une crevette-mante en possède 12, lui permettant notamment de voir les ultra-violets et la lumière polarisée. Et pourtant, la crevette-mante ne distingue pas les couleurs aussi bien que l’œil humain. Mais ça c’est une autre histoire.

cellophane  coloré téléRevenons en plutôt au jeu vidéo. On le disait en début d’article,  notre hobby favori a commencé, comme le cinéma, par le noir et blanc. Pong, Space Invaders, autant de titres fondateurs qui ont vu le jour sans autres couleurs que le blanc immaculé et le noir profond. La faute, évidemment, à des contraintes techniques liées à leur époque. Pour pallier à ce souci, on avait parfois recours à des films en cellophane coloré, que l’on collait sur la télévision pour simuler la couleur, un système similaire à celui des débuts de la télévision  dans les foyers.

Pourtant dès 1973, avec Wimbledon, la couleur s’invite sur les bornes d’arcade. Des débuts timides (un court vert et 2 raquettes de couleurs différentes) mais bien réels. Il faudra néanmoins attendre 1979 pour voir apparaître le premier jeu utilisant des sprites multicolores : Galaxian du japonais Namco. Une prouesse rendue possible grâce au système RVB (pour Rouge Vert  Bleu), un système de codage des couleurs.

A partir de ce moment, le nombre de couleurs affichables par les consoles iront en augmentant. A noter toutefois qu’il faut faire la différence entre le nombre de couleurs disponibles et affichables.

Galaxian Namco

Par exemple, l’Atari 5200 disposait d’une palette de 256 couleurs mais ne pouvait en afficher que 16 en même temps sur l’écran. A l’inverse, la Master System de Sega ne possédait qu’une  palette de 64 couleurs mais était capable d’en afficher 32 en même temps.

Pour les consoles portables, les couleurs allaient de pair avec la consommation d’énergie. Tout le monde se rappelle de l’Atari Lynx ou de la Game Gear de Sega, consoles portables en couleurs qui flattaient nos  mirettes mais les remplissaient également de larmes au vu de la consommation de piles nécessaires. Ces consoles, trop gourmandes en énergie, annulèrent de facto leur statut de portables. Il faudra attendra la  Gameboy Color de Nintendo pour trouver ce fameux compromis entre autonomie et couleurs chatoyantes.

Consoles portables

Mais on parle depuis le début de l’aspect « esthétique » de la couleur, ce serait oublier que cette dernière  est bien plus que ça. Car la couleur se veut décoration mais aussi information.

Comme le son et la forme, la couleur ne sert pas qu’à décorer nos écrans et à nous en foutre plein la vue, elle nous transmet également des informations sur le jeu et sur ce qu’il s’y passe. Un exemple tout bête :

Couleurs et informations

Alors, amis ou ennemis ? En noir et blanc, difficile de le dire mais dès qu’on y ajoute la couleur, l’information se fait jour. Les codes couleurs ont longtemps aidé les joueurs lors de leurs aventures dans les jeux plus « old school ». Il est communément admis qu’un bonus sera plutôt vert ou bleu alors qu’un malus tendra plutôt vers le rouge ou le noir.

Le changement ou l’alternance de couleurs peut aussi donner uneBoss Castlevania information au joueur : un boss qui change de couleur peut indiquer qu’on a touché son point faible ou qu’il passe en mode « enragé »,  le viseur de votre arme dans les FPS, passant du blanc au rouge lorsque vous êtes sur votre cible, etc.

La palette de couleur joue également sur le ressenti du joueur et modèlera sa façon de percevoir ce qui l’entoure ingame. Un jeu comme Limbo utilise presque exclusivement une palette composée de gris, accentuant cette atmosphère mystérieuse et inquiétante qui suivra le joueur tout au long de l’aventure.

Cet  assemblage de couleurs,  qui donnera vie aux personnages et au monde virtuel qui les entoure, se révèle un équilibre ténu et dont le maintien  incombe aux  game-designers et graphistes. Profitons de l’occasion pour vous recommander un article publié par Valve sur la création des personnages de Dota 2 qui illustre cette difficulté.

Car il faut veiller à ne pas trop en faire dans un sens comme dans l’autre. Nous sommes les premiers à pester contre la tendance des couleurs ternes qui sévit depuis quelques années sur les jeux triples A. Dans une tentative de rendre les titres soi-disant plus matures, les développeurs abusent des couleurs sombres. Un titre comme Sunset Overdrive ou le futur Splatoon font figures de bouffées d’air frais dans le paysage vidéoludique mais attention toutefois à ne pas trop en faire, car l’abus de couleurs peut aussi jouer en défaveur de la lisibilité de l’action.

Gears of War Sunset Overdrive

Car au final, un titre en noir et blanc ou un jeu rempli de couleurs chatoyantes peuvent tous deux se révéler graphiquement intéressants. Et on peut très bien afficher des millions de couleurs et pondre un rendu dégueulasse comme on peut se contenter d’une palette réduite et donner vie à un chef-d’œuvre graphique. Comme pour la peinture, tout ne tient qu’à la maîtrise du ou des artiste(s) que nous saluons au travers de ce petit article.

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Petit Ange Parti Trop Tôt

Parfois, un Pixel s'éteint et vogue vers d'autres horizons. Mais ce n'est pas parce qu'il ne fait plus partie de notre grand barbecue que ce qu'il a écrit disparaît !

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